L’avocat de Kassory révèle : « les 46 millions de dollars de la MAMRI n’ont jamais été décaissés… »
CONAKRY- Le collectif des avocats de l’ancien Premier ministre guinéen, Dr Ibrahima Kassory Fofana, a déposé un référé devant la chambre spéciale de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Cette démarche vise à obtenir l’autorisation pour l’ex chef du Gouvernement de se rendre à l’étranger afin de recevoir des soins médicaux jugés indispensables par ses avocats.
Dans cette interview accordée à Africaguinee.com, maître Sidiki Bérété, membre du collectif, a souligné l’urgence de la situation, affirmant que la vie de son client est en danger. Selon lui, Dr Kassory Fofana, -poursuivi pour détournement présumé de deniers publics, enrichissement illicite, corruption, blanchiment de capitaux-, actuellement hospitalisé à la clinique Pasteur, ne serait pas en mesure de faire face à un procès en raison de son état de santé critique. L’avocat prévient que l’absence de soins adéquats pourrait avoir des conséquences graves pour la santé de son client. Il revient également sur les derniers développements enregistrés dans les dossiers du Dr Mohamed Diané et Amadou Damaro Camara. Me Bérété dénonce un procès politique et clame l’innocence de son client.
AFRICAGUINEE.COM : Vous avez annoncé avoir déposé un déféré au nom de votre client Dr Ibrahima Kassory Fofana. Pourquoi ?
MAÎTRE SIDIKI BÉRÉTÉ : On a provoqué ce référé sur le fondement de l’article préliminaire du code de procédure pénale en son point 13 qui dit : ‘’tout citoyen en détention peut saisir le président de la juridiction pour discuter les conditions de sa détention au cas échéant sa mise en liberté’’. Dr Kasssory a déjà bénéficié de la liberté devant la CRIEF assorti d’un cautionnement de 3 milliards gnf. On a refusé de le libérer. Ensuite, il a bénéficié de la décision internationale de la CEDEAO. On n’a refusé de l’exécuter. Donc, comme actuellement, il est gravement malade alité depuis deux ans à la clinique Pasteur, nous avons engagé cette action pour obtenir une autorisation de son évacuation. Maintenir son état sans l’intervention devant un centre de santé approprié, avec des équipements adéquats, on va le perdre.
Il y a sept (7) rapports médicaux. Et c’est la CRIEF elle-même qui a saisi la clinique Pasteur pour le déposer là-bas par le procureur spécial. On a déposé la copie des 7 rapports constitutifs de son état de santé. Nous demandons qu’il soit évacué avant qu’il soit tard. C’est pourquoi on a provoqué ce référé. L’affaire est mise en délibéré pour l’audience du 12 novembre. Nous souhaitons qu’on puisse lui accorder cette évacuation, surtout que Oyé Guilavogui est sorti, il est sous soins intensifs en Tunisie, Michel Kamano aussi est sorti. Nous voudrions qu’il se soigne aussi. Le droit à la santé est un droit humanitaire.
Selon le procureur l’État a dépensé près d’un milliard Gnf que votre client a été évacué à la clinique Pasteur. Que répondez-vous ?
Quelqu’un qui est déjà à la clinique, déposé à la suite d’une crise parce qu’il a un problème de colon, c’est le procureur lui-même qui l’a déposé à la clinique, là où il a déposé, c’est de le maintenir en état, pour ne pas qu’il trépasse. Si lui dit qu’il a dépensé, alors qu’il le laisse se soigner. Mais si vous refusez le soin là où il est, si vous le retournez à la maison centrale, il va mourir. Là où il est, c’est pour le maintenir dans l’état de circonstance. Alors si vous payez la facture dans ça par votre turpitude, parce que s’il se soignait, nous on n’a pas besoin de gratuité de l’État, on peut se soigner.
Et avec tout ça là, le Fonds de la MAMRI (Mission d’Appui à la Mobilisation des Ressources Intérieures) qu’on lui reprochait, actuellement l’État est en train de faire une campagne pour relancer le projet MAMRI. Cela veut dire tout simplement que les 46 millions de dollars de la MAMRI, l’argent n’a jamais été décaissé. L’État veut avoir le même fonds à l’heure-là pour pouvoir le relancer. C’est même gênant de le relancer à partir du moment où on nous a poursuivi.
Et l’ordonnance de renvoi parle de 15 milliards désormais. Les 15 milliards là aussi, c’est le fonds ANIES (Agence Nationale de l’Inclusion Économique et Sociale) qui avait un gestionnaire. Donc, c’est un peu ridicule. Et lui aussi, il n’a même pas utilisé plus de 3 milliards dans le fonds ANIES. Le reste est à la Banque Centrale. C’est comme le cas de Damaro, il avait été dit qu’il y avait 6 milliards là-bas que l’actuel CNT avait déjà usé, l’argent qu’on poursuit est déjà usé à la banque centrale. Donc, c’est loin d’une détention par rapport à une infraction, c’est purement politique pour les étouffer. Mais on ne va pas les laisser mourir quand même à cause des calculs purement politiques.
Qu’en est-il du cas du Dr Mohamed Diané?
Pour nous, quelqu’un qui a déjà obtenu une liberté qui n’a pas été exécutée, même si la CRIEF ordonne la relaxe, il ne va pas être libéré. Tous les juges qui ont dit le droit à la CRIEF ont été mutés ou ont été suspendus alors, vous allez venir devant un juge tout en sachant qu’il va vous condamner, vous avez quelle force morale pour plaider ? Mais, à partir du moment où l’histoire retiendra que sans ouverture des débats, sans débats au fond, sans procès équitable dans un délai raisonnable, que la CRIEF a appelé un citoyen et l’a condamné pour faire plaisir à une transition.
On va aller prêter le flanc ? On va valider l’illégalité ? C’est tout sauf un procès juste et équitable. C’est pourquoi on ne va pas prêter le flanc. Et cela se dessine comme la même chose pour Kassory. D’ailleurs, lui, il ne peut pas tenir, il ne va pas venir avec au moins l’appareil moniteur à la barre parce que quand la fréquence cardiaque atteint 100 si on n’arrête pas on va le perdre.
Quelle sera la prochaine étape ?
On ne fait pas le commando à la justice. On la laisse décider, après sa décision on va exercer des recours si on n’est pas satisfait. De toutes les façons on demande qu’il se soigne d’abord. Nous ne parlons même pas de procès, on veut qu’on lui sauve la vie. La vie du Dr Kassory est en danger. Il a besoin de se soigner sinon il va mourir.
Interview réalisée par Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 666 134 023
Créé le 4 novembre 2024 11:00Nous vous proposons aussi
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