Guinée : Une importante réunion du Parlement de la CEDEAO s’ouvre à Conakry…
CONAKRY- C’est une première depuis la chute du régime de l’ancien Président Alpha Condé ! Le Parlement de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest) a délocalisé une de ses réunions à Conakry.
Il s’agit d’une rencontre majeure de la Commission mixte « Santé/Education, Sciences et culture/Télécommunication et technologie de l’information/Industrie et secteur privé » de l’Assemblée parlementaire sous-régionale.
« Promouvoir les services et l’éducation pour la santé dans l’espace Ouest africain : Rôle du Parlement de la Cédéao« , c’est le thème de la réunion délocalisée dans la capitale guinéenne. Les travaux ont été lancés ce mardi 3 septembre 2024, dans un complexe hôtelier de la capitale guinéenne, en présence du Premier Ministre Bah Oury, ainsi que du Président du CNT Dr. Dansa Kourouma.
Cette importante réunion regroupe des présidents des commissions permanentes du Parlement de la CEDEAO, des conseillers nationaux, des cadres de l’administration publique et ceux de l’administration parlementaire. Ils échangeront jusqu’au 7 septembre prochain. C’est à l’occasion du parlement de la CEDEAO qui est à sa 6ème législature.
« La tenue de cette réunion revêt une importance capitale pour la population guinéenne qui a été fortement éprouvée dans un passé récent par la maladie à virus Ebola, la COVID19 et actuellement exposée à la variole du singe. Le parlement de la CEDEAO est à sa 6ème législature, qui a la particularité d’être présidée par une femme, dont le leadership n’est plus à démontrer. C’est une première dans l’histoire de cette institution« , a indiqué madame Fanta Conté, la cheffe de délégation des députés guinéens au Parlement de la CEDEAO.
D’intenses travaux sont prévus au cours de cette rencontre. A cet effet, plusieurs communications seront également présentées par des personnes ressources expérimentées. Ces communications permettront entre autres :
-De connaître les détails spécifiques des différentes interventions de la Commission CEDEAO dans la région ;
-D’avoir des informations sur les politiques de santé appliquées dans les diverses interventions visant à assurer une meilleure qualité de santé ;
-D’avoir l’opportunité de tirer des enseignements des interventions et des programmes fructueux des États membres en vue d’une mise en œuvre plus poussée dans leur propre pays ;
« Au terme de cette interaction, la Commission mixte présentera son Rapport à la prochaine Session ordinaire du Parlement, en vue de son adoption. Les recommandations contenues dans ledit rapport seront transmises aux divers acteurs concernés. J’ai la ferme conviction que les recommandations issues de nos travaux orienteront ceux qui vont élaborer des politiques communautaires dans la bonne direction pour promouvoir les services et l’éducation pour la santé dans l’espace ouest africain« , a déclaré Orlando Dia Pereira, coprésident de la Commission mixte.
En Guinée, le ministère de la Santé a indiqué que les résultats de l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) 2018 mettent en lumière plusieurs défis critiques auxquels le pays doit faire face. Parmi ces défis, la malnutrition reste une préoccupation majeure. Le département poursuit en disant que 30 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique, un taux qui impacte sérieusement leur développement physique et cognitif. Par ailleurs, 6 % des enfants de moins de cinq ans sont touchés par la malnutrition aiguë, ce qui représente une situation d’urgence pour ces jeunes vies.
Quant à la mortalité infantile et juvénile, elle demeuret également préoccupante avec un taux de mortalité infantile de 65 décès pour 1 000 naissances vivantes et un taux de mortalité juvénile de 88 décès pour 1 000 naissances vivantes.
« Ces chiffres montrent clairement que de nombreux enfants ne survivent pas jusqu’à leur cinquième anniversaire, ce qui souligne la nécessité d’améliorer les services de santé, notamment en matière de soins prénatals et de vaccination. Sur le plan de la santé maternelle, le taux de mortalité maternelle en Guinée est l’un des plus élevés au monde, avec 550 décès pour 100 000 naissances vivantes. Ce chiffre illustre les défis auxquels nos femmes sont confrontées pour accéder à des soins obstétricaux de qualité, et l’urgence d’améliorer les infrastructures et les services de santé pour réduire ces décès évitables. Concernant l’accès aux services de santé reproductive, seuls 22 % des femmes mariées utilisent une méthode moderne de contraception. Ce faible taux d’utilisation des services de planification familiale se traduit par un taux élevé de grossesses non désirées et par une croissance démographique qui met une pression supplémentaire sur les ressources limitées du pays« , a annoncé Jean Paul Cédy, ministre guinéen de l’Enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation, au nom de son homologue du ministère de la Santé et l’hygiène publique.
Il ajoute que ces défis sanitaires sont intrinsèquement liés aux défis éducatifs que notre pays doit relever. Et, il précise aussi que le taux net de scolarisation au niveau primaire est de 79,8 %, tandis que le taux d’achèvement du cycle primaire est de 61,5 %. L’analphabétisme, touchant près de 68 % des adultes, complique davantage l’adoption de comportements favorables à la santé, notamment en matière de prévention des maladies et de suivi des soins.
« Il est crucial d’intégrer l’éducation pour la santé dans nos programmes scolaires pour sensibiliser les jeunes dès leur plus jeune âge aux bonnes pratiques sanitaires. De même, des campagnes d’alphabétisation ciblées, accompagnées de programmes d’éducation pour la santé, sont indispensables pour toucher les populations adultes et vulnérables« , a laissé entendre M.Cédy.
Cette rencontre, d’après la présidente du Parlement de la Cédéao, permettra donc, par ses contributions, ses observations et ses recommandations, de sensibiliser les députés sur les services et l’éducation pour la Santé en vue d’outiller les élus de la Communauté, pour contribuer de manière significative à la promotion des politiques de Santé dans les États membres de l’institution sous-régionale.
« L’éducation pour la santé est un outil préventif fondamental visant, à réduire la mortalité prématurée liée aux maladies et aux accidents, souvent associés à des comportements et à des habitudes de vie. Dans ce contexte, l’intégration de curricula spécifiques en éducation pour la santé au sein des systèmes éducatifs est essentielle. En s’inscrivant dans les priorités nationales et régionales de santé publique, ces programmes permettront d’adopter une approche globale qui cible les comportements à risque dès le plus jeune âge. En mettant l’accent sur des démarches pédagogiques innovantes, les curricula contribueront à promouvoir le bien-être des individus et des communautés, à intégrer la santé dans le développement local, et à encourager la participation active des citoyens dans les décisions touchant leur santé », a martelé Hadja Mémounatou Ibrahima.
Aux yeux du Chef du gouvernement guinéen, la Guinée étant en transition, les parlementaires ont un rôle extrêmement important.
« On ne va pas passer en revue les problèmes que nous connaissons de notre organisation pour laquelle la Guinée a une grande estime et elle fera tout ce qu’elle peut pour que la CEDEAO continue de vivre et puisse évoluer et répondre aux aspirations des peuples. Les thèmes que vous allez aborder durant vos travaux sont essentiels dans le contexte de nos États« , a déclaré Amadou Oury Bah, Premier ministre.
Pour le président du CNT, Dr. Dansa Kourouma, la rencontre de Conakry, vue son importance, devrait donner le ton d’une nouvelle ère pour l’analyse et l’appréciation des faits caractéristiques du cheminement commun à l’aune de la prise en compte de nouveaux paramètres dictés par les réalités de terrain.
« Pourrions-nous parler de la CEDEAO aujourd’hui en occultant le risque de sa désintégration ? Comment se voiler les yeux, jouer à l’autruche et ne pas reconnaitre que notre communauté régionale est en proie à des velléités de désamour ici et là ? Qui pourrait réunir quelconque entité de la CEDEAO sans s’inquiéter du constat de ce risque ? Ce ne serait certainement pas le Parlement de la CEDEAO. Au-delà des spécificités de leur abord sur le plan thématique, les travaux de cette Commission mixte délocalisée de la CEDEAO devraient être aussi l’occasion, en apartés, de considérations sur les tenants et aboutissants de la préservation de notre communauté de destin sur le plan institutionnel.
L’impermanence du monde est la réalité de tous les temps. Aussi est-il indiqué de ne rien prendre pour acquis et d’œuvrer sans relâche en direction de cette préservation. Au-delà de tous mes propos précédents, je dois vous exprimer sincèrement notre joie de constater la matérialisation davantage marquée du retour de la Guinée dans le giron du parlement ouest africain. Ce retour est bien en phase avec la démarche guinéo guinéenne d’un retour à l’ordre constitutionnel. Cela nous réconforte à plus d’un titre« , a dit Dr Dansa Kourouma.
Dansa Camara DC
Pour Africaguinee.com
Créé le 3 septembre 2024 19:46