La politique du ventre (Par Habib Yembering Diallo)

Habib Yembering DIALLO

Le départ d’Alhousseiny Makanera Kaké de la mouvance présidentielle vers l’opposition avait été très critiqué. Notamment par les partisans du pouvoir. Ils estimaient que M. Kaké manquait de conviction. Autrement, disaient-ils, il aurait démissionné de son poste de ministre de la communication pour rejoindre l’opposition. Mais attendre d’être débarqué de son poste de ministre pour partir relevait d’un manque de conviction, selon ses détracteurs à l’époque.

Son retour à la mouvance suscite aujourd’hui encore une levée de boucliers au sein de l’opposition. Une nouvelle fois l’homme est qualifié d’opportuniste, mettant son intérêt au-dessus de tout. Les opposants l’accusent à  leur tour d’être totalement dépourvu de conviction.

C’est là notre préoccupation. A analyser profondément la situation de notre pays, on se rend compte que nous avons une démocratie sans véritables démocrates. Cette démocratie copier-coller s’adapte difficilement à notre société. A mon sens la raison n’est pas que politique. Elle est plutôt économique.

Un homme politique qui n’a aucune ressource, aucune expertise à vendre est obligé de changer de camp au gré de son intérêt. Pour le cas précis, Alhousseiny Makanera Kaké n’est plus ministre. Il n’est pas député. Son rêve de devenir le nouveau maire de Boké a volé en éclat. Il sait qu’après le départ de l’UFDG de trois de ses députés qui ont rejoint le pouvoir ce parti a dû tirer toutes les leçons et qu’il se battra pour les prochaines élections législatives pour élire ses propres militants. Monsieur se retrouve donc sans poste. Pire, sans aucune perspective au sein de cette opposition.

Devant ce constat, celui qui s’était autoproclamé griot et porteur de sac de Cellou n’avait plus le choix que de caresser le pouvoir dans le sens des poils. D’autant plus qu’il sait mieux que quiconque le pouvoir est prêt à accueillir et même à accorder une promotion à tous ceux qui sont prêts à vilipender Cellou. Voilà les raisons de ce retour. Entre Makanera et le RPG c’est désormais un mariage de raison et non un mariage d’amour. Le premier espère une nomination. Le second exigera et obtiendra que le revenant mette sur la place publique tous les défauts de l’opposant.

Si on décidait demain de déclarer inéligibles tous ceux qui ne comptent que sur la politique pour vivre, le nombre de politiciens se réduirait à une portion congrue. Si les hommes politiques se battent pour être ministres, députés, maires ou présidents d’institution républicaine c’est uniquement pour avoir les poches et les comptes pleins. C’est pour avoir un passeport diplomatique, un visa permanent, pour aller se faire soigner à Paris et à Washington ou pour mettre femme et enfants à l’abri de la galère de notre pays qu’ils ont soit créée soit entretenue.

Parmi les hommes politiques de ce pays, rares sont ceux qui sont à l’abri du petit besoin. Parmi eux on pourrait citer les anciens Premiers ministres ou certains anciens ministres. Par exemple quelqu’un comme Dr Ousmane Kaba (fondateur d’une des plus grandes universités privées du pays) n’a pas besoin d’être à nouveau ministre ou député pour nourrir et soigner sa famille. Ce qui n’est le cas d’autres soi-disant leaders politiques.

Or, ils sont habitués à un niveau de vie très élevé voire insolent. Avec le paradoxe guinéen qui fait que la source coule du bas vers le haut. Les hauts perchés envoient femme et enfants dans les pays développés. Ils puisent dans nos maigres caisses désespérément vides pour envoyer en Europe ou en Amérique. Pour ces messieurs la conviction s’arrête là où commence l’intérêt.

Habib Yembering Diallo

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Créé le 2 novembre 2018 15:41

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