Kindia : les riverains de Tokhou toujours sous la menace des inondations

KINDIA – Depuis l’arrivée des grandes pluies en cette saison 2025, l’inquiétude grandit chez plusieurs citoyens guinéens. C’est notamment le cas des riverains de la rivière Tokhou, qui traverse le centre-ville de la commune urbaine de Kindia. En plus des eaux de ruissellement qui bloquent le passage, certaines habitations deviennent complètement inaccessibles.
Dans ces zones à risque, des maisons ont été construites en zones inondables, souvent au vu et au su des autorités locales. Par ailleurs, le comportement de certaines familles qui jettent leurs ordures n’importe où aggrave la situation. Résultat : à chaque pluie, des dégâts matériels importants surviennent.
Ces inondations récurrentes alimentent une inquiétude grandissante chez les habitants.
Mamadou Pathé Diallo, résident du quartier, revient sur les conséquences de l’année précédente et les précautions prises cette année :
« L’année dernière, nous avons été victimes d’inondations. Nous avons perdu beaucoup de choses, même notre congélateur a été endommagé, ainsi que plusieurs objets. Il y avait ici un magasin de matériaux de construction, tout a été gâté. Les pertes étaient inestimables. Cette année, nous sommes très inquiets, surtout que le propriétaire est absent et que nous ne sommes que des locataires. Les autorités nous ont instruits de procéder au curage et de ne pas jeter les ordures dans la rivière. Nous demandons à tous de déposer les ordures dans les poubelles », explique-t-il.
Hadja Fanta Cissé, également habitante du quartier Yeolé, près de la rivière Tokhou, confie sa crainte malgré les efforts fournis :
« Cette année, pour contenir l’eau, mon fils a fait construire une clôture. Nous espérons que cela suffira, car nous vivons dans l’inquiétude. Cette rivière nous fait peur. Si l’eau déborde soudainement, les dégâts peuvent être énormes. Même avec la cour ici, on a peur que l’eau emporte tout. Nous demandons aux autorités de nous aider à trouver une solution à cette catastrophe. »
Même inquiétude chez Hadja Kadiatou Camara, qui pointe du doigt l’inaction des autorités locales :
« C’est Dieu qui a fait que nous habitons ici, parce que c’est ici que mon mari a construit. Mais la situation est préoccupante. L’année dernière, l’eau est entrée dans plusieurs concessions. Cette année, nous avons demandé à notre fils de clôturer la maison pour limiter les dégâts. Mais en dehors de cela, aucune mesure n’a été prise par les autorités, notamment en ce qui concerne le curage de la rivière. Pour le moment, les grandes pluies ne sont pas encore là, mais nous vivons dans l’angoisse. »
Telly Oury Diallo, un sexagénaire sans abri depuis l’inondation de l’an passé, lance un cri d’alerte :
« L’année dernière, l’eau est entrée dans nos chambres, a fait tomber le mur, a emporté plusieurs objets. Grâce aux voisins, nous avons été sauvés. Depuis, je dors dans le salon, je n’ai pas pu trouver un autre logement, je n’ai pas les moyens. Ceux qui ont pu construire des clôtures espèrent limiter les dégâts, mais nous, les pauvres, nous risquons de tout perdre cette année encore. Nous demandons de l’aide. »
Dans cette zone périphérique de Kindia, au-delà des règles de base à respecter, l’absence de contrôle et le manque d’implication des autorités compétentes inquiètent les riverains. Des maisons bâties trop près des cours d’eau, des canalisations bouchées par les ordures… autant de facteurs évitables qui rendent les inondations à répétition encore plus destructrices. Un minimum de rigueur et de planification pourrait pourtant suffire à prévenir ces catastrophes.
Un reportage réalisé par Chérif Kéita
Correspondant régional d’Africaguinee.com à Kindia.
Créé le 11 juin 2025 15:14Nous vous proposons aussi
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