Religion : à Sorya, le village de Boussoura célèbre sa Ziara annuelle

KOUBIA – Boussoura, district de la commune rurale de Fafaya, perpétue chaque année une tradition religieuse ancrée dans l’histoire : sa Ziara annuelle. Ce moment spirituel, mêlant prières, lectures coraniques, chants religieux et invocations, vise à implorer la bénédiction divine pour la réussite des enfants du village et de toute la Guinée.
L’édition de cette année s’est tenue à Sorya, un secteur emblématique fondé il y a 214 ans, devenu un haut lieu de formation religieuse et de rassemblement spirituel. La célébration a eu lieu dans les jours qui ont suivi la fête de la Tabaski, rassemblant résidents, ressortissants et sages venus de tous les horizons.
Les notables et anciens du village, fidèles à la tradition, ont réaffirmé leur foi dans l’efficacité de ces prières collectives, qu’ils considèrent comme un pilier du progrès. Adduction d’eau, désenclavement, clôtures, construction de bâtiments privés : les résultats visibles du développement sont, selon eux, le fruit de cette ferveur religieuse continue.
Parmi les invités de marque figurait Elhadj Thierno Mamadou Miftaou Bely Diallo, ancien élève coranique de Sorya, où il a étudié pendant dix ans (1980-1990). C’est avec une grande émotion qu’il a retrouvé ce lieu qui a profondément marqué sa formation spirituelle.
« Je n’ai que des maîtres coraniques à Sorya, dans Boussoura ; je suis le disciple de tous. Tout est parti de là pour moi. C’est le moment et le lieu de rendre hommage à ceux qui ont fondé ce village il y a 214 ans.
Les fondateurs sont Maama Sory Sattouki, venu de Tountouroun (Labé), Maama Ciré, Maama Famoudou, Maama Kuula, Sally Fodé, Sally Tala Hoore Bhoundou, Tafsir Bandiougou, Manga Tamba, Manga Yéro Balandougou, Manga Tely, Manga Moussa, Tafsir Dian Doua et Sally Malal Foula. Ce sont eux les fondateurs du village. Tous ceux qui vivent ici aujourd’hui sont leurs petits-enfants, arrière-petits-enfants et descendants de ces illustres personnalités.
Le village a été fondé vers 1811-1812 ; si l’on fait le calcul, cela fait 214 ans, nous sommes en 2025.
Ces événements religieux, organisés par les fils du district, sont salutaires. Femmes, jeunes, hommes, qu’ils soient tous remerciés et encouragés pour ces actes qui unissent les familles à travers la religion. Le développement de Sorya réside dans l’entente. Le prophète Mohamed (PSL) a dit : Votre bonheur et votre respect se trouvent dans votre union, et votre malheur aussi dans la division.
Il faut également saluer Thierno Mamadou Yaya, fils de Sorya résident en Gambie, qui a beaucoup donné à ce village, notamment pour l’eau et autres besoins essentiels. Nous avons vécu notre enfance ici, c’était difficile d’avoir de l’eau, aujourd’hui tout est mieux », conclut Thierno Miftaou Bely Diallo.
Elhadj Diamil Tounkara, notable de Boussoura, souligne l’importance de cette Ziara annuelle:
« Cette Ziara de Boussoura, qui se tient chaque année, a été initiée par nos parents depuis des décennies. Au début, elle se tenait uniquement au centre, au Missidè. Ces dernières années, les notables du district ont décidé de faire tourner la cérémonie à travers tous les secteurs. Cette année, c’est à Sorya que nous nous retrouvons.
Cela fait trois ans que nous avons entamé cette tournée. La première édition a eu lieu à Missidè Boussoura, puis un tirage au sort a désigné Daarou pour l’an dernier. Cette année, c’est Sorya. Pour les prochaines éditions, nous organiserons un tirage au sort entre les autres districts pour désigner la localité hôte.
Cette Ziara est organisée pour la paix, la quiétude et la concorde entre les fils de Boussoura, la sous-préfecture de Fafaya, la préfecture de Koubia, la région de Labé et toute la Guinée. Ces prières, marquées par la lecture répétée du Coran, le Zikr, et la supplication, sont destinées à implorer la grâce divine pour le bien de tous, ici-bas et au-delà.
Depuis trois jours, nous sommes réunis pour lire le Coran et implorer la bénédiction divine. Ces Ziara portent leurs fruits : nos enfants réussissent, ils construisent des maisons, des routes sont ouvertes partout ici. Le développement est visible grâce à l’accès à l’eau qui n’est plus un problème.
La mosquée où se tient cette Ziara a vu ses travaux lancés il y a seulement deux mois et elle est déjà achevée. Les villages sont entièrement clôturés grâce au grillage, tout cela grâce à l’engagement de nos fils ressortissants. C’est le fruit de nos prières pour le rayonnement de notre communauté », se réjouit-il.
Le chef de secteur de Sorya, Thierno Mamadou Oury Cissé, a exhorté les fils de Boussoura à rester unis afin de poursuivre les actions de développement déjà réalisées dans leur village :
« Aujourd’hui, nous sommes un village heureux. Nos enfants ont tout apporté près de nous ; rien n’est loin, tout est à portée de main. Nous profitons de cette Ziara pour demander à nos enfants d’être unis et solidaires comme un seul homme. Malheureusement, certains ressortissants oublient leurs villages, mais heureusement, nos enfants de Boussoura nous sauvent de cette honte. C’est pourquoi nous les appelons à plus d’unité ; il n’y a rien de plus destructeur que la division. Demain, ce sont nos fils qui vont nous remplacer, s’ils restent unis, ce sera pour le mieux. Nous sommes fiers d’eux et de tous les fils du Fouta. Nous ne cesserons jamais de prier pour les Guinéens et pour la Guinée », a-t-il affirmé avec conviction.
Présent à la Ziara, Souleymane Diallo a exprimé sa satisfaction de voir son secteur, Sorya, accueillir cet événement annuel :
« C’est une cérémonie qui rassemble notre district chaque année. C’est une occasion de retrouvailles au cours de laquelle nous organisons tout pour notre réussite et celle de tous les fils. Chaque année, nous prions pour ceux qui sont là et pour ceux qui vivent ailleurs. Certains ne sont pas originaires de Boussoura, mais ils profitent de ces prières et de la lecture du Coran. La Ziara se déroule partout dans le Fouta, donc c’est notre devoir d’organiser la nôtre également. Nous ressentons les effets de ces prières dans nos activités ; les jeunes progressent vraiment. Nous demandons à nos sages de continuer, nous, nous allons les accompagner », a-t-il déclaré.
Elhadj Mamadou Oury Barry, Khalife de Bassara, s’est réjoui de l’organisation de telles rencontres religieuses dans la zone de Koubia. Il a encouragé les communautés musulmanes de Boussoura à renforcer leur unité à travers cette Ziara annuelle :
« Ceux qui ont initié cette Ziara méritent gratitude et encouragement. La bénédiction que procure cette rencontre religieuse est immense. Le Prophète Mohamed, paix et salut sur lui, a dit que lors des rassemblements où le nom de Dieu est invoqué, les anges sont envoyés pour marquer des bénédictions pour tous, du début à la fin, sans oublier personne. C’est une pratique que Dieu aime : que des musulmans se réunissent pour lire le Coran, rendre grâce à Allah, demander le pardon de leurs péchés, implorer la grâce divine pour la réussite de leurs affaires, prier pour la santé des malades, ou pour que les femmes sans enfants soient gratifiées de progéniture. Ces prières sont portées par les sages de Boussoura et Sorya, qui ont invité tout ce monde à cette Ziara. Soyez assurés que chacun repartira chez soi avec des bienfaits infinis auprès d’Allah », a-t-il prêché avec ferveur.
C’est sur une note de joie et de devoir accompli que les communautés musulmanes se sont quittées, nourries de l’espoir de se retrouver l’an prochain dans un autre secteur de Boussoura.
Alpha Ousmane Bah
Pour africaguinee.com
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Créé le 15 juin 2025 12:37