Gouvernance : Ousmane Gaoual Diallo sort ses « griffes » contre le Premier Ministre… (Interview)

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CONAKRY- Le député uninominal de Gaoual vient de porter un jugement sur le discours prononcé le 4 Mai dernier à l’Assemblée Nationale par le Chef du Gouvernement guinéen. Le conseiller politique de Cellou Dalein Diallo a porté de graves accusations sur le Premier Ministre Mamady Youla et son équipe. En toute exclusivité, le député Ousmane Gaoual Diallo a décortiqué le discours du Premier Ministre Mamady Youla au micro de notre reporter. Exclusif !!!

 

AFRICAGUINEE.COM : Honorable Ousmane Gaoual Diallo bonjour !

OUSMANE GAOUAL DIALLO : Bonjour Monsieur Diallo !

Quelle lecture faites-vous du discours de politique générale du Premier ministre Mamady Youla devant les députés ?

D’abord sur la forme il faut d’entrée de jeu déplorer le fait que le Premier ministre ait attendu quasiment quatre mois après sa nomination pour s’exécuter de cette disposition constitutionnelle. La deuxième chose, est qu’il s’est présenté devant la représentation nationale avec son Gouvernement sans avoir appliquer l’une des dispositions constitutionnelles les plus importantes qui l’obligeait à respecter la loi, en se conformant à la déclaration des biens avant la prise de fonction.

Sur le discours, lui-même, il était très long, truffé d’approximation, d’imprécision, des phrases incantatoires et beaucoup de légèreté dans les chiffres qui ont été annoncés. Sur la forme, il n’était absolument pas du tout réaliste.

Beaucoup de députés présents dans la salle avaient tout de même estimé que Mamady Youla a pu tirer son épingle du jeu, en tenant un discours  « élégant » et plein de « promesses », qui toutefois si elles sont réalisées pourraient changer les choses. Qu’en dites-vous ?

Je ne sais ce qui a plu à ces députés. Moi je vais dire deux choses. Lorsqu’un Gouvernement en 2016 annonce qu’il va atteindre en 2020 un prélèvement de 10% pour consacrer à sa santé, alors que le minima dans la sous-région est de 15%, je ne vois pas en quoi cela nécessite qu’on pavoise. La deuxième, lorsque le Premier ministre annonce qu’il va atteindre un taux de croissance de deux chiffres, alors qu’aujourd’hui on est au stade en dessous de zéro, on est à des taux de croissance négatifs de -2.5%, je ne sais pas pourquoi on va applaudir.

Lorsqu’on voit la liste des réalisations qui ont été faites, il y a assez de projets cités qui ont été entamés au temps de Lansana Conté. Il fait des promesses en l’air lorsqu’il dit ça dans des phrases insensées parlant de 750.000 créations d’emplois pour un Gouvernement qui détruit de l’emploi depuis qu’il est là. Toutes les grandes usines, ont fermé ou ont foutu le camp.

En parlant de la Justice, lorsqu’il parle du respect de la loi pour un Gouvernement qui est incapable d’ouvrir des enquêtes judiciaires alors que 60 guinéens ont été tués sous son règne, je ne vois pas en quoi tout ça est de nature à nous rendre heureux et amener à des applaudissements ou à des appréciations. Donc, sur le plan judiciaire, ce n’est pas la panacée, sur le plan de la réduction de la pauvreté, vous êtes à Conakry, vous vivez la misère quotidienne des ménages.

Ils se sont vantés d’avoir créé des unités industrielles dans notre pays. D’accord, il y a quatre usines de ciment aujourd’hui en Guinée. Mais combien coûte le sac du ciment ? 60.000 GNF à Conakry alors qu’il coûte 35.000 francs au Sénégal qui ne compte que trois usines de ciments.

Pour moi, ce discours rejoint tous ces pamphlets démagogiques qu’on nous a servis depuis l’installation du RPG-arc-en-ciel au Pouvoir. Donc, on est loin de la réalité. Le budget du développement, quand vous regardez sa répartition spatiale, c’est trois régions qui sont citées pour bénéficier des investissements publics, une région toute entière est oubliée. Où est l’équité entre les régions ?

Quelle est la région qui a été lésée selon vous ?

La moyenne Guinée est quasiment oubliée. Alors qu’on nous annonce des chiffres de 4000 salles de classes qui ont été construites dans notre pays, moi, je suis ressortissant de Gaoual, je ne peux pas croire qu’on puisse construire 4000 salles de classes en Guinée sans que Gaoual n’ait une seule classe. Qu’on nous dise clairement où on a construit ces salles de classes (région, préfecture, sous-préfecture) sans sortir des chiffres comme ça en l’air. Cela n’est pas de nature à rendre crédible un Gouvernement qui se veut respectueux de son peuple. Je répète que ce discours d’orientation politique était creux, il manquait de vision et de visibilité.

Il faut que le Gouvernement apprenne à dire aux gens la réalité. Déjà on n’arrive à payer les fonctionnaires que par la planche à billet, parce qu’on n’a pas de production. Il est obligé de multiplier par deux les taxes et l’impôt qui frappent les populations guinéennes, d’accroitre les prix des denrées de première nécessité pour trouver des devises, de vendre les passeports dans toutes les chancelleries étrangères comme des cacahuètes deux ou trois fois les prix officiels pour trouver de la devise. Il y a une dé-corrélation totale entre les promesses et ce qui se trouve dans nos caisses.

Le Gouvernement devrait être honnête en disant aux guinéens la situation désastreuse dans laquelle il nous a plongés et solliciter la clémence publique pour arriver à rééquilibrer nos finances, à augmenter le pouvoir d’achat des gens, que de rentrer dans l’annonce des chiffres qui ne correspondent à rien du tout.

Pensez-vous donc que Mamady Youla n’est pas l’homme de la situation ?

Je n’ai jamais eu confiance à sa capacité de sortir la Guinée de la crise multidimensionnelle que le pays connait. Dès qu’il a été installé, j’étais l’une des rares voix à s’élever pour dire qu’il n’est pas l’homme de la situation. Il manque de compétence, d’envergure et d’expérience pour sortir la Guinée de cette crise très profonde dans laquelle le RPG-arc-en-ciel et son président nous ont plongés.

Votre mot de la fin ?

Les populations guinéennes doivent se réveiller encore pour pouvoir dire à ce gouvernement que la dérive dans laquelle, il nous a plongé en dépensant ce qu’il n’a pas, il doit payer les conséquences. Il ne faut pas que les populations continuent de souffrir économiquement, de souffrir de l’absence d’une bonne justice, de la sécurité, sans pouvoir agir. Il est temps de dire stop à tout ça.

 

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 112

Créé le 12 mai 2016 15:39

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