Hadjj 2025 : « Nous avons entièrement rempli notre part du contrat », selon le Secrétariat des affaires religieuses

Conakry – Victimes d’une arnaque, plus de 400 Guinéens candidats au pèlerinage n’ont pas pu rallier les lieux saints de l’islam. Le sujet suscite la polémique, et le Secrétariat général des Affaires religieuses, maître d’œuvre de l’organisation du voyage pour ce cinquième pilier de l’islam, se retrouve au centre de toutes les critiques.
Dans un entretien accordé à Africaguinee.com ce lundi 2 juin 2025, le directeur de cabinet dudit département a tenu à faire des précisions et à mettre fin aux supputations. Dr Jean Édouard Sagno a surtout salué les efforts déployés par le gouvernement en faveur de l’ensemble des pèlerins, en particulier ceux victimes de cette fraude.
AFRICAGUINEE.COM : De nombreux cas d’arnaque ont été signalés cette année dans le cadre de l’organisation du pèlerinage. Concrètement, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?
Dr ÉDOUARD SAGNO : Le dossier qualifié d’arnaque concerne 416 personnes. La Guinée avait un quota de 10 000 pèlerins, que nous avons intégralement pris en charge. À ce jour, ces 10 000 pèlerins sont bel et bien en Arabie saoudite. Cela signifie que, sur le plan professionnel, nous avons entièrement rempli notre part du contrat.
Maintenant, il y a eu deux imprévus : un cas de dépassement et un autre lié à une arnaque. Dans un cas comme dans l’autre, le président de la République, en sa qualité de père de la Nation, a estimé qu’il s’agissait de Guinéens à part entière. Il nous a donc instruits de trouver des solutions.
Comment expliquez-vous que de tels cas aient pu se produire cette année, en particulier ?
Écoutez, les cas d’arnaque ne relèvent pas de notre responsabilité. Ce n’est pas notre domaine. Par exemple, vous avez entendu récemment qu’une trentaine de personnes ont été interpellées à l’aéroport. On leur avait fait croire qu’en passant par le Ghana, elles obtiendraient un visa. Ce genre de situation arrive parce que certaines personnes cherchent toujours la facilité. C’est aussi simple que ça. Il n’y a pas de corrupteur sans corrompu.
Pourtant, de notre côté, toutes les dispositions ont été prises. Chaque année, nous obtenons d’ailleurs des distinctions. L’an dernier, nous avons été classés septièmes, pas seulement en Afrique de l’Ouest, ni même en Afrique, mais à l’échelle mondiale. Cela prouve que nous maîtrisons notre travail et que nous l’exécutons avec sérieux.
Concernant les dépassements, cela ne dépend pas de nous. Nous avons réparti les quotas de manière précise entre les différentes entités concernées. Toutes ont respecté ces quotas, à l’exception d’une seule. C’est ce qui a généré une partie du problème. Quant aux cas d’arnaque, encore une fois, cela échappe à notre contrôle.
Ce qu’il faut retenir, c’est que nous organisons le Hadj dans le respect strict des critères établis par l’Arabie Saoudite. C’est d’ailleurs pour cela que nous sommes régulièrement récompensés. Pour le reste, nous ne pouvons pas tout gérer.
Prenez un exemple concret : le coût officiel du Hadj est de 54 800 000 GNF. Pour être éligible, il faut obtenir une autorisation de versement. Beaucoup souhaitent partir, mais les places sont limitées. Ceux qui obtiennent cette autorisation vont à la Banque centrale et paient le montant requis.
Mais au lieu de suivre ce processus officiel, certains préfèrent passer par un cousin, une tante, un parent… Ces intermédiaires leur promettent de les faire voyager pour 30 millions, en dehors du cadre légal. Dès l’instant où vous entendez un tel discours alors que vous connaissez le tarif officiel, vous devez comprendre qu’il s’agit d’une fraude.
Malgré tout, il faut saluer l’attitude du président Mamadi Doumbouya. Il a réagi en véritable père de la Nation. Pour lui, chaque Guinéen compte. C’est pourquoi il nous a instruits de trouver des solutions à cette situation.
Ceux qui n’ont pas eu la chance d’accomplir le pèlerinage cette année auront-ils une seconde chance ?
L’année dernière, 82 personnes étaient restées ici. En 2025, ces 82 ont été les premières à embarquer dans le tout premier convoi. Cela veut dire que si, cette année, nous ne trouvons pas de solution immédiate, ceux qui n’ont pas pu partir seront les premiers à être pris en compte l’année prochaine.
Entretien réalisé par Dansa Camara DC
Pour Africaguinee.com
Créé le 4 juin 2025 10:20Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Guinée, Hajj, Pélérinage, Pèlerins guinéens