Enquête-incendie : Comment « endiguer » le phénomène à Conakry ?

Incendie dans un Immeuble à Hamdallaye

CONAKRY-La recrudescence des incendies est devenue une véritable préoccupation en Guinée, notamment à Conakry, la capitale. Le fléau touche tous les secteurs d’activités : Des maisons d’habitation, des magasins de vente, des ateliers et autres lieux de négoces…ne sont pas épargnés. Chaque semaine, la liste des victimes ne fait que s’allonger. Dans certains cas, en plus des dégâts matériels, on enregistre également des morts. Hélas. Qu’est-ce qui explique la récurrence de ces incendies ? Comment les endiguer sinon les amoindrir ? Africaguinee.com a enquêté.

Lundi 23 janvier, nous sommes au quartier Hamdallaye dans la commune Ratoma. Mamadou Diouma Diallo vient de perdre toute sa marchandise importée de la Turquie. Un incendie qui s’est déclaré la nuit dans ses magasins de stockage a tout ravagé. Impuissant, il observe les sapeurs-pompiers sous-équipés en train de combattre les flammes encore actives dans le bâtiment. L’homme est désespéré.

Comme lui, des dizaines d’autres citoyens en ont été victimes. Dans notre enquête, nous n’avons pas obtenu de statistiques sur ce phénomène devenu un problème de société. Mahomed Lamine Diakité, directeur général adjoint de la protection civile de Conakry est conscient de ces incendies. Il tente d’expliquer la cause.

« Depuis un certain temps, le courant est stable dans les ménages 24 heures sur 24. Avec les vieilles installations, il y a des risques. Les lignes vétustes et l’électricité en permanence, ça ne fait pas bon ménage. Si les lignes sont toujours chargées avec le frottement des fils ça provoque des courts-circuits. C'est ce qui explique la recrudescence de ces incendies malheureux dans notre pays", explique l’officier.

Mais il n’y a pas que ça. Les mauvais branchements électriques dans les quartiers sont aussi pointés du doigt. Comme l’explique Mamadou Bailo Taran Diallo, Directeur du service Incendie à LAGUIPRES.

« C’est souvent des amateurs qui ne connaissaient aucun principe lié au domaine ou qui ont parfois des formations bâclées qui font les installations électriques dans les maisons. Le phénomène peut aussi s’expliquer par le manque de conscience de certains patrons qui dépensent des fortunes pour la construction des immeubles, sans faire attention aux appareillages électriques. Ils font recours à des amateurs cupides pour faire les installations. C’est un autre facteur à risque », explique ce spécialiste en incendie.  

L'instabilité du courant, le manque de systèmes de prévention d'incendie, l'inadéquation des charges à l'intensité du courant qui arrive chez les ménages, l'absence d'une réglementation dans le domaine de la construction, sont également à l’origine de ces incendies, d’après notre interlocuteur.

Dans la plupart de ces cas d’incendies, les victimes pointent du doigt notamment EDG (électricité de Guinée), la Société étatique en charge de la gestion et de la desserte de courant en Guinée. Interrogé, le responsable communication de l’entreprise indique le problème est ailleurs.

"A chaque fois qu'il y a un incendie, la société EDG est pointée du doigt, alors qu’EDG n'est ni constructeur des bâtiments, ni fabricant de câbles électriques. On connaît les entreprises qui commercialisent les câbles électriques, qui commercialisent les installations électriques dans ce pays. EDG ne leur donne pas de licence, ne leur donne pas l'autorisation de commercer, de faire rentrer le matériel au port autonome. EDG n'a rien n'avoir avec les incendies dans notre pays. Mais, nous invitons la population à la vigilance, en achetant de bons fils et d’éviter les mauvaises installations électriques", lance Naby Moussa Camara, chef de département communication et marketing de la société EDG.

Comment endiguer voire limiter ce phénomène ?

Pour directeur général adjoint de la protection civile de Conakry, il faut penser à changer les anciennes installations électriques. Il suggère également aux citoyens qu’en sortant de leur domicile de couper le disjoncteur, à défaut, éteindre tous les appareils avant de sortir.

« Quand vous êtes à la maison avant de vous coucher, il faut débrancher les appareils. Parce que quand on laisse les appareils allumés, si le courant varie, il y a toujours un risque. Mais, j'insiste une fois encore, il faut complètement changer les anciennes installations électriques. Que ceux qui construisent des bâtiments, cherchent de bons électriciens avec des fils de qualité. C’est tout ce qui peut sauver", indique Mahomed Lamine Diakité.

Mamadou Bailo Taran Diallo va plus loin. Pour lui, il faut une discipline et une prise de conscience de toutes les couches qui interviennent dans le domaine de la construction, car dit-il, tout part de là. Il précise aussi que la règlementation par l'État, garant de la sécurité et de la quiétude des citoyens, est nécessaire. Selon lui, l’Etat doit exiger le minimum de moyen de prévention et de lutte contre les incendies. Parmi ces moyens qu’il faut réunir, il faut un détecteur de fumée, mais aussi chercher des extincteurs qui servent à lutter contre tout départ de feu.

« La protection civile est là, mais elle ne peut pas satisfaire tous les besoins éventuels en matière de lutte contre les incendies malgré tous les efforts fournis çà et là par l'Etat. Elle reste confrontée à d'énormes difficultés pour combler le vide. D'ailleurs, c'est ce qui a motivé l'entreprise LAGUIPRES de mettre en place tout une armada des camions incendie et une centaine de pompiers bien formés par des cabinets internationaux ainsi qu'une équipe de techniciens », explique M. Diallo qui suggère aussi une conscientisation des citoyens à travers une sensibilisation accrue.

Rôle de l’Etat et des familles

« Les familles doivent être éduquées sur l’usage du courant. Les promoteurs immobiliers doivent aussi acheter des câbles et des appareillages qui sont à la hauteur de la charge attendue des futurs occupants et proportionnelle à l'activité qui y est menée. Même les maisons sans électricité peuvent être objet d'incendie. L’Etat doit jouer son rôle régalien de protéger ses citoyens, de prendre ses responsabilités en mettant en place une réglementation, en obligeant un minimum de sécurité-incendie dès la construction de tout type bâtiment quel que soit son usage ou son endroit », lance le Directeur du service Incendie à LAGUIPRES Security.

Mamadou Yaya Bah

Pour Africaguinee.com

Créé le 1 février 2023 15:09

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