Guinée : le spectre d’une nouvelle grève plane sur l’enseignement supérieur

CONAKRY – Le Syndicat national autonome de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SNAESURS) menace de relancer la grève qu’il avait suspendue en juillet 2023. Dans un courrier adressé au ministre Alpha Bacar Barry, consulté par Africaguinee.com ce vendredi 30 mai 2025, le syndicat justifie sa décision par le non-respect de plusieurs engagements contenus dans sa plateforme revendicative.

Dans cette correspondance, le bureau exécutif du SNAESURS revient sur un ensemble de préoccupations soulevées lors de sa réunion du 20 mai 2025.

Parmi ces préoccupations figure l’opposition du syndicat à la gestion, par le ministère, des frais d’inscription et de réinscription des étudiants. Le SNAESURS estime que cette mesure constitue une atteinte aux libertés académiques ainsi qu’à l’autonomie des institutions d’enseignement supérieur (IES), pourtant garanties par les textes réglementaires en vigueur. 

« De plus, cette décision s’inscrit dans un contexte de non-respect des engagements antérieurement pris, concernant notamment le reversement des frais liés à cette opération. Ces engagements avaient été formellement pris en présence des responsables de la CRDG, sans que leur mise en œuvre ne suive. À ce jour, malgré les assurances données lors de notre dernière rencontre, notamment avec monsieur le secrétaire général du MESRSI, qui nous informait que les calculs avaient été effectués et qu’il ne restait que le paiement, aucun versement n’a été effectué, plus de deux mois après cela. Par ailleurs, nous rappelons que les personnels de l’enseignement supérieur ne bénéficient toujours pas de la prime de fonction, sous prétexte qu’ils sont régis par un statut particulier (décret 0027). Or, ce statut n’est toujours pas appliqué dans son intégralité. À cela s’ajoute l’arrêt du financement des programmes de formation des formateurs, pourtant essentiel au développement des compétences et à la qualification de l’enseignement supérieur guinéen. Malgré nos multiples démarches et rappels officiels, ces droits demeurent non satisfaits. 

Cette situation affecte gravement la motivation des enseignants-chercheurs et chercheurs, et compromet le bon fonctionnement de nos IES, IRS et CDI« , a alerté le SNAESURS. 

Les syndicalistes de l’enseignement supérieur formulent toutefois les demandes suivantes :

1. Le paiement intégral des frais de formation des formateurs aux détenteurs des attestations de financement ;
2. Le versement des ristournes dues au titre des années universitaires 2022-2023 et 2024-2025 ;
3. L’application intégrale du décret n°0027/PRG/SGG du 24 janvier 2024, relatif à la fixation des rémunérations spécifiques du personnel de l’enseignement supérieur, tel qu’adopté et publié au Journal Officiel de la République.

Le SNAESURS a donné un ultimatum au ministère pour la prise en compte de sa plateforme revendicative. 

 « Nous demandons que ces différents points soient régularisés au plus tard le 09 juin 2025. A défaut, nous nous verrons dans l’obligation de lever la suspension de la grève de juillet 2023 à compter du 10 juin 2025, et ce, dans l’ensemble des Institutions d’Enseignement Supérieur (IES), des Institutions de Recherche Scientifiques (IRS), des Centres de Documentation et d’Information (CDI), jusqu’à la satisfaction complète de l’ensemble des revendications susmentionnées. Nous portons également à votre attention qu’à l’avenir, nous n’accepterons plus aucune immixtion du ministère dans les prérogatives des IES, notamment en ce qui concerne les processus d’inscription et de réinscription, la production des cartes d’étudiant, ou toute autre compétence expressément dévolue aux IES par la Loi sur l’Enseignement Supérieur et par le décret portant l’organisation et le fonctionnement des IES« , a averti également le SNAESURS. 

Une source proche de cette structure syndicale confie qu’une rencontre est prévue entre les différentes parties, dans les prochains jours.

Dossier à suivre…

Dansa Camara DC 

Pour Africaguinee.com