Guinée : le CNRD et la diversion perdante…

Jean Marc Teliano, leader du RDIG

« Wo alou akha akhawali ragnôn ! » (Laissez-le terminer son travail ! » Tel est le slogan scandé à satiété, à une certaine époque récente de notre histoire, pour permettre au Président Alpha Condé de bénéficier du vote massif du peuple de Guinée pour un 3ème mandat à la tête du pays.

« Wo alou akha akhawali ragnôn ! Ce cri de nos populations, loin d’une expression d’amour ou de soutien personnel à un homme, était plutôt l’expression d’un souhait et d’une inquiétude. Le peuple de Guinée exprimait à travers ce slogan, son inquiétude de voir les différents chantiers ouverts par le

Président Alpha Condé s’arrêter par l’arrivée d’autres dirigeants dont on ne savait rien encore des capacités ou de la moralité.

Le peuple de Guinée se demandait si un changement de régime n’allait pas compromettre, entre autres, les chantiers routiers Coyah-Mamou-Dabola ou Coyah-Farmoréah. On s’inquiétait pour les projets de grands barrages hydroélectriques déjà lancés, mais non encore terminés, la gente féminine s’inquiétait par exemple du sort des MUFFA, ainsi que tant d’autres chantiers de ce type…

Mais au sortir de l’élection présidentielle du 18 octobre 2020, quelle ne fût la déception de ce même peuple face à la nouvelle orientation imprimée à la marche de la nation par les autorités nouvellement réélues ou nommées à des hautes responsabilités. Au-delà du mépris choquant enregistré dans le fait de promulguer une toute autre version de la Constitution que celle votée par nos populations, les ségrégations flagrantes dans les nominations et la tendance népotiste de l’occupation des postes administratifs ont fini par émousser la confiance du peuple de Guinée. Le peuple de Guinée vivait au quotidien une manifestation violente du mépris, de l’arrogance et de l’ingratitude la plus crasseuse de la part de ceux-là qui étaient chargés de mener les destinées de la Nation. Nos citoyens subissaient stoïquement et dans une pesante résignation, ce rouleau compresseur d’une gouvernance qui tendait chaque jour vers la dictature.

C’est pourquoi, dans la matinée du 5 septembre 2021, lorsque les forces de défense et de sécurité ont annoncé au peuple de Guinée et au monde la fin du régime du RPG Arc-en-ciel, c’est une marée de clameur joyeuse qui a secoué le pays tout entier, ainsi que chaque guinéen conscient aux 4 coins de la planète. L’avènement du Conseil National du Rassemblement pour le Développement aura suscité un immense espoir. Le peuple de Guinée respirait à plein poumon une autre ère de libération. On voyait tout en rose et on se disait que tout est enfin ouvert et possible vers un avenir radieux de notre patrie.

Aujourd’hui, moins de 6 mois après, certaines démarches entreprises par le CNRD commencent à détériorer sérieusement la confiance de notre peuple et susciter des interrogations lancinantes et des doutes anxieux.

Il se dégage une curieuse impression de revanche et une tendance à l’humiliation de tous ceux qui, à une certaine époque de notre histoire, ont eu à gérer une once de responsabilité dans ce pays. Les grands noms qui ont marqué le paysage politique, économique, culturel ou même médiatique de ce pays semblent tous être dans le viseur des nouvelles autorités. L’âge, la compétence et l’expérience sont devenus des délits dans ce pays. Les vieux sont insultés et rabaissés. Les anciennes autorités sont pourchassées et humiliées.

La Guinée administrative et sécuritaire est décapitée. Plus de 6600 Fonctionnaires qui tenaient les administrations, des bureaux aux salles de classes, en passant par les structures sanitaires, sont devenus des chômeurs, du jour au lendemain. Près d’un millier d’officiers supérieurs de tous les corps de défense et de sécurité sont rendus à la rue. 1000 militaires des rangs sont mis à la retraite le même jour. Au total, nous sommes à environ 11.000 travailleurs actifs de ce pays contraints au chômage précipité aujourd’hui.

Ajouter à ceux-là, tous les anciens membres du gouvernement déchu, tous les députés de la 9ème législature, tous les hauts responsables (secrétaires généraux, chefs de cabinets, directeurs de cabinets, directeurs nationaux, directeurs généraux et leurs adjoints…), 34 ambassadeurs rappelés… et encore, et encore… les nouvelles autorités pensent-elles que c’est un crime d’avoir servi cette nation en tant que ministre, en tant que député, en tant qu’anciens officiers de la police, la douane, la gendarmerie ou de l’armée ?

Aujourd’hui avec ces séries de décrets redondants qui défilent chaque nuit sur la Télévision nationale, c’est à croire que les nouvelles autorités se font un absurde plaisir de se créer des adversaires, des ennemis ou une opposition expresse et sur mesure. Cette grogne sourde mais évolutive menace à ce jour la stabilité de notre pays et la quiétude de nos populations.

Et si à cette situation déjà lourde de prémisses d’explosion sociale, on s’enfonce encore dans ce que les autorités du CNRD ont nommé « Dossiers de récupération du patrimoine bâti et non bâti de l’Etat », l’on peut évaluer ce que vit notre pays en cet instant précis de son histoire.

Des entreprises privées locales ou étrangères qui ont signé des baux emphytéotiques avec l’Etat guinéen et qui ont déjà effectués de lourds investissements dans le pays sont sommées manu militari de quitter ces réalisations. Des citoyens sont délogés sans ménagement et sans dédommagement de leurs investissements sur les domaines publics. Tout un climat de scandale et de stress est sciemment entretenu dans nos cités. Nos journées sont devenues anxieuses et nos nuits troublées de cauchemars. Comme si la paix du cœur et de l’esprit chez nos paisibles populations ne préoccupe guère nos nouvelles autorités.

Les conséquences juridiques et pécuniaires de ces agissements pour le moins absurdes ne semblent aucunement effleurer la conscience de nos autorités nationales. Sans compter l’effet inquiétant et révulsif que cela pourrait produire sur d’éventuels investisseurs qui seraient tentés de choisir la destination Guinée.

Au regard ce cette situation tendancieuse, le parti RDIG exprime sa vive préoccupation et se pose des questions essentielles :

– Quels avantages les nouvelles autorités pensent-elles tirer de la mise au chômage d’un si grand nombre de citoyens guinéens expérimentés ? des cadres sur lesquelles la Guinée a investi des milliards pour la formation continue sur de longues années.

– Comment les nouvelles autorités pensent-elles encourager d’éventuels investisseurs étrangers à entreprendre en Guinée lorsque les premiers

sont expropriés au-delà de toutes normes réglementaires ?

– Quel crédit et quel respect les nouvelles autorités souhaitent-elles que les observateurs des autres nations accordent à la République de Guinée lorsque chaque régime qui s’installe s’évertue à annuler ou nier les décrets ou autres engagements régaliens des régimes précédents ?

– Quelle image de la Guinée les nouvelles autorités veulent-elles laisser dans des procès internationaux avec des partenaires ou entreprises qu’elles auraient arbitrairement expropriés ? Combien d’ailleurs vont coûter de tels procès au trésor public guinéen ?

En définitive, le parti RDIG lance un appel pressant aux nouvelles autorités guinéennes à se ressaisir. Les passions, les rancoeurs, le complexe et le populisme ne peuvent mener un Etat. La Guinée a plus besoin aujourd’hui de quiétude et d’union que de sauts d’humeur ou de mouvements d’éclats.

Recentrons le débat sur l’essentiel ! Et l’essentiel en cet instant précis, après 6 mois de transition, c’est la mise en place des mécanismes d’un retour apaisé et rapide à l’ordre constitutionnel normal. C’est, en un mot ou en mille, l’organisation des élections. Tout le reste n’est que diversion. Une diversion risquée et… perdante.

Honorable Jean Marc TELLIANO

Ancien Ministre

Président du RDIG

Coordinateur délégué de l’UPP

Créé le 18 février 2022 18:37

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