Enquête-Massacre de 2009 et enfouissement de corps à Faban : Mythe ou réalité?

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CONAKRY- C'est une autre facette sombre du massacre du 28 septembre 2009 qui a été révélée au cours du procès en cours sur les atrocités commises au grand stade de Conakry. L’enfouissement présumé des corps de certaines victimes à Faban, un secteur situé à Gbessia port2, dans la commune de Matoto. Ce quartier de la banlieue sud de Conakry, abriterait un charnier. Mythe ou une réalité ? Africaguinee.com a enquêté.

Le 28 septembre 2009, une manifestation des forces vives qui protestaient contre les velléités du capitaine Dadis Camara de se présenter à l’élection présidentielle de 2010, a été réprimée dans le sang. La garde prétorienne a ouvert le feu sur une foule de manifestants désarmés et rassemblés au grand stade de Conakry, selon les Nations-Unies.

Au bas mot, 150 civils ont été tués, 109 femmes violées, des milliers de blessés, selon toujours une enquête indépendante de l’ONU qui signale des disparitions de corps qui auraient été enfouis ailleurs nuitamment.

Un journaliste d’Africaguinee.com est allé enquêter à Faban, une des zones incriminées. C’est un secteur insalubre, situé derrière l’aéroport, non de la mer. Là, les citoyens parlent de ce sujet avec une prudence remarquable. Cependant, certains se montrent extrêmement étonnés que leur quartier soit indexé à cet effet. Bref, personne ne connaît quoi que ce soit, même si par endroits, d’aucuns parlent sournoisement d’un fait réel mais qui le confondent à une rumeur.

Un mythe pour les habitants de Faban

Au cours du procès, il a été révélé aussi que le charnier dont il s’agit, serait creusé par des pêcheurs qui seraient tués plus tard pour maintenir le tabou. Africaguinee.com a rencontré l’un des plus vieux pêcheurs de la contrée. Il se fait appeler le ‘’commandant du port de Faban’’. Arrêté près d’une pirogue, en train de démêler un filet, nous l'avons interrogé.

« Je n’ai pas vu les gens venir enterrer des corps ici. Je suis dans ce port depuis plusieurs années, je dirais, bien avant les évènements du 28 septembre d’ailleurs. Et dire aussi que des pêcheurs ont été complices de ce fait, je ne crois pas trop à cette version. Nous (Faban), abritons le plus grand cimetière de Gbessia, mais les corps qui se trouvent là, sont des gens qui sont morts naturellement », a indiqué ce pêcheur.

 Le chef de quartier Faban s’est aussi inscrit dans la même logique : ‘’Pas de charnier dans la zone…’’, tranche le responsable local.

« Je suis chef de quartier ici depuis 14 ans. Les jeunes passent tout leur temps à la plage de Bénarès, qui est le plus grand espace de divertissement en bordure de mer à Conakry. Je veux dire que les gens ne dorment pratiquement pas. Dire qu’il y a des charniers ici, je tombe des nues. Mais comme les militaires ont leurs stratégies, ils peuvent tromper tout le monde… J’ai essayé de convoquer les chefs des secteurs à cet effet, mais on n’a pas eu la moindre trace. Tout ce que je sais comme actions majeures déroulées ici à l’époque, c'est que les bérets rouges ont fait une descente musclée ici un jour, c’était en bordure de mer, où ils ont saisi des produits prohibés appartenant à un certain Ciré Bah, en fuite jusque-là… A part cela, je ne connais aucune autre chose liée à cela », a déclaré cet administrateur territorial. 

Charnier de Faban, pour les avocats des victimes, il n’y a aucun doute

Cette révélation est jusqu’à preuve de contraire, une réalité pour les avocats des victimes du massacre. Depuis que l’affaire liée à l’existence d’un éventuel charnier a été soulevée, ils ont toujours insisté à ce que le tribunal criminel se transporte non seulement au stade du 28 septembre où le carnage a été fait, mais aussi à Faban, l’endroit indiqué où les corps seraient enfouis.

« En fait, nous avons eu ces informations il y a plus de dix ans. Plusieurs personnes ont indiqué Faban, comme étant un des lieux où sont ensevelis des victimes du stade. Pour le moment nous n’avons pas de témoins directs, qui puissent confirmer ces déclarations, mais nous croyons à ces révélations et nous estimons qu’il serait important pour le tribunal d’ordonner qu’il y ait des fouilles au niveau de Faban, afin de vérifier si c’est dans ces lieux que les gens ont été ensevelis après les évènements du stade », a martelé Me Alpha Amadou DS Bah.

Les avocats des victimes vont exiger ‘’ultérieurement’’ que le tribunal se transporte dans la zone incriminée et au stade, accompagné de l’expertise en vue de procéder aux fouilles « surtout dans un lieu où d’autres qui sont morts naturellement, sont enterrés.

« Mais cela requiert de l’expertise, beaucoup de temps mais aussi de la patience. Nous pensons que les disparus méritent qu’il y ait des investigations pour déterminer les lieux où ils ont été ensevelis. Tant que les lieux et les personnes ne seront pas identifiés, leurs familles ne pourront pas faire le deuil (…) Nous croyons fermement à cette révélation parce qu’elle n’est pas récente. Elle est très ancienne. Beaucoup de personnes en ont parlé au moment des faits », a indiqué Me DS.

D’autres parties civiles contactées par Africaguinee.com disent avoir assez d’informations relatives à l’enfouissement des corps au lieu indiqué. Selon nos sources, Faban ne serait pas la seule zone où il existerait un charnier.

Nous y reviendrons !

 Dansa Camara DC

Pour Africaguinee.com

Créé le 30 janvier 2023 18:47

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