Guinée : Le Gouvernement inaugure le Centre National d’Alerte Précoce…
CONAKRY-Le Centre National de Coordination du Mécanisme de Réponse d’Alerte Précoce aux Risques Sécuritaires de Guinée a été officiellement lancé ce mercredi 20 novembre 2024. C’est le Premier ministre qui a procédé au lancement, en présence de certains membres du gouvernement dont le ministre de la sécurité et de la protection civile, Général Bachir Diallo, le ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de Guinéens établis à l’étranger, Dr Morissanda Kouyaté, le ministre de la Santé et de l’hygiène publique, Dr Oumar Diouhé Bah.
La construction et l’équipement de ce Centre ont été rendus possibles grâce au soutien financier de l’Union Européenne, la GIZ à travers son projet EPSAO et la CEDEAO. Il s’inscrit dans le cadre du Renforcement des capacités des Etats membres de la CEDEAO sur les questions de paix et de sécurité, afin d’avoir des solutions pérennes par des approches holistiques aux problématiques sécuritaires qui se posent à ces Etats. Ainsi, il a été recommandé par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, de mettre en place des Centres Nationaux de Coordination du Mécanisme d’Alerte Précoce et de Réponse aux Risques Sécuritaires, qui seront chargés d’impulser, de coordonner et d’assurer le suivi des fonctions fondamentales de l’Etat vis-à-vis de sa population en matière de gouvernance sécuritaire.
Pour donner suite à cette recommandation, la République de Guinée a créé ce Centre par décret N°105/PRG/SGG/2020 le 09 juin 2020. Le Centre National de Coordination du Mécanisme d’Alerte Précoce et de Réponse aux Risques Sécuritaires de Guinée a pour objectifs de :
- Recueillir en temps utile les informations relatives aux Menaces réelles et potentielles à la Sécurité, la Santé, l’Alimentation, l’Environnement et la Paix en Guinée ;
- Alerter le Gouvernement sur la nature et l’ampleur des menaces identifiées ;
- Suggérer des réponses et / ou des approches de Solutions aux menaces identifiées ;
- Coordonner la mise en œuvre des réponses adoptées par le gouvernement et celles apportées par les organisations sous-régionales, régionales et internationales ;
- Prendre les mesures nécessaires afin de réduire au maximum le temps de réaction entre l’alerte sur les menaces identifiées et les réponses à apporter par les autorités nationales et les autres acteurs concernés ;
- Contribuer au renforcement de l’architecture paix et sécurité de la CEDEAO pour plus de cohérence et d’efficacité dans les interventions.
Dans son discours, le Premier ministre a adressé les remerciements du gouvernement à la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour cette initiative qui a permis la construction de ce Centre en Guinée.
« Merci pour la coopération et l’accompagnement de la Commission Economie des Etats de l’Afrique de l’Ouest pour avoir doté la Guinée de ce Centre, qui en tant que premier ministre, chef du gouvernement, dès le début de ma fonction, a été un allié avec lequel j’ai travaillé pour apporter des éléments de réponse à des crises que nous avons vécues récemment. Donc merci pour tout cela et c’est pour dire que l’existence de ce Centre est devenue une réalité et en plus c’est une nécessité pour encourager le renforcement de tous les centres d’alerte précoce sur l’ensemble des pays Ouest-africains », a déclaré Amadou Oury Bah qui a rappelé que la question de la paix et de la sécurité est une question pendante en Afrique de l’Ouest.
« Nos voisins de l’autre côté au Sahel se retrouvent dans des situations particulièrement difficiles et cela nous inquiète. Nous ne sommes pas indifférents à ce qui se passe. Nous devons par conséquent prendre les mesures qu’il faudrait prendre pour prévenir et protéger l’intégrité territoriale de la Guinée, anticiper sur certains risques. Non pas pour se protéger et dire tant pis pour les autres, mais d’abord se protéger, et consolider la stabilité et la paix en Guinée, pour dans un second temps contribuer plus efficacement à restaurer et à rétablir la paix et la sécurité chez les voisins. C’est la raison pour laquelle nous avons demandé à ce que le Massif du Foutah Djallon soit inscrit comme patrimoine mondial de l’UNESCO ». Mieux, il a sollicité le soutien de la CEDEAO pour l’atteinte des objectifs du Centre.
« Nous avons besoin du centre d’alerte précoce, nous avons besoin de la coopération avec la CEDEAO et avec l’ensemble des partenaires pour que nous puissions être encore mieux préparés pour assumer notre responsabilité dans la prévention de tous les risques liés à ce qui peut impacter la sécurité et la vie des populations », a sollicité Amadou Oury Bah.
Pour sa part, la vice-présidente de la commission de la CEDEAO qui a pris part au lancement du Centre National de Coordination du Mécanisme de Réponse de l’Alerte Précoce aux Risques Sécuritaires de la République de Guinée a expliqué aux autorités guinéennes que le dispositif de renforcement de la prévention des conflits qu’ils ont lancé officiellement ce mercredi 20 novembre 2024 est une avancée significative dans l’architecture de paix et de sécurité de la Guinée et de l’ensemble de la sous-région.
« Depuis quelques années, le Sahel Central et le Bassin du Lac Tchad sont victimes d’insécurités multiples dont les conséquences sur les populations et le développement national sont considérables. Récemment, l’expansion de cette situation vers les pays côtiers a été constatée. En observant les causes de cette insécurité, il ressort l’impérieuse nécessité de renforcer la prévention par l’anticipation des menaces et la résolution rapide des risques. C’est ce qui justifie l’importance du Centre national de l’alerte précoce et de la réponse pour la Guinée. Le concept d’alerte précoce renvoie à celui de prévention des conflits dont il est le premier pilier », a expliqué Madame Damtien L. Tchintchibidja. Le but de ce Centre est de détecter et d’anticiper les difficultés afin d’apporter les corrections et des ajustements nécessaires, précise la diplomate.
« La mise en place des Centres nationaux qui s’inscrit dans la perspective de l’opérationnalisation complète du mécanisme régional est un pilier essentiel de l’architecture, paix et sécurité de nos États membres. En effet, le mécanisme devra sous peu couvrir toute la région de la CEDEAO et se poser comme l’instrument de solidarité communautaire indispensable pour la prévention, la gestion et la résolution des conflits. L’objectif visé par la création de ces Centres est de permettre à notre région d’anticiper et de faire face avec succès aux nombreux défis sécuritaires transfrontaliers auxquels elle est confrontée, défis qui sont liés entre eux et dont les causes sont multiformes. Une démarche systémique, par conséquent holistique, accompagnée de stratégies multisectorielles fondées sur une approche à la fois préventive et protectrice, et tout ceci dans un contexte régional.
À titre illustratif, la récurrence et la gravité des attentats terroristes et la montée de l’extrémisme violent dans le pays rendent nécessaire et urgent la coopération entre nos États membres dans le cadre d’une approche transnationale. Dans le domaine de la santé, la crise d’Ebola qui a frappé notre région en 2014 et plus récemment la pandémie de la COVID-19 ont prouvé les faiblesses en matière d’alerte précoce et de prise en charge sanitaire qui nécessitaient une meilleure coordination de nos actions tout en respectant le protocole de libre circulation des personnes et des biens dans la région de la CEDEAO », indique Madame Damtien L. Tchintchibidja.
Elle ajoute d’autres défis tels que la famine qui place des millions de personnes dans une situation d’insécurité alimentaire préoccupante. À cela s’ajoutent des flux de personnes déplacées et des réfugiés qui traversent les frontières du fait de divers facteurs d’insécurité notamment le terrorisme et l’extrémisme violent ou en quête d’un avenir meilleur. Poursuivant, la diplomate de la CEDEAO a souligné que les risques de conflits entre agriculteurs et éleveurs mais également les conséquences dramatiques des changements climatiques sources de crise doivent être surveillées avec la plus grande attention. « En somme, la nature des menaces impose des réponses régionales, une plus grande solidarité et une meilleure coordination entre les États membres de la CEDEAO », a fait savoir Madame Damtien L. Tchintchibidja.
Le processus de création des centres nationaux d’alerte précoce et de réponse a débuté en 2015 à la suite de l’adoption par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’acte additionnel de juillet 2014 rappelle la vice-présidente de la commission de la CEDEAO
« L’objectif est d’installer des Centres nationaux dans tous les 15 États membres de la CEDEAO d’ici 2025. Aujourd’hui, nous inaugurons le 11ème Centre national qui est déjà opérationnel. Du fait de sa nature et de son marquage institutionnel, ce dispositif permettra de renforcer la collaboration entre les services nationaux chargés des questions de sécurité humaine. Il aidera aussi à mutualiser les efforts et les réponses au niveau national et régional dans la lutte contre les menaces liées à cette problématique », dit-elle
Le Centre National de Coordination du Mécanisme de Réponse de l’Alerte Précoce aux Risques Sécuritaires de la République de Guinée est dirigé par le colonel Aliou Diakité. Dans son discours, il a déclaré que ce Centre est une structure nationale à vocation régionale. Il travaille sur les risques et les vulnérabilités, qu’elles soient structurelles et institutionnelles, afin de développer des capacités de résilience au niveau des communautés et minimiser les menaces et surtout éviter que les crises ne surgissent.
« Nous sommes un service qui vient en collaboration avec les autres pour la consolidation de l’architecture de paix et de sécurité. Nous travaillons sur cinq axes présents. La gouvernance des droits humains, les crimes et criminalités, l’extrémisme violent, la radicalisation, le terrorisme et la sécurité maritime, sur les épidémies et les pandémies, donc la santé publique et l’environnement des catastrophes environnementales et le changement climatique. Voilà les cinq thèmes qui sont donnés par la direction d’alerte précoce », a expliqué Colonel Aliou Diakité.
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : 00224 666 134 023
Créé le 20 novembre 2024 18:23Nous vous proposons aussi
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