L’épouse de Abdoulaye Bah interpelle le procureur Sidy Ndiaye : « J’ai une fille de 10 mois… »

Mme Bah Kadiatou Camara

KINDIA- L’épouse de Abdoulaye Bah, ancien maire de Kindia, brise le silence ! Alors que son mari est détenu depuis 9 mois à la Maison centrale de Conakry, Mme Bah Kadiatou Camara interpelle le procureur Sidy Souleymane Ndiaye, l'empereur des poursuites contre cinq hauts responsables de l'opposition. Dans un entretien accordé à Africaguinee.com, cette nourrice dénonce la « détention illégale » de son époux et exige l’ouverture d’un « procès équitable et impartial ». Elle affirme que son époux n'a pas besoin de faire la "courbette" devant qui que ce soit en échange d'une liberté.

 

AFRICAGUINEE.COM : Comment vivez-vous l'absence de votre mari ?

MADAME BAH KADIATOU CAMARA : Difficilement, parce que j’ai appris la nouvelle de son arrestation avec beaucoup de tristesse, de surprise. Et surtout c’était tellement subite que je me demandais pourquoi parce qu’on disait que mon mari était activement recherché. Il n’avait jamais reçu de convocation à laquelle il n’a pas répondu. Pour lancer un mandat d’arrêt contre quelqu’un, il faudrait au moins que la personne ait été convoquée deux à trois fois sans répondre, mais ce n’était pas le cas. C’était très difficile pour la famille. Il a quand même décidé de se présenter et voilà il a été arrêté et inculpé. Le plus choquant, c’était que la commission rogatoire qui a prévalu à son arrestation datait du 14 octobre c'est-à-dire bien avant l’élection présidentielle. Alors que lui et ses collègues ont été arrêtés pour des faits qui se seraient soi-disant passés dans la période postélectorale. Mais, nous tenons bon malgré qu’il soit privé de liberté, de sa famille, de ses parents, de ses enfants. J’ai une petite fille de 10 mois qui ne connait pas encore son père. C’est juste les temps qu’on va à Conakry qu’il la voie. C’est injuste, mais on tient bon.

Dans quel état êtes-vous ?

On savait qu’il fallait s’attendre à quelque chose de dure. Après quelques jours de garde à vue, il y a eu un mandat de dépôt et ils ont été transférés à la Maison centrale. Ce n’est pas facile puisque nous savons comment sont les prisons en Guinée et surtout qu’ils soient détenus sur la base d’une injustice. S’il faut parler de failles de la justice guinéenne, c'est à cause de ça. Si on émet  un mandat de dépôt,  il est valable six mois, ensuite, il se doit d’être renouvelé. Et s’il n’est pas renouvelé, la personne doit être immédiatement libérée. Mais, mon mari et ses collègues sont détenus depuis 9 mois alors que le mandat de dépôt a expiré. Mais, jusqu'à présent ils sont là-bas sans procès. Pourquoi ? La question reste posée.

L’UFDG a-t-il porté un coup de main à la famille depuis l’arrestation M. Bah?

Bien sûr ! L’UFDG est plus qu’un parti politique, c’est une famille. Depuis que nous sommes confrontés à cette épreuve divine, nous avons été épaulés de toutes les manières qu’un être humain peut espérer. Nous avons reçu la visite de Cellou Dalein Diallo, le président démocratiquement élu de la Guinée et son épouse. Je le dis et l’assume parce que c’est lui que le peuple a choisi. Moralement, physiquement et financièrement, il n’y a pas de problème.

Que savez-vous de la situation de votre mari en détention ?

Je sais que mon mari est tombé malade comme beaucoup d’autres détenus avant lui, compte tenu du manque d’hygiène, de la promiscuité. (…) Il m’encourage et me dit de tenir bon, de prendre soins de la famille. Lui aussi tient bon. Mon mari est un combattant, lui et ses collègues ont hâte d’être au procès. Il faut qu’on ouvre ce procès pour qu’on en finisse avec ça.

Etes-vous sûre qu’il sera libéré après le procès ?

Il faut que ce procès se tienne parce que lui et tous les autres ne sont coupables de rien. Ce sera l’occasion de montrer à la face du monde qu’ils sont victimes d’injustice. Ils doivent avoir l’occasion de se défendre. Vous voyez que les chefs d’accusation changent d’une minute à l’autre. Dans un premier temps, ils avaient été inculpés pour détention, fabrication d’armes de guerre. Après, les faits ont été requalifiés. Normalement, si les faits pour lesquels ils ont été arrêtés ont été annulés, ils doivent être libérés, mais ils sont toujours détenus maintenant pour des propos qu’ils auraient publiés sur leurs pages Facebook ou tenus devant les médias. Tout cela, c’est un montage. Ils doivent avoir l’occasion de s’exprimer et que le procureur Sidy Souleymane N’diaye nous montre les preuves. Sinon comment un procureur qui est compétent pour Dixinn peut arrêter un citoyen de Kindia ?

D’autres détenus ont bénéficié de la grâce présidentielle après avoir demandé pardon. Pensez-vous que votre mari le fera ?

Je préfère ne pas faire de commentaire là-dessus. Le professeur Alpha Condé peut gracier qui il veut, mais nous ce que nous voulons c’est la justice. Que la justice guinéenne soit responsable, impartiale c’est tout ce qu’on demande. Nous n’avons pas besoin de faire la courbette à qui que ce soit. Ceux qui ont demandé pardon ont leur raison, mais nous, nous voulons un procès équitable à l’issue duquel nous sommes sûrs que les détenus politiques seront libérés.

Avez-vous confiance en la justice guinéenne ?

Je voudrais dire oui, je fais confiance à cette justice. Mais, en faisant allusion aux faits que j’ai relatés, je pourrais aussi dire non. Mais, je préfère lui faire confiance parce que j’ai confiance en ma Guinée, j’ai confiance à mon mari et à ses codétenus, j’ai confiance aux avocats. Donc, je voudrais avoir confiance à la justice guinéenne.

Avez-vous un appel à l’endroit du Gouvernement ?

Je n’ai rien à dire au gouvernement guinéen. J’ai juste quelque chose à dire au procureur Sidy Souleymane N’diaye et au ministre de la Justice. Ce que je veux dire au procureur c’est d’ouvrir le procès et qu’il soit capable de nous prouver qu’ils sont en faute, qu’il y a une raison de maintenir des pères de famille, des responsables, des intellectuels en prison pendant près d’une année. Au ministre de la Justice de de jouer son rôle. La justice est censée être indépendante et si elle l’était, ces hommes politiques devraient être en liberté. S’il y a un procès, il doit être équitable et impartial puisque personne n’est au-dessus de la loi. Donc, ils doivent respecter la loi et ils doivent dire le droit.

Un mot pour votre mari ?

Je lui dis que je suis là et je serai toujours là pour lui. Nous le soutenons et lui faisons entièrement confiance. En tant que croyant et combattant qu’il soit patient, le Tout-puissant va agir.

 

Interview réalisée depuis Kindia par Chérif Keita

Correspondant régional d'Africaguinee.com

Créé le 13 juillet 2021 11:38

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