Justice : un espoir de liberté pour les trois plus vieux prisonniers de la Guinée…
CONAKRY-Ils sont plusieurs centaines dans les milieux carcéraux guinéens à espérer une réduction de peine, une liberté conditionnelle ou une libération définitive. Suite au décret nommant les magistrats chargés de l’application des peines dans les différents tribunaux du pays, l’espoir renait chez les détenus.
Certains prisonniers qui ont passé des années en prison se battent pour saisir cette opportunité. Parmi eux, figurent les trois condamnés à perpétuité lors du procès des gangs en 1995. Ils ont déjà commencé à rédiger leurs demandes, chacun en ce qui le concerne.
« C’est par un décret que ces juges d’application de peine sont nommés. Ça figure dans le code de procédure pénale, mais ce n’était pas mis en en application parce que les juges en la matière n’étaient pas installés. C’est la première action qui démarre. Après le décret, il y a eu plusieurs séminaires qui ont été organisés sur le rôle des magistrats chargés de l’application des peines. C’est l’ONG Terre Des Hommes qui a envoyé des magistrats français. Maintenant qu’ils sont entrés en fonction, tout détenu a le droit de saisir cette opportunité. Chaque fois que le détenu manifeste le désir, il peut adresser une demande au juge. Ce qui est différent de la grâce présidentielle. Ici, c’est un aménagement de peine. Il y a la semi-liberté, la liberté conditionnelle. Même ceux qui sont condamnés à perpétuité ont le droit de faire la demande. C’est le cas d’indien Kaala, Chaud-chaud et Papa Sangaré qui ont passé 25 ans en détention. Ce sont les plus vieux prisonniers du pays », a expliqué un éducateur de détenus rencontré à la maison centrale de Conakry.
Ce cas de figure est diffèrent de la grâce présidentielle. Puisque là, c’est le magistrat chargé de l’application de peine qui va examiner le dossier de chaque demandeur avec la commission en charge de la procédure avant de prendre une décision.
Interrogé, un juge d’application de peine a expliqué que contrairement à la grâce présidentielle où une liste est proposée au chef de l’Etat, dans ce cas de figure tout détenu qui a besoin d’une remise de peine peut écrire lui-même au juge chargé de l’application de peine.
« Quand le juge est saisi, il se retrouve avec la commission qui examine les cas. Si le condamné a un avocat, il se fait assister par ce dernier. Le juge et le parquet peuvent se retrouver puis une décision est rendue. Ça n’a rien à voir avec la procédure de grâce qui relève des compétences du Président de la République. A Kindia, les concernés ont commencé à faire leurs demandes. Nous sommes en train de voir comment réunir la commission pour examiner les premières demandes qui nous sont soumises. Nous sommes à cette phase-là » a précisé un magistrat d’application de peine.
Un vent d’espoir souffle pour certains proches des prisonniers condamnés dans le procès de gangs en 1995. Ils comptent saisir cette occasion pour obtenir la libération des leurs. Ils interpellent également le président de la République.
« Cela fait 25 ans que nous venons voir notre parent à la maison centrale de Kindia, lui apporter à manger et prier pour sa liberté. Il a déjà fait sa demande, nous demandons à tous ceux qui peuvent faire quelque chose d’œuvrer pour gracier notre parent. Nous posons aussi notre doléance auprès du chef de l’Etat, Pr. Alpha Condé de gracier nos parents qui sont là depuis 25 ans. Nous prions à ce qu’ils bénéficient tous de la liberté cette fois » a plaidé l’un des parents des trois détenus dans les procès des gangs.
Alpha Ousmane Bah (AOB)
Pour africaguinée.com
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Créé le 31 décembre 2019 15:31Nous vous proposons aussi
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