Gouécké (Nzérékoré) : Un bébé d’un mois succombe après des tirs de gaz lacrymogène près d’un orphelinat

Une ruelle du centre de Gouecké

NZÉRÉKORÉ – Un nourrisson âgé d’à peine un mois a trouvé la mort à l’orphelinat Saint Kisoto de Gouécké, dans la préfecture de Nzérékoré, à la suite de tirs de gaz lacrymogène. L’information a été confiée à Africaguinee.com par un membre du clergé catholique de Nzérékoré, dont dépend l’orphelinat.

Selon nos sources, ce drame est survenu en marge des violences enregistrées à Gouécké le 27 mai dernier, dans le cadre d’un conflit domanial ayant dégénéré. Des affrontements ont opposé les citoyens aux forces de sécurité déployées sur le terrain. Les tirs de gaz lacrymogène lancés dans le voisinage immédiat de l’orphelinat ont provoqué des malaises chez plusieurs enfants.

Au moins trois enfants ont dû être transférés d’urgence à l’hôpital régional de Nzérékoré pour y recevoir des soins, selon nos informations.

Interrogé par Africaguinee.com, l’Abbé Mathieu Loua, Vicaire général du diocèse de Nzérékoré, est revenu sur les circonstances de ce décès.

« Je ne peux pas affirmer de manière catégorique, mais j’ai demandé qu’un rapport médical détaillé soit établi pour comprendre les causes exactes de la mort. Ce qui est certain, c’est qu’à la suite du litige foncier à Gouécké, des gendarmes ont été déployés. En arrivant sur les lieux, ils auraient embarqué certains citoyens sur la zone litigieuse.

En réaction, les habitants de Gouécké se sont mobilisés pour protester. C’est alors que les forces de l’ordre ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes, notamment au carrefour de Nyonda et de Womey. Or, l’orphelinat Sainte Kisoto se trouve juste à cet angle.

En constatant que les enfants suffoquaient, la religieuse responsable de l’orphelinat serait sortie interpeller les gendarmes, leur demandant d’arrêter car les enfants étaient en danger. C’est à ce moment qu’un gendarme aurait réagi de manière agressive. La sœur aurait sorti son téléphone pour m’appeler, car elle avait appris que j’étais en route vers Gouécké. Un agent a alors crié qu’elle voulait les filmer. Un autre a sauté vers elle pour lui arracher le téléphone. Comme elle a résisté, il lui aurait administré une gifle.

Deux autres agents sont ensuite intervenus pour l’embarquer, ce qui a coïncidé avec mon arrivée sur les lieux. Après cela, plusieurs enfants ont présenté des signes de malaise. Trois d’entre eux ont été transférés à Nzérékoré pour des soins. La sœur elle-même a été hospitalisée pendant trois jours à cause des effets du gaz. Et c’est dans ce contexte qu’un des bébés est malheureusement décédé », a déclaré l’Abbé Loua.

À ce stade, le parquet de Nzérékoré n’a pas encore réagi à cette affaire, malgré nos tentatives de contact.

L’enquête se poursuit.
À suivre.

SAKOUVOGUI Paul Foromo
Correspondant régional d’Africaguinee.com
En Guinée Forestière
(00224) 628 80 17 43

Créé le 8 juin 2025 09:40

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