Labé : Le jardin botanique de Tairé menacé de disparition…
LABE-Autrefois, c'était l'un des endroits les plus attractifs de la commune urbaine de Labé : le jardin botanique de Tairé qui attirait la convoitise des touristes n'est plus que l'ombre de lui-même. Depuis le décès de son gestionnaire Alpha Tairé en 2019, ce complexe écologique fait l’objet de destruction et de pillage. Il est plus que jamais menacé de disparition.
Situé au quartier Konkola dans la commune urbaine de Labé, ce jardin s’étend sur quatre hectares dans un sous-bois riche et varié. Il contient des plantes ornementales, des fruitiers sauvages et domestiques, médicinales, des légumes. On y trouve aussi des plantes rares telles que : l'Artemisia, les Fraises, les Raisins, le Haricot pluriannuel, des Orchidées, des Caféiers. Ce complexe environnemental a perdu de sa superbe, abandonné à lui-même sans entretien. Le climat calme et humide cède la place au laisser aller.
Jadis, ce jardin ressemblait à un lieu de pèlerinage, notamment à la veille des examens. Le calme olympien qui y règne, fait que de nombreux élèves s'y rendaient pour leur séance de révision. Le défunt gestionnaire, doté d'une capacité d'accueil extraordinaire avait réussi à faire de son jardin, un lieu où on apprend le savoir. Lui-même se faisait le plaisir de partager ses riches connaissances de la botanique aux visiteurs de son jardin. Ça c'était avant. Cette organisation n'est plus qu'un triste souvenir. Hélas.
« C’est devenu une route, il n’y a aucun gestionnaire. Il y a même des gens qui abattent les arbres là-bas. C’est devenu presque un nid de bandits, il y a les parieurs, certains jeunes y jouent au foot. C’est devenu un lieu de débauche. Ces derniers jours, par coïncidence, j’ai croisé deux français venus voir le propriétaire. Ne le trouvant pas sur place, ils l’ont appelé c’est sa femme qui avait répondu. Ils sont venus ensemble pour voir, j’étais là présent, j’ai même demandé s’ils étaient venus sauver le jardin, mais ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas les capacités, ni les moyens”, témoigne Alpha Ibrahima Gassama Diallo, riverain.
Tahirou Bela Baldé se souvient que dans sa jeunesse ce jardin est un des lieux les plus attractifs de la commune de Labé. « Quand j’étais toute petite, on partait là-bas presque tous les jours pour jouer, on courait dans tout le jardin. Parfois, si monsieur Alpha était disponible, il nous montrait les différentes plantes, il nous faisait goûter à beaucoup de fruits. Je me rappelle que c’est là-bas que j’ai goûté pour la première fois une fraise », se souvient-elle.
Face à cette situation préoccupante, certaines bonnes volontés commencent à naître. Elhadj Amadou Balde s’engage à préserver cet endroit avant qu’il ne soit trop tard. «Labé n’a pas vraiment assez de lieux touristiques, je veux vraiment être une personne qui va venir apporter son aide, son grain de sel et encore chercher des partenaires pour que cet endroit puisse émerger et accueillir des personnes», ambitionne ce volontaire.
Rouguiatou Sow est la veuve de koto Alpha, le premier gestionnaire du jardin éponyme. Sans assistance depuis la mort de mari, elle accepte de témoigner, les larmes aux yeux, les difficultés auxquelles, elle est confrontée.
“Les riverains viennent déverser les ordures n’importe comment, les animaux entrent parce que la clôture que j’avais reconstruite avait été brûlée. Ils sont venus voler les objets. Les tôles qui étaient là, ils ont tout pris. Il y en a d'autres qui viennent encore prendre du bois. J’ai vu l’autorité, le commissaire central, il m’a beaucoup aidé aussi parce que depuis qu’il a laissé ces agents pour venir entretenir ici, je ne vois plus les jeunes qui venaient fumer ou envoyer des filles ici. Mon mari aimait beaucoup ce jardin. Il se demandait toujours qui, après lui, allait s’occuper du jardin.
Je n’ai eu personne pour m’assister, je suis là avec les enfants, eux ils ne peuvent rien. Ceux qui veulent m’aider peuvent passer pour qu’on échange et voir ce qu’on peut faire pour préserver ce jardin. Parce que même après Alpha, le jardin doit toujours continuer», interpelle Mme Baldé.
Chef section préfectorale des eaux et forêts de Labé, Diao Diallo loue les efforts de Feu Alpha jardin pour la préservation de la nature et lance un appel.
« Voilà un monsieur qui s’est consacré à la préservation de la nature, il élevait des plants, nous-mêmes, on passait le voir, il nous enseignait, il nous apportait beaucoup de choses. Si ce monsieur est décédé aujourd’hui, c’est une perte pour le pays, une perte pour la famille environnementale. Maintenant par rapport à ses œuvres, il serait idéal à ce qu’il y’ait un successeur pourvu que ce bijou ne se perd pas. Je demande à toutes les personnes de bonne volonté d’apporter leur contribution afin que les œuvres de feu Alpha soient pérennisées dans la préfecture de Labé.
Ce qui m'a poussé à aller dans ce jardin c’est que c’est un mélange hétérogène, on voit toutes les espèces des plantes dans ce jardin. Quand tu vas là-bas, tu n’as pas besoin d’aller en brousse pour dire que je veux voir telle ou telle autre espèce. Même les étudiants, ou les professeurs pouvaient prendre ça à deux mains pour que nos enfants soient enseignés à travers ce jardin, parce qu'on trouve des essences très rares au niveau de ce jardin que nos enfants ne connaissent pas », indique l’environnementaliste.
Depuis Labé, Thierno Oumar Tounkara
Pour Africaguinee.com
Créé le 27 avril 2021 12:09Nous vous proposons aussi
Labé : le corps en décomposition de Mamadou Hawa Baldé retrouvé environ 2 mois après sa disparition…
TAGS
étiquettes: Echos de nos régions, Environnement, Labé