L’épouse de Sékou Koundouno parle : « ils étaient armés pour venir prendre un citoyen… »
CONAKRY- C'est un témoignage exclusif que vient de faire l'épouse de Sékou Koundouno, après la descente musclée d'une équipe mixte d'agents armés à leur domicile. Madame Koundouno Madeleine Traoré, nourrice, est encore sous le choc. Elle raconte comment ces hommes armés ont débarqué chez eux, sans mandat, dit-elle, à la recherche de son mari. Témoignage exclusif.
« J’étais là en train de nettoyer la maison quand j’ai vu des militaires entrer dans la cour. Quand je les ai vus entrer, j’ai pris mon enfant, je l’ai mis au dos. Je suis sortie pour voir. Dès qu'ils sont entrés, ils m’ont dit où est ton mari ? Je leur ai répondu qu’il n’est pas là, et qu'il est sorti depuis le matin. J’ai demandé s’ils ont quelque chose pour lui. Ils ont insisté en disant où il est ? Les autres ont commencé à faire le tour de la maison. Ensuite, ils m'ont dit de l’appeler. J’ai dit que mon téléphone est gâté. Ils ont dit ok, donnez-nous son numéro, on va l’appeler. J’ai répondu que vous l’avez déjà appelé (…) Ils m'ont dit qu'ils l'ont appelé deux fois, ça ne passe pas. Toujours insatisfaits, ils m’ont dit qu’il a un autre numéro, de le leur donner. J'ai répondu que je ne connais pas ce numéro dont ils parlent.
Il y a un qui était là-bas qui a dit : si on ne le trouve pas, alors embarquons sa femme, comme ça il va se présenter. J’ai demandé pour quel motif ? J’ai dit vous pensez que je suis quelqu’un qui ne connait pas ses droits ? Il a commencé à grommeler des mots que je n’arrivais pas à bien saisir. Entretemps, mon petit téléphone a sonné. C’était le petit frère de mon mari qui appelait. Je l’ai pris. Un agent a dit : donne le téléphone. J’ai répondu à ce dernier, que c'est quand même mon téléphone, on m’a appelée, laissez-moi décrocher je vais parler. Il a dit non, qu’il va me brutaliser. J’ai dit essaye, tu vas voir. Dans ma propre maison ? Essayes de me brutaliser, tu vas voir.
Il y a quelqu’un qui était habillé en civil entre eux là-bas, je ne connais pas qui est-il, mais c’est lui qui a dit de laisser tomber. Mais ils ont retiré mon téléphone, ils ont fouillé certainement dans mon répertoire, mais ils n’ont rien vu. J’ai demandé à ce qu’ils me rendent mon téléphone. Ensuite, ils sont rentrés dans la maison, ils ont regardé même sous le lit, dans les armoires, ils ont fouillé toutes les pièces de la maison. Ils ont ouvert le garage, il y a un qui a dit est-ce qu’il n’est pas dans le plafond ? J’ai dit : montez voir ! Vous pensez que mon mari est aussi lâche pour qu'il aille se cacher dans le plafond ? Ils ont appelé quelqu’un. Mais la personne leur a dit de me remettre mon téléphone. Ils me l’ont rendu. Mais j’ai vu, je ne sais pas s’ils ont pris mon numéro parce qu’il y avait des appels manqués dedans. Mais je ne connaissais pas les numéros.
Ils me disaient de les suivre, ils vont fouiller la maison avec moi ensemble, j'ai dit ok. Après il y avait quelqu’un qui avait un IPhone 10 qui a commencé à filmer pour dire qu’ils n’ont rien trouvé et rien pris. Parce que des fois, selon lui, quand ils quittent chez les gens, on dit qu’ils ont pris quelque chose ou saccagé. Après j’ai dit que vous ne m’avez rien pris à part que vous m’avez agressé verbalement. Ils ont pris leurs pickups et sont partis. Mais ils étaient très nombreux. Ils ont même encerclé tout le quartier avant de rentrer dans la cour", a-t-elle raconté.
"Je suis sous le choc, parce que je n’ai jamais vu des trucs pareils. Ils étaient armés, pour venir prendre un citoyen. Il y avait même parmi eux qui étaient cagoulés. Donc quand ils sont partis, je suis sorti pour regarder jusqu’à ce qu’ils soient partis de loin. C’est en ce moment je me suis rendu compte que le quartier était encerclé. J’ai peur pour moi et pour mon enfant. Quand ils sont venus, je leur ai demandé s’ils avaient un mandat, ils m’ont dit oui, mais sans me le remettre, ils se sont mis à fouiller la maison » explique Mme Koundouno Madaleine Traoré.
Siddy Koundara Diallo
Pour Apricaguinee.com
Tel: (00224) 664-72-76-28
Créé le 11 novembre 2020 16:41Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: