Hôpital Sino-Guinéen : Une substitution de corps conduit à une exhumation au cimetière de Kaporo…

Morgue de l'hôpital sino-guinéen

CONAKRY-Un fait inédit s’est produit à l’hôpital de l’Amitié Sino-Guinéenne. Le corps d’un centenaire a été échangé à la morgue de cet hôpital pourtant, reconnu pour son modernisme.  Les faits se sont déroulés le vendredi 20 mai 2022.

Waclé Etienne Lamah, 112 ans, c’est le nom du défunt dont le corps a été échangé à la morgue de l’hôpital Sino-Guinéen sis au quartier Kipé, dans la commune de Ratoma. Le défunt est décédé à la maison familiale le 11 mai dernier. La famille a décidé de garder le corps à la morgue en attendant l’arrivée tous ses membres pour son enterrement.

Coup de théâtre, au 8ème jour (vendredi 20 mai) ! Alors que toute la grande famille s’était mobilisée pour offrir un enterrement digne à leur papa, désagréable surprise, elle découvre que le corps a été échangé. S’engage alors une longue journée de tractations, de recherches. Au final, il découvre que le corps a été substitué, puis enterré au cimetière de Kaporo.  

Il a été finalement exhumé le même jour puis remis à la famille endeuillée qui a ensuite procédé à son inhumation. Interrogé par Africaguinee.com, un des fils du défunt raconte la scène digne d’un film. Explications.

« Le 11 mai, j’ai perdu mon père qui est de 1910 (112 ans). Nous sommes tellement nombreux (ses fils), on s’est dit qu’il fallait garder le corps jusqu’à ce que ses fils soient présents. C’est les consignes que mes frères m’ont données. Je suis allé déposer le corps le 12 mai à la morgue de l’hôpital de l’Amitié Sino-Guinéenne. Là-bas, les responsables m’ont dit que c’est 100 000 francs guinéens par jour, le dépôt du corps. Je n’ai pas discuté.

Le 8ème jour, c’est-à-dire le vendredi 20 mai, la décision a été prise de l’enterrer ici. Tous les autres membres de la famille sont venus. Nous sommes allés chercher le corps. A 7h 20 minutes, nous étions déjà à la morgue pour la récupération du corps. Mais bien avant d’aller on les avait appelés. On arrive à la morgue, je donne les coordonnées, on regarde, on me confirme que le corps est là-bas mais le montant c’est 850 000 francs guinéens. J’ai payé le montant. Après, on rentre dans la chambre froide, on ne trouve pas le corps de mon père. On a fouillé, regardé tous les corps, à la place où on avait mis le corps de père, c’est le corps d’une jeune fille qui était là-bas. J’ai demandé qu’est-ce qui n’allait pas ? Ils m’ont dit qu’il faut d’abord vérifier parce que la fraicheur là peut déformer le corps, mais nous on ne peut pas se tromper sur le visage notre papa.

Alors s’est mis à chercher pendant plusieurs minutes, on n’a pas trouvé le corps. J’ai gardé mon sang-froid. C’est ainsi qu’il a appelé son chef, celui-ci est venu me dire qu’on va sortir tous les corps s’il faut même qu’on les déshabille pour qu’on recherche le corps de mon père, j’ai dit d’accord. On a repris la recherche. On a regardé toutes les dépouilles qui étaient gardées à la morgue, on n’a pas retrouvé le corps de notre défunt père.

Ils ont appelé certains qui ont pris des corps avant nous. On nous a dit que quelqu’un était sur la route, de patienter. Ce monsieur est venu avec une photo, j’ai envoyé la photo de mon père, on l’a autorisé maintenant d’aller vérifier les autres corps. II s’est trouvé que c’est eux qui avaient pris le corps de mon père. Il parait que c’est un militaire qui avait déposé le corps sans faire la situation et qu’il est encore venu récupérer encore le corps par force en disant que c’est pour lui par intimidation.

Quand le jeune a fini de fouiller, il a trouvé que leur corps est encore dans la morgue. On leur a donc dit que celui qu’ils ont pris n’est pas le leur. On a demandé où est-ce qu’ils l’ont enterré ? Il dit qu’il n’était pas là-bas le moment de l’enterrement. On lui a demandé de s’informer, ils lui ont dit que le corps a été enterré à Kaporo. Le médecin avec qui nous étions m’a dit de patienter et qu’ils vont aller vérifier. On a pris l’ambulance, on est parti à Kaporo. (…) Si ce n’est pas en Guinée on ne peut pas voir de tels comportements. On ne peut se tromper de quelqu’un avec qui on a vécu. Un corps quand on le prend, on le lave. Il a reconnu qu’ils ont ‘’commis une erreur’’. Je lui ai dit non, c’est faute grave.

Alors, on a déterré le corps, je trouve effectivement que c’est celui de mon papa. On l’a embarqué et on est revenu. Heureusement, le corps ne s’était pas encore décomposé. Ils ont préparé le corps et on me l’a remis à 14h. De 7h 20, on a récupéré le corps qu’à 14H. Et pendant ce temps, dans la famille, il y avait tout un monde qui s’impatientait et qui appelait par-ci, par-là. Certains commençaient à s’interroger en disant est-ce que j’ai réellement déposé le corps. Heureusement qu’il y avait des témoins.

Après m’avoir remis le corps, ils ont retourné le montant (les 850 000 Fg) que j’ai payé en me présentant des excuses. Ils ont dit également qu’ils vont porter plainte contre celui qui avait substitué le corps. Mais je leur ai dit qu’ils ne travaillent pas bien. Les identifications se font avec les numéros mais ils ne l’ont pas fait. Mieux, même si un militaire fait sortir son arme dans ces conditions, moi je préfère qu’il me tue au lieu de faire une telle faute.

Bref, il y a eu échange de corps, mais seul Dieu m’a aidé, j’ai récupéré le corps de mon père et j’ai pu revenir le préparer et prier sur lui avant de l’enterrer chez moi à 15h 00 », a expliqué le fils du défunt Charles Hervé Lamah.

Le 27 juillet 2021, un cas similaire s’était produit à l’hôpital Ignace Deen. Là également un échange de corps avait été déclaré par l’hôpital. Une situation qui avait fait grand bruit à l’époque des faits.

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 114

Créé le 22 mai 2022 15:27

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