Guinée : Pourquoi le pays est encore dans une crise économique ?

Alpha Condé

CONAKRY- La Guinée va certainement connaître une année 2016 très difficile. Ceux qui avaient cru à une reprise des activités économiques après la déclaration de la fin de l’épidémie d’Ebola ont fait de mauvais pronostics.

Les indicateurs macro économiques sont quasiment tous au rouge. La monnaie nationale se déprécie du jour au jour face aux principales devises. Le dollar américain vient d’atteindre son record en s’échangeant à un taux de 9.000 GNF sur le marché noir. Cette situation s’explique en partie par la faiblesse des investissements extérieurs dans le pays, le ralentissement des activités dans le secteur minier, et surtout le fort endettement de la Banque Centrale vis-à-vis du Trésor Public. Vers la fin de l’année 2015, la Banque Centrale guinéenne a émis de nouvelles coupures de billets. Cette décision de la première institution financière du pays a augmenté la masse monétaire en circulation, chose qui a eu une incidence négative sur l’inflation qui a repris son envol.

L’année 2016 a trouvé les caisses de l’Etat guinéen vides. Pour combler le gap, le Gouvernement guinéen a décidé a annoncé une série de mesures, au nombre desquelles, l’augmentation des taxes. La TVA est passée de 10 à 20%, et au même moment les taxes douanières ont été revues à la hausse.

De l’avis de nombreux économistes, cette décision de l’exécutif guinéen est contre productive. On ne saurait gagner le pari de la croissance en amenant les acteurs économiques à réduire leur consommation. Cette dernière est un élément qui favorise la croissance. C’est d’ailleurs cette politique qu’a adoptée de nombreuses puissances économiques. La Chine ou encore les Etats-Unis, applique des politiques qui incitent les agents économiques à consommer. Cela passe par la baisse des taxes et l’accroissement des revenus.

En Guinée, l’un des secteurs qui pourraient le plus subir les conséquences de l’augmentation des taxes, c’est celui de la téléphonie mobile. Nombreux sont les citoyens qui ont pris la décision de réduire leur temps de communication. Pour être plus explicite, fondons notre raisonnement sur un exemple concret. Si l’Etat percevait 5 GNF par minute de communication comme taxe, 20 minutes permettraient d’avoir 100 GNF dans les caisses de l’Etat. Depuis l’augmentation des taxes, les agents économiques ont réduit leur consommation. Ceux qui avaient l’habitude de téléphoner durant ces 20 minutes ont certainement réduit de moitié leur communication. L’Etat pourrait ne pas bénéficier des « avantages » de cette augmentation de taxes.

La crise économique que traverse la Guinée pourrait ne pas connaître sitôt sa fin, surtout si les syndicalistes mettent à exécution leur menace de grève générale à partir du 15 février prochain. Le « clash » entre le Gouvernement et les syndicats semble inévitable. L’Etat compte sur les taxes sur les produits pétroliers pour renflouer ses caisses. Malgré la détermination des syndicalistes, le Gouvernement guinéen a livré un message clair : « Entre 2011 et 2015, l’Etat a subventionné 2700 milliards GNF pour le carburant. Les différentes plus-values qu’on a eues en fonction des baisses jusqu’à maintenant se sont élevées à environ 600 milliards. C’est-à-dire quand on fait le rapport entre ce que nous avons subventionné et ce qui est récolté, il y a 2100 milliards en subvention pour le Gouvernement. L’Etat c’est tout le monde, c’est vous c’est moi. Donc c’est au bénéfice pour le peuple de Guinée, c’est une manière de supporter le pouvoir d’achat du guinéen. Ce qu’on sait, si nous diminuons de 1000 GNF le prix du carburant à la pompe, nous perdons 763 milliards de GNF sur l’année, environ 65 milliards par mois ».

 

Ahmed Tounkara

Pour Africaguinee.com

 

Créé le 11 février 2016 16:34

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