Guinée-L’UE sanctionne la « répression » des opposants : un volet de son aide suspendu…

Alpha Condé, Président de la République de Guinée et Joseph Coll, Chef de la délégation de l’Union européenne en Guinée, lors d'une audience en février dernier à Conakry

CONAKRY-La Délégation de l'Union Européenne, a suspendu un volet de son aide à la Réforme du Secteur de Sécurité (PARSS) en Guinée. Après avoir constaté de manière "indéniable" l'implication de la Brigade de Recherche et d'Intervention (BRI) dans des missions visant les opposants politiques, la délégation a décidé d’interrompre son soutien alors que la fin de l'appui courrait jusqu'en 2022.

La BRI est une unité qui avait été mise en place par le Gouvernement guinéen pour faire face aux réseaux criminels, lutter contre le grand banditisme et intervenir en cas d'attaques terroristes. L’Union européenne (UE), a financé le Programme d’Appui à la Réforme du Secteur de Sécurité (PARSS) en Guinée. Bruxelles a appuyé entre autres réalisations, la création et l’opérationnalisation de la Division d’appui opérationnel (DAO) dont la BRI est l’une des trois sections au sein de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), a-t-on appris.

Dans le cadre de la lutte contre le crime organisé et pour prévenir la menace terroriste, d’important moyens roulants, de transmission, de tenue et d’équipements d’intervention et de protection, de moyens de surveillance terrestre et aériens, de moyens bureautiques et informatiques, ont été acquis au bénéfice de la DAO.

L'UE a en outre appuyé des actions de formation axées aux techniques d’intervention (surveillance, filature, collecte du renseignement, adaptation à toutes les formes de délinquance. Selon nos informations, l'accompagnement avait commencé en 2013, avec un projet d’appui à la police de proximité, piloté par le ministère de la sécurité. Cet appui a continué avec le PARSS2 et le PARSS3. La fin de l’appui de l’UE est prévue en 2022.

Octobre 2019, commençaient en Guinée de gigantesques manifestations organisées par le FNDC (front national pour la défense de la constitution) qui, à l'époque, protestait contre le projet de réforme constitutionnel. Ces manifestations ont été réprimées dans le sang, faisant des dizaines de morts, de blessés et d'arrestations qualifiées d'arbitraires par l'opposition et des ONG indépendantes de défense des droits humains. L'implication de la Brigade de Recherche et d'Intervention (BRI) dans ces opérations a été constatée et dénoncée.

Un cas a retenu l'attention. Le 6 mars 2020, Ibrahima Diallo et Sékou Koundono, deux hauts dirigeants du FNDC avaient été arrêtés dans la banlieue de Conakry. Dans son rapport de 2020 intitulé Guinée "Marcher et mourir", Amnesty International a pointé l'implication de la BRI dans ces arrestations.

 "Des agents de la Brigade de Recherche et d’Investigation (BRI), une unité de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), ont défoncé le portail du domicile d’Ibrahima Diallo, et escaladé le mur pour accéder à la cour. Ces agents, vêtus de gilets pare-balles et cagoulés, sont intervenus sans titre d’un juge d’instruction, convocation ou mandat, selon les avocats des deux hommes. Ils ont été conduits à la DCPJ et entendus pour « outrage à agents, violence par voie de faits, atteinte et menace à l’ordre et à la sécurité publics, à l’intégrité et à la dignité des individus par le biais d’un système informatique", explique-t-on dans le rapport consulté par votre quotidien en ligne.

Saisie par Amnesty International, la délégation de l’UE en Guinée a confirmé son appui à la DAO (Division d’appui opérationnel) de la DCPJ dont la BRI est l’une des trois sections.  L'UE a indiqué, dans sa réponse, que l'emploi de la BRI dans des missions visant des opposants politiques est indéniable.

« Le constat d’emploi de la BRI dans des missions visant les opposants politiques est indéniable (…), mais rien ne pouvait laisser présager, lors de sa création à l’automne 2015, et plus largement lors de la création de la DAO, que cette dérive interviendrait plus de 4 ans plus tard », a répondu la délégation de l'UE à une lettre d'Amnesty International.

La délégation a précisé que « l’objectif de l’Union européenne était de doter la police guinéenne d’un service capable de collecter du renseignement judicaire afin de neutraliser des réseaux criminels et capable d’intervenir contre du grand banditisme et des attaques terroristes ». Face aux reportages parus dans la presse écrite et numérique qui montraient l'intervention de la BRI dans un cadre plus large, la délégation a décidé :

« D’interrompre son soutien à des activités déjà prévues, telles que l’appui à la sélection et au recrutement de personnels pour compenser les pertes en effectifs et renforcer la structure ; l’effort d’experts pour le renforcement des acquis des personnels dans le domaine de la surveillance, de la filature et de l’interpellation ; et une mission de formation au protocole de gestion des enlèvements".

Un haut responsable d'Amnesty International contacté par Africaguinee.com, a confirmé ces réponses de l'Union Européenne. Interpellée sur ce sujet et comprendre également jusqu'à quand cette interruption pourrait s'étendre, la délégation de l'UE n'a pas souhaité faire de commentaires.

Par contre un conseiller proche de la présidence, a indiqué que l'appui des institutions comme l'ONU, l'UE, au gouvernement guinéen dans son programme de réforme des services de sécurité continue.

"L'impact de la réforme du secteur de sécurité engagée depuis 2010, chaque guinéen en est conscient. La BRI est division de la police judiciaire. Ce n'est pas une brigade de répression, elle agit dans le cadre de la prévention, de la lutte contre le grand banditisme. La France tout comme l'union européenne, l'ONU, ont accompagné le Gouvernement guinéen dans son programme de réforme du secteur de la sécurité. Leur apport dans le cadre du renforcement de l'architecture sécuritaire national est indéniable. Ces appuis-là continuent", a indiqué notre source, qui n'a pas voulu faire plus de commentaires.

 

Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 655 311 112

Créé le 25 mars 2021 12:09

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