Immigration clandestine : récit glaçant d’une veuve qui a perdu son mari en mer…
CONAKRY- «Mon mari voulait avoir une vie meilleure pour aider sa famille », c’est les propos de la veuve d’Alpha Yagouba Baldé, mort noyé dans la méditerranée alors qu’il tentait de rallier les côtes européennes. Vêtue de son voile de veuvage, visage crispé, Hassanatou Tall est toujours sous le choc. Son époux était parmi la quarantaine de victimes ayant péri en début du mois de février 2018 sur les côtes marocaines en tentant de rejoindre l’Europe, a appris africaguinee.com.
Alpha Yagouba Baldé était diplômé en lettres modernes. Agé de 29 ans, il était au chômage depuis la fin de ses études. Hassanatou Tall, mère d’un bébé de trois mois, a appris la mort de son mari avec surprise et désarroi.
«Je ne savais comment cela est arrivé. J’ai entendu des cris chez nous et j’ai trouvé des gens en train de pleurer et on m’a dit que mon mari est décédé », souvient Madame Baldé.
Attristée, cette jeune veuve se souvient le jour du départ de son mari qui remonte il y a un mois et ces derniers moments de son vécu.
« Mon mari voulait avoir une vie meilleure pour aider sa famille. Il voulait être un bon père pour ses enfants. Après ses études, comme il n’avait pas eu de boulot. Il a cherché ça n’allait pas du tout malgré qu’il faisait le commerce. Alors, il a jugé nécessaire de voyager en Europe en passant par le Maroc. Il a réuni un peu d’argent et il est parti. Sa mort nous bouleverse », sanglote Hassanatou Tall, qui confie que depuis que son époux a quitté, il recevait régulièrement ses messages.
Selon la mère d‘Alpha Yacouba, à la veille de son départ, son fils était souriant et rassuré de sa réussite en demandant des bénédictions à la famille.
« C’était un lundi, on a appris le décès d’un de nos fils à wanindara on nous a informé qu’il s’est noyé en mer au Maroc. Je me suis habillé pour aller à son décès. C’est en ce moment qu’on m’a dit que mon fils est décédé avec ce jeune. J’ai dit que mon fils n’est pas parti en mer. Moi, il m’a dit qu’il passe par la route. Et c’était sûr qu’il était mort. Il m’a donné au revoir en me disant qu’il va à la recherche du travail. Il est parti et je ne vais plus le revoir. J’ai perdu mon bébé Alpha Yacouba. Il m’aimait et m’a même donné le nom de sa fille. Si je savais je n’allais jamais le laisser partir mais, c’est la volonté de Dieu », a sangloté Aissatou Sadjo Baldé qui souhaite le paradis pour son fils.
Kadiatou Baldé, petite sœur du défunt Alpha Yacouba Baldé invite les jeunes guinéens à éviter l’immigration clandestine. « Je décourage les jeunes de voyager par la mer ça n’a pas d’importance. Il ne faut pas risquer ta vie de telle sorte pour avoir une vie meilleure. Se tuer pour réussir n’est pas la solution. On n’a beaucoup de nos intellectuels qui meurent comme ça. Il faut rester ici pour travailler », a lancée Kadiatou Baldé.
Alpha Yaghouba Baldé n’est pas le seul à avoir péri en mer. Binta Bobo Diallo originaire de la préfecture de Lelouma, orpheline a également perdu la vie en mer. Selon un de ses proche, elle tentait de traverser la méditerranée en cachette au cours d’un séjour au Maroc.
« Binta avait tenté plusieurs fois d’aller en Europe mais elle n’a pas eu le visa. Ces frères et sœurs sont tous en Europe. Elle travaillait à Conakry. C’est quand elle était partie en congé au Maroc, elle a bloqué tous ces contacts et elle s’est caché pour partir. Sa famille ne savait pas », explique monsieur Baldé.
Bah Aissatou
Pour Africaguinee.com
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Créé le 13 février 2018 12:58Nous vous proposons aussi
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