Interdiction du monopole : Doumbouya interpelé sur le cas des producteurs locaux

Colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition guinéenne

CONAKRY-Les autorités guinéennes ont décidé de mettre fin à toute situation de monopole dans les activités économiques en Guinée. Cette décision, selon le ministre du Commerce, Bernard Gomou, vise à intensifier la politique du gouvernement en matière de sécurisation et de stabilisation de l’approvisionnement des marchés nationaux à des prix compétitifs.


Interrogé sur cette décision, Cheick Fantamady Camara, ancien secrétaire général de la Chambre de commerce, de l’industrie et de l’artisanat de Guinée a interpelé le Gouvernement sur la nécessité de protéger les producteurs locaux du pays.

« Pour éviter l’amalgame, il faut protéger la marque parce que les commerçants suivent leurs intérêts. Ils peuvent profiter d’une confusion pour faire ce qui leur semble bon. Quelqu’un qui a fait une étude de marché, qui a découvert un produit et qui en a fait la promotion, on doit lui laisser sa marque. Ce n’est pas parce qu’on dit que le monopole est interdit qu’on peut s’approprier de la marque d’un autre. Par exemple, il y a plusieurs sortes de moto, mais des marques différentes. Tout le monde peut cultiver, mais chacun a son champ. Donc c’est la même chose. Un cultivateur ne va pas se lever un beau matin pour cultiver le champ d’un autre.

Mais si on ne fait pas attention, certains risquent de laisser leur champ pour cultiver chez les autres parce qu’ils voient que là-bas les cultures donnent bien. En terme clair, le monopole est interdit, chacun est libre d’importer n’importe quel produit, mais on ne doit utiliser la marque d’un autre. Pour éviter la confusion, le gouvernement doit donner des explications détaillées aux opérateurs économiques, les sensibiliser pour leur permettre de comprendre », explique Cheick Fantamady Camara.

La situation de monopole a beaucoup d’inconvénients, soutient Dr Aliou Barry, spécialiste en gouvernance représentant du réseau Afrobaromètre en Guinée. « Il y a longtemps que nous, spécialistes, avions demandé que l'Etat casse le monopole dans notre pays. La situation de monopole a beaucoup d’inconvénients. Quand on est dans une situation de monopole, ce sont les entreprises qui décident des prix. Par contre, dans un marché compétitif, les entreprises prennent les prix que les gens leur proposent. Par exemple, il y a eu de moment où la carte Sim était vendue à 1 million Gnf. Il a fallu l’installation d’autres sociétés de téléphonie pour qu’aujourd’hui la carte Sim ne coûte absolument rien. Pratiquement dans toute la sous-région, nous avons des régimes libéraux qui prônent la politique de concurrence qui contribue à stimuler l’esprit d’entreprise et la productivité. Avec la concurrence, il y a une gamme variée d’offres et donc les prix baissent pour les consommateurs. La qualité aussi peut-être là », explique M. Barry.

Le spécialiste en gouvernance révèle que la situation de monopole dans les activités économiques favorise de pots-de-vin. « En terme de pots-de-vin, la Guinée perdaient 600 milliards Gnf par an. C’est en partie lié à cette situation de monopole parce que dès qu’une entreprise a une situation de monopole, elle a la liberté absolue de fixer ses prix généralement de manière exorbitante et c’est pour enrichir de gens déjà riches. Vous avez à peu près 5 à 8% des Guinéens détiennent 80% du PIB. C’est justement, cette situation de monopole qui contribue en grande partie à cela », explique-t-il.

Après l’interdiction du monopole, il suggère un accompagnement des producteurs locaux par l’État. « Partout, les dirigeants prennent des mesures en faveur des producteurs locaux. Je crois que les mesures vont suivre plus tard. Il me semble que le gouvernement va s’y pencher.  Si vous prenez les pays de la sous-région, les producteurs locaux sont protégés. C’est le cas en Côte d’ivoire avec les planteurs notamment de café et cacao qui sont protégés. Je pense que c’est important aussi pour la Guinée parce qu’une grande partie de la population évolue dans le secteur agricole notamment le riz et d’autres denrées de première nécessité. L'Etat doit pouvoir trouver un moyen de les accompagner pas forcement avec de l’argent liquide, mais à travers des équipements et des avantages qu’on peut leur offrir », suggère l’expert en gouvernance.

 

Abdoul Malick Diallo

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 669 91 93 06

Créé le 25 décembre 2021 11:15

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