France: l’immigration ébranle à nouveau la majorité

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PARIS- Jean-Marc Ayrault s'est efforcé mercredi de couper court à une nouvelle polémique dans la majorité après l'expulsion contestée d'une jeune Kosovare et de sa famille en promettant de réparer une éventuelle "faute", alors que Manuel Valls invoque le droit.

Après un affrontement avec la ministre du Logement, Cécile Duflot, sur la question des Roms, le ministre de l'Intérieur est de nouveau en butte aux critiques de son camp et de certains de ses collègues pour le renvoi de Leonarda, 15 ans, interpellée le 9 octobre dans le Doubs lors d'une sortie scolaire.

La question de la démission du ministre de l'Intérieur a été pour la première fois posée publiquement par des élus socialistes, peu nombreux depuis mardi à soutenir Manuel Valls, en déplacement aux Antilles.

"Quand est-ce qu'on prend une mesure d'éloignement du gouvernement à l'encontre de Valls?", a demandé sur twitter Frédéric Hocquard, un membre de la direction du PS.

Les faits ont été rapportés mardi par le Réseau éducation sans frontières (RESF).

Une enquête administrative a été ouverte mercredi pour vérifier la légalité de la reconduite à la frontière de la collégienne et des siens. Le père de l'adolescente a été expulsé le 8 octobre, la mère et ses six enfants le lendemain. Les conclusions de l'enquête seront connues dans 48 heures.

"S'il y a eu faute, l'arrêté de reconduite à la frontière sera annulé, cette famille reviendra pour que sa situation soit réexaminée en fonction de notre droit, de nos principes et de nos valeurs", a assuré Jean-Marc Ayrault à l'Assemblée.

Manuel Valls, qui s'est entretenu du dossier mercredi matin avec le Premier ministre, et la préfecture du Doubs défendent la régularité de la décision et des reconduites qui ont suivi.

La famille était entrée irrégulièrement sur le territoire français le 26 janvier 2009 et a été déboutée à plusieurs reprises de ses demandes d'asile.

  "LA FAUTE, ELLE EST FAITE"

"J'ai vu qu'il y a une polémique que je crois stérile, inutile", a déclaré Manuel Valls avant son départ pour les Antilles. "La loi a été respectée, les procédures ont été respectées, le respect des personnes a été respecté".

La jeune fille, scolarisée en 3e dans un collège de Pontarlier, a raconté son interpellation sur France Inter, notamment, alors qu'elle se trouvait avec sa classe à bord d'un bus scolaire qui a été stoppé sur ordre de la Police de l'air et des frontières (PAF).

"Ça fait mal au coeur d'abandonner mes amis, l'école, tout le monde. J'avais honte aussi parce que la police est venue et mes camarades m'ont demandé : 'Pourquoi la police ? Qu'est-ce que tu as fait ? Tu as volé ?", a-t-elle dit de Mitrovica, dans le nord du Kosovo.

Selon la préfecture de Doubs, dirigée par Stéphane Fratacci – qui fut secrétaire général du ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale sous Nicolas Sarkozy -, la famille présentait "d'insuffisantes perspectives d'intégration sociale et économique".

De la "gauche de la gauche" au Parti socialiste, en passant par Europe Ecologie-Les Verts, les réactions d'indignation et de consternation se sont succédé dans la majorité.

Le Parti de gauche a demandé la démission de Manuel Valls, "ministre indigne de la République".

"Le Premier ministre peut ramer autant qu'il voudra, la faute, elle est faite", a dit à Reuters l'ex-député EELV Noël Mamère. L'élu a mis en cause "une certaine atmosphère, un certaine ambiance complètement délétère qui a été installée, instillée, par le ministre de l'Intérieur".

  PERDRE SON ÂME"

Manuel Valls avait suscité un tollé en septembre en estimant que le problème des populations Roms ne pourrait se régler uniquement par l'insertion, seule "une minorité" voulant selon lui s'intégrer en France.

"Le président qui n'a pas sanctionné le ministre de l'Intérieur lorsqu'il a prononcé ces mots insupportables et qui ne tranchera pas encore une nouvelle fois aurait dû demander à son ministre de l'Intérieur sa démission", a estimé Noël Mamère.

François Hollande souhaite "y voir plus clair avant de commenter les faits", a rapporté la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, lors du compte rendu du conseil des ministres.

Si Cécile Duflot n'a pour l'heure dit mot, Vincent Peillon, le ministre de l'Education nationale, a manifesté sa désapprobation.

"Je souhaite que ce genre de situation ne se reproduise pas", a-t-il dit à l'issue du conseil des ministres, demandant que les expulsions soient exercées "avec discernement", dans le respect du "sanctuaire" de l'école.

Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a rappelé les "valeurs" de la gauche. "Il y a la loi. Mais il y a aussi des valeurs avec lesquelles la gauche ne saurait transiger. Sous peine de perdre son âme", écrit-il sur Twitter.

Le sénateur Luc Carvounas, proche de Manuel Valls, a estimé que le retour de Leonarda et sa famille serait "un très mauvais signal". "On continuerait de nourrir les extrémismes et les populismes", a-t-il dit sur publicsenat.fr.

Pour le président de l'UMP, Jean-François Copé, "cette mascarade n'a que trop duré". "Il est urgent que le président de la République assume ses responsabilités et tranche".

"François Hollande ne peut plus rester silencieux. Les Français doivent savoir quelle est la politique d'immigration qui est conduite dans notre pays", dit-il dans un communiqué.

  REUTERS

Créé le 17 octobre 2013 12:58

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