Faya Millimono : « Il y a des adeptes de la pensée unique au sein de l’opposition… » (Interview)

Faya Millimono du Bloc Libéral

CONAKRY- La crise est loin de finir au sein de l’opposition républicaine. Faya Millimono, le leader du Bloc Libéral et son groupe n’ont pas encore dit leur dernier mot. Dans cet entretien exclusif accordé à notre rédaction, le Dr Faya Millimono revient sur la crise qui mine le bloc politique dirigé par Cellou Dalein Diallo. Au Ministre Bouréma Condé, le Président du BL a également livré un message. Exclusif !!!

 

AFRICAGUINEE.COM : Dr Faya Milimono bonjour ! L’opposition républicaine est au bord de l’implosion. Dites-nous ce qui se passe ?

FAYA MILIMONO : Il faut reconnaître qu’effectivement l’opposition républicaine est en train de traverser quelques moments difficiles. Mais ces moments difficiles ne sont pas arrivés au hasard. J’imaginais que nous tous qui sommes dans cette opposition républicaine, nous nous battions pour des valeurs et des principes républicains, nous nous battions pour la démocratisation de ce pays pour construire un Etat de Droit. J’ai personnellement été désagréablement surpris de constater qu’il y avait beaucoup d’adeptes de la pensée unique au sein de l’opposition républicaine. « Oui » je suis parti du palais du peuple parce que je ne pouvais pas être témoin de ce qui se passait là-bas. Depuis cette date, vous pouvez passer en revue toutes les invectives dont nous avons été victimes. On nous a taxé de frustrés, de petit parti, de peureux qui ne voulaient pas aller aux élections parce qu’on ne pourra gagner un quartier, il n’y a pas ce qui n’a pas été dit. Pourtant tout cela n’était pas l’objet du débat. L’objet du débat concernait le point 2 des accords. Passez en revue ce que le secrétaire de l’UFDG Aliou Condé a dit, ce que l’honorable Ousmane Gaoual Diallo a dit, ce que Dr Fodé Oussou Fofana a dit, et ce que le Chef de l’opposition lui-même a dit : « que ceux qui ne sont pas d’accord avec les accords sont des ennemis de la République ». J’ai trouvé ça très grave.

Mais je me félicite d’avoir dit à tous les responsables du Bloc Libéral de ne pas répondre aux invectives. Parce que nous aurions manqué d’énergie et de temps pour expliquer au peuple de Guinée notre position. Aujourd’hui si j’écoute les plateformes de la société civile, les partis politiques et nombre de citoyens ordinaires qui font des commentaires tous les jours sur ces accords, je me félicite. Parce que cette décision que nous avons prise de ne pas répondre aux invectives, on a bien fait de la prendre et la mettre en application.

Maintenant que les positions des uns et des autres sont de plus en plus comprises par la population, le temps est venu de dire que dans l’opposition républicaine, nous avons besoin de faire très attention. Parce que nous ne sommes pas dans ce combat pour cultiver la pensée unique. Nous sommes dans ce combat pour cultiver la démocratie dans la société guinéenne. Si parce que quelqu’un a un point de vue différent, il doit être traité comme un paria, c’est très grave. Et nous avons été victimes de ça. On n’a pas besoin de nous traiter comme de la paria parce qu’on a un point de vue différent. Pourquoi nous combattons le système actuel ? C’est parce qu’il est antidémocratique. Si je découvre que ceux avec qui je me bats pour apporter quelque chose de mieux au peuple de Guinée, sont encore plus antidémocratiques, ça me demande à réfléchir, mais ça ne fait que nous dire de la grandeur de la tâche que nous avons à accomplir pour amener la démocratie et l’Etat e droit dans notre pays.

Monsieur Aboubacar Sylla, le porte-parole de l’opposition républicaine préconise un toilettage de ce bloc politique. Qu’en pensez-vous ?

Il ne faut pas avoir peur des mots. Il a dit qu’il faut exclure les partis membres de l’opposition républicaine qui ne sont pas d’accord avec les accords, sans se référer à aucune disposition de la charte que nous avons signée. J’étais l’un des rédacteurs de cette charte. Le respect de soi veut que l’on y fasse référence au moins pour dire en vertu de telle disposition de la charte, tel doit être exclu. Et je peux vous dire sans risque de me tromper qu’il n’y a aucune disposition qui permette à quelqu’un, parce qu’il a changé d’humeur, ou parce qu’il a mal dormi et mal rêvé, le lendemain il décrète d’exclure quelqu’un. A ce que je sache, les partis de l’opposition républicaine qui ne sont pas d’accord avec l’accord sont plus nombreux. On verra bien alors comment nous allons vivre la dictature de la minorité par rapport à la majorité. C’est peut-être parce que les gens redoutent l’exigence que nous allons brandir de faire respecter la charte et sanctionner ceux qui méritent d’être sanctionneés qu’on a commencé à mettre en œuvre une stratégie d’attaquer pour mieux se défendre. Mais nous resterons sereins et nous veillerons à ce que la charte soit appliquée dans toute sa rigueur.

Pourquoi exigez-vous la destitution d’Aboubacar Sylla au poste de porte-parole de l’Opposition ?

Ce n’est pas moi qui l’ai demandé. Je n’ai fait que rapporter ce dont il a été question lors de la dernière plénière de l’opposition Républicaine. Il y a  eu des membres de l’Opposition Républicaine qui ont demandé la destitution du porte-parole. Donc, ça va de soit dans une Guinée où la politique c’est du machiavélisme,  pour mieux se défendre, il faut donc attaquer.

A vous écouter, aujourd’hui on a l’impression que l’opposition est plus encline à s’invectiver que de dénoncer certaines dérives de la gouvernance actuelle…

En fait, le parti qui a commencé cela est le plus grand parti de l’Opposition. Il a pensé qu’il y avait des soldats capables de tirer les RPG7, les UFDG7 sur les autres membres de l’opposition républicaine. Alors qu’il aurait simplement fait un débat civilisé sur la question sur la table. Parce que ce n’était ni la petitesse ou la grandeur d’un parti qui était l’objet du débat. Ce n’était ni la couleur ou l’ethnie ou la religion des membres de l’Opposition qui était en débat encore moins le score obtenu par un candidat à une élection. Mais on nous a appris que tout cela faisait partie. Et c’était les invectives qu’on a choisies.

Nous resterons encore une fois sereins, nous croyons que l’opposition a un avenir. J’ai suivi Aboubacar Sylla dire que c’est une alliance contre-nature que les partis politiques se mettent ensemble avec la société civile. Je rafraîchis la mémoire d’Aboubacar Sylla en le rappelant que dans les forces vives, il y avait à la fois les partis politiques, les organisations de la société civile et les syndicats. Nous sommes de ceux qui croient que la société civile a un rôle à jouer dans notre pays. L’erreur d’un membre de la société civile n’est pas celle de toute la société civile. Nous avons suivi des invectives sur la société civile, c’était pathétique. Dieu merci on est resté serein à tout ça. Et on a réussi à calmer ceux des représentants de la société civile qui travaillent avec les partis politiques dans le cadre du front national pour la défense des droits des citoyens.

L’avenir de l’opposition guinéenne passe par le respect mutuel. Il passera par l’ouverture d’esprit, l’adhésion de chacun aux principes républicains et par une collaboration, franche, sincère et respectueuse entre les partis politiques et les organisations de la société civile.

Où en êtes-vous par rapport à la pétition que vous aviez lancée au lendemain de la signature des accords du 12 octobre ?

La pétition continue son cours. Avant-hier nous étions dans la commune de Ratoma. Nous avons fait la campagne de sensibilisation pour expliquer aux populations pourquoi la pétition devait être signée, pourquoi le point 2 des accords ne devait pas textuellement être traduit en loi. Parce que ça menace la décentralisation, la démocratie et ça politise à outrance la société guinéenne et ça menace la paix dans notre pays. Il suffit de se rappeler de l’exemple de Dubreka où la nomination d’un chef de quartier a mis le feu aux poudres pour se rendre compte que le Point 2 devant force de loi risque de mettre le feu dans notre pays.

Il semble que les détracteurs de l’accord politique sont persona non grata dans la commune de Kaloum. Qu’en est-il ?

Nous n’avons fait qu’informer les autorités compétentes de la municipalité de Kaloum de notre arrivée dans la commune de Kaloum pour faire la sensibilisation pour faire signer la pétition. Nous ne voulions pas faire d’obstruction à la circulation ni de meeting, c’était simplement trouver les citoyens leur expliquer pourquoi la pétition doit être signée. Eh ben nous avons provoqué une tempête dans un verre d’eau. On a reçu l’appel du ministre de l’Administration du Territoire, on a reçu presque l’appel de presque tous les membres de son cabinet. On a reçu l’appel du cabinet du maire de Kaloum pour nous dire qu’on n’était pas la bienvenue. Alors ceux peut-être ceux disent que l’UFDG est devenue Haut Partenaire n’aurait pas tort parce que juste après, en tant qu’opposition, il y a eu un grand meeting Kaloum pour la première fois dans l’histoire de la présidence du Pr Alpha Condé. S’ils n’étaient pas devenus des partenaires, je me demande comment cela aurait-il été possible.

Nous prenons note et nous prenons acte de tout cela puis nous continuons notre combat parce que nous pensons que la Guinée mérite mieux. C’est antidémocratique. C’est contraire à l’esprit Républicain, à la construction d’un Etat de droit et c’est contraire à l’apaisement dont nous vend à cor et à cris. Si pour signer une pétition, Kaloum cesse d’être une partie de la République au point que le Ministre de l’Administration du Territoire arrête tout travail pour nous appeler, c’est grave. Il ne suffit de dire qu’on est démocrates pour l’être. C’est par les actes. Nous gardons notre sérénité et nous continuons notre combat.

Monsieur Faya Milimono merci !

C’est moi qui vous remercie !

 

Interview réalisée par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel. : (00224) 655 311 112

 

Créé le 24 novembre 2016 10:21

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