La route N’Zérékoré-Diécké coupée : Bienvenu dans l’abîme de la forêt 43…
N’ZERÉKORE/DIECKE-Les usagers de la route Nzérékoré-Diécké sont excédés à cause de l’état exécrable du tronçon reliant les deux localités. Cette route assez pratiquée n’est plus qu’un abîme pour les usagers et riverains. Elle est coupée depuis presque trois mois, accentuant la souffrance des populations de Diécké, ville industrielle située à la frontière guinéo-libérienne.
Au-delà de la boue qui envahit la route, un pont a cédé aux fins fonds de la forêt 43. Seuls les piétons et les conducteurs de moto, les plus téméraires osent passer par cette voie. Conséquence directe de la coupure de cette route vitale, la vie est devenue de plus en plus chère à Diécké, cité industrielle de la SOGUIPAH. Reportage.
“Vous voyez l’état de la route, tu dépenses ton argent…puis tu finis par pleurer. Pendant la saison des pluies, par jour, plus de 10 motos pouvaient avoir leurs disques grillés sur cette route. En ce moment, on se suivait en voyageant, histoire de nous entraider. Tu pouvais sortir le matin mais tu ne pouvais arriver à destination que le soir pourtant le tronçon n’est distant que de 60 kilomètres”, se lamente un conducteur de mototaxi qui transportait de l’arachide et de l’oignon.
“La route est coupée, il n’y a pas de mangé. Les citoyens souffrent. Si ce n’est pas au Libéria, on ne gagne pas à manger. Même le carburant c’est là-bas qu’on se débrouille pour en avoir. Tout est bloqué, les véhicules ne passent pas sauf la moto. Pour le moment, la circulation est coupée. Le monde souffre. L’État n’a qu’à tout faire pour bitumer cette route”, s’offusque Cé Périn Maomy.
A cause de cette situation, les prix des denrées alimentaires et d’autres produits ont doublé à Diécké. Le sac de 25 kg de riz seulement serait vendu à 250.000gnf, nous confient des citoyens que nous avons interrogés dans la forêt.
‘’Avant, Nzérékoré-Diécké c’était une heure de voyage. Mais maintenant c’est le contraire. Ce n’est pas facile de voyager par la route actuellement puisque les gens marchent presque à pied. Cela a commencé depuis le mois de juin. Cela arrive chaque année mais pour cette année, c’est pire. Le sac de 25 kg de riz est vendu jusqu’à 250.000gnf parce qu’il n’y a pas de route” déplore Yambici Mamy.
A l’aller comme au retour de Diécké, notre reporter a été impressionné par la présence d’un jeune assis dans la forêt auprès d’un camion chargé de ciment avec une marmite à côté. Il s’agit de Mohamed Laye Cissé, apprenti-chauffeur. Ce jeune a passé déjà deux mois seul nuit et jour dans cette forêt pour rester à côté du camion immobilisé. Le véhicule n’est pas en panne, mais la route ne permet pas ni d’avancer ni de retourner. Donc il faut attendre là jusqu’à ce que la route soit débloquée, soutient le jeune homme.
“Je suis là seul depuis deux mois. Pour trouver à manger je travaille parfois sur la route quand j’arrange, les petits montants que les usagers me donnent en passant, c’est ce que je cumule pour donner à quelqu’un qui part en ville, m’acheter du riz et m’envoyer. C’est ce que je prépare pour me nourrir ici. Le camion est chargé de ciment pour la SOGUIPAH mais la route est complètement coupée. Il n’y a aucune alternative, c’est pourquoi je suis là”, témoigne Mohamed Laye Cissé.
Durant le parcours, on a constaté la présence de plusieurs véhicules stationnés tout au long de la traversée. Ils sont presque abandonnés dans la grande forêt vaste de 43 kilomètres comme l’indique son nom.
De retour de Diécké,
SAKOUVOGUI Paul Foromo
Correspondant Régional d’Africaguinee.com
En Guinée forestière.
Tél. (00224) 628 80 17 43
Créé le 9 novembre 2024 14:30Nous vous proposons aussi
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