La réplique de Mory Doumbouya : « Pensez au moins aux agents tombés… »

Maitre Mory Doumbouya, garde des Sceaux

CONAKRY-Alors que le collectif des avocats des opposants emprisonnés dénonce une violation de la procédure engagée contre leurs clients, le ministre de la justice vient de réagir. Le garde sceaux a démenti ce jeudi la thèse selon laquelle, les droits des personnes poursuivies sont violés.  Mory Doumbouya met au défi la défense de pouvoir apporter « une preuve irréfutable » sur une quelconque violation des droits des détenus.

Poursuivis pour « troubles à l’ordre public, incitation à la violence, détention et fabrication d’armes légères, association de malfaiteurs», les cadres de l’Ufdg Cherif Bah, Ousmane Gaoual Diallo, Cellou Baldé et Abdoulaye Bah ainsi que Etienne Soropogui du mouvement Nos valeurs communes (NVC), tous membres de l’Alliance pour l’alternance et la démocratie (Anad) qui soutient Cellou Dalein Diallo, ont tous été inculpés et placés en détention à la Maison centrale de Coronthie.  Leurs avocats dénoncent une violation manifeste de la procédure et du droit de leurs clients à la présomption d’innocence.

« Les procédures irrégulières quand elles le sont, sont contestées régulièrement devant les juridictions compétentes. Puisque les interpellations qui sont faites en violation des droits de la personne poursuivie peuvent être contestées à tout moment sous forme d'exception devant le juge saisi de la procédure. J'ai la ferme conviction que les juges, dans les procédures qui sont engagées et suivies régulièrement, tiennent au respect des personnes poursuivies», a déclaré le ministre de la justice au cours d’une conférence ce jeudi 19 novembre 2020.  

Maitre Mory Doumbouya met au défi les avocats des prévenus d'apporter les preuves de leurs accusations.  «Personne ne viendrait ici avec une preuve irréfutable dire qu'on lui a refusé de rencontrer une personne en conflit avec la loi, étant donné que les autorités guinéennes savent que le droit de visite est reconnu par la loi aux personnes en conflit avec la loi (et) accordent. Elles accordent une attention particulière aux conditions de vie des détenus qui sont en contact permanent avec les avocats chargés d'assurer leur défense», a-t-il martelé. 

 Le Garde des Sceaux a regretté que quelque fois, des réactions négatives interviennent lorsque les magistrats procèdent à des mesures privatives des libertés. "Je comprends par nature qu’on aime être libre, mais personne ne ferait valablement de reproche à un magistrat d’avoir décerné un titre de détention contre une personne en conflit avec la loi. Ce travail fait partie des prérogatives souveraines du magistrat qu’il soit du parquet ou du siège selon les procédures suivies. Quand des mesures privatives interviennent, le cadre législatif et réglementaire aménage des mécanismes de saisine soit du même juge ou des juridictions supérieures pour obtenir d’autres mesures. Mais voilà toutes les fois qu’un citoyen est placé en détention, les réactions fusent de partout pour dire ‘‘non, la justice est aux ordres et instrumentalisée", a déploré le garde des sceaux.

Selon lui, le système judiciaire guinéen répond aux normes du débat démocratique et d’état de droit. «Je vois mal un plaideur quelconque se satisfaire de son cas personnel et occulter et ne pas se soucier des droits de la partie adverse. Quand vous vous préoccupez d’une mesure de remise en liberté, pensez un tout petit peu à la victime tombée sous les balles ou assassinée atrocement dans les locomotives d’un train. Pensez au moins aux policiers tombés dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre sans arme létale. C’est cela, au moins, à notre avis le raisonnement d’un justiciable avisé», a-t-il laissé entendre faisant référence aux dénonciations des avocats.   

Contrairement aux dires des avocats des opposants détenus, Mory Doumbouya a rassuré que la justice guinéenne n’a d’actions orientées contre personne à priori.

"Nous n’avons arrêté personne pour s’être rendu à une cérémonie de mariage ou à une conférence de presse. Je le dis solennellement que quiconque se mettrait en contradiction avec les lois de la République dans ce pays, nous, les cours et tribunaux ferons en sorte que l’individu réponde de ses agissements. Bien entendu, aucune poursuite fondée sur une présomption de culpabilité ne sera engagée contre qui que ce soit. Nous respecterons la présomption d’innocence. Le président de la République l’a dit, même les forces de sécurité, les membres du gouvernement ne sont pas épargnés. Personne n’est épargné parce que la loi s’applique à tout le monde (…).  

En réalité, nous avons un système judiciaire qui ne réagit que sur la base des saisines qui sont faite. Sinon, nous sommes un des rares pays à faire comparaitre ou à faire condamner plusieurs gouverneurs de région, des préfets et même des membres du gouvernement. Comme pour dire que nous ne réagissons que lorsqu’il y a des faits intangibles qui motivent une condamnation », a-t-il soutenu.

Abdoul Malick Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 669 91 93 06

Créé le 20 novembre 2020 09:54

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