Grande interview : Le jeune étudiant guinéen, Mamadou Aliou Diallo guérit d’Ebola au Sénégal parle… (Exclusif)

Mamadou Aliou Diallo, étudiant guinéen

CONAKRY- Mamadou Aliou Diallo est un autre miraculeux de la vie ! Le jeune guinéen qui avait transporté le virus Ebola au Sénégal se souvient encore de ces moments de stress qu’il a vécus lorsqu’on lui a annoncé qu’il était porteur de ce virus mortel. Dans cet entretien exclusif qu’il a accordé à notre rédaction, le jeune Diallo originaire de la préfecture de Labé raconte les circonstances de son rapatriement vers son pays ainsi que ses conditions d’hospitalisation dans un hôpital de Dakar. Exclusif !!!

 

AFRICAGUINEE.COM : Mamadou Aliou Diallo bonjour !

MAMADOU ALIOU DIALLO : Oui bonjour !

Expliquez-nous dans quelles conditions vous avez pu revenir dans votre pays en Guinée après avoir été soigné de la maladie d’Ebola au Sénégal.

Mon retour ici (Guinée) est le fruit des négociations menées entre les deux gouvernements. Je ne sais pas comment ça s’est passé. Parce qu’avant le décollage à Dakar, on m’avait dit qu’on devait atterrir à Conakry.

Et comment votre avion a pu atterrir à Kédougou ?

C’est après le décollage qu’on m’a dit que c’est à Kédougou que l’avion devait se limiter. Vous savez cette affaire était devenue en  quelque sorte une affaire diplomatique entre les deux pays (le Sénégal et la Guinée, Ndlr). Je ne sais pas comment la destination a été changée. C’est comme ça que je me suis retrouvé à Kédougou.

De kédougou en territoire sénégalais vous êtes venu par la voie terrestre jusqu’à Labé ?

Oui par voie terrestre !

Avez-vous subi une quelconque pression  de la part autorités sénégalaises pour précipiter votre retour en Guinée ?

Non, c’est moi qui ai décidé de rentrer. J’avais certains de mes parents qui sont décédés. Donc, j’ai décidé de rentrer (en Guinée).

Pourquoi vous a-t-on alors affrété un vol spécial ?

Là, je n’ai pas bien compris parce que les frontières étaient fermées. Et, j’avais décidé de rentrer. Je suis citoyen guinéen, j’étais en contact avec l’ambassade de Guinée à Dakar. Pour moi, c’était l’ambassade qui a négocié avec le gouvernement sénégalais. Mais je ne sais pas comment ça s’est passé.

Le gouvernement Sénégalais avait pourtant décidé de vous ramenez en Guinée avant même que vous ne quittiez l’hôpital…

Bon, à ce niveau je n’ai pas compris parce que là où j’étais je n’avais assez d’informations. Moi tout ce que je sais, quand j’ai décidé de rentrer en Guinée, ils m’ont dit d’attendre la confirmation (du gouvernement guinéen).

 M. Diallo, dites-nous comment avez-vous été accueilli à la frontière de Kédougou ?

Il y avait des militaires qui étaient là, qui nous attendaient. Ce sont eux-mêmes qui m’ont ramené jusqu’à Mali Yembéring. De là, j’ai été transporté par d’autres personnes à bord d’une ambulance jusqu’à Labé.

Comment avez-vous été accueilli par votre famille ?

J’ai été bien accueilli parce que déjà tout le monde n’attendait que moi. Je suis rentré tard mais, tout le monde était dans la case, on m’attendait.

N’avez-vous pas été victime de stigmatisation de la part de certains de vos parents ?

Non, non, non, depuis mon arrivée ici jusqu’au moment où on parle comme  ça, je reçois des visites à tout moment. Tout le monde semble être de bonne foi avec moi. C’est un grand soulagement.

Parlant de votre séjour au pays de la terranga, des jeunes Sénégalais qui vous accusent d’avoir drainé le virus Ebola dans leur pays avaient voulu attenter à votre vie. Comment avez-vous vécu ces moments ? 

C’est quelques jours après mon hospitalisation que j’ai suivi ça. Mais depuis que certaines personnes  ont commencé à se révolter, j’ai été sécurisé davantage à l’hôpital. Les parents aussi étaient sécurisés à la maison. Le médecin aussi qui me suivait à l’hôpital, rassurait la population sur ma situation à l’hôpital. Les gens ont compris, ils se sont calmés. 

Après votre guérison, comment avez-vous vécu vos derniers moments au Sénégal ?

J’étais un peu stigmatisé, mais tous ceux venaient me rendre visite étaient vraiment très gentils avec moi. Je n’ai pas senti une stigmatisation, je parlais avec tous ceux qui venaient me rendre visite.  J’étais d’accord avec tout le monde surtout quand ils ont su que j’étais en bonne santé. 

Avez reçu la garantie de la part des autorités de Dakar que vous pourriez retourner au Sénégal  lorsque vous le souhaiteriez?

Ils ne m’ont pas garanti cela, mais ils ne m’ont pas interdit aussi de repartir là-bas. Donc, c’est une décision qui me revient, parce que j’ai des parents là-bas.

Lorsqu’on a confirmé que vous étiez atteint du virus Ebola, moralement et psychologiquement, comment vous vous sentiez ?

Ça n’a pas du tout été facile. Ça me touchait profondément et ça me  faisait beaucoup réfléchir. A chaque moment je pensais que c’était mon heure. J’étais stressé, angoissé. Ce n’était pas facile pour moi.

Mais progressivement, j’ai commencé à avoir confiance. Je sentais en moi que ça commençait à aller et que j’allais m’en sortir.

Est-ce qu’il y avait des personnes qui vous remontaient le moral ?

Oui je recevais les appels des médecins. Ils me parlaient, me moralisaient beaucoup.

Maintenant que vous êtes arrivés en Guinée, dites-nous quels sont vos projets ?

Pour l’instant je reste en famille. Mais j’ai décidé de continuer comme les autres, de lutter contre cette maladie. J’apporterais mon mieux pour que cette épidémie soit éradiquée du pays.

 

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1 et SOUARE Mamadou Hassimou

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 31 11 12

 

Créé le 26 septembre 2014 10:38

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