Elections en Guinée : Entretien avec Samba Camara du mouvement « Djokken Alpha »…

samba

LABE- La bataille électorale est lancée à Labé où l’opposition devra désormais affronter la détermination d’un mouvement de soutien au Président Alpha Condé. Le mouvement « Djokken Alpha » entend jouer sa partition dans la réélection de l’actuel locataire du palais Sékoutoureya lors de la prochaine élection prévue le 11 octobre 2015. Dans cet entretien avec notre rédaction, Samba Camara, porte-parole de ce mouvement, est revenu sur les circonstances de la mise en place de ce mouvement. Ce responsable des adhésions, des orientations stratégiques et des actions politiques, répond aussi aux accusations dont leur mouvement est souvent victime. Exclusif !!!

 

AFRICAGUINEE.COM : Monsieur Camara bonjour !

SAMBA CAMARA : Bonjour Monsieur Bah !

Qu’est-ce qui a motivé la création de votre mouvement de soutien au Président Alpha Condé ?

Le mouvement est créé depuis fin 2013  et officialisé en janvier 2014, depuis diokken Alpha 2015 est en train de gagner du terrain et d’avancer. Il était composé au départ par des femmes et des jeunes unis pour le développement de Tougué. Le mouvement est d’ailleurs né à Touré. Son objectif était de faire face aux problèmes qui assaillent notre préfecture parce que nous avons fait une étude comparative entre Tougué et Koubia, si on peut l’affirmer c’est les deux(2) dernières préfectures en matière de développement dans la région de Labé.

Notre préfecture Tougué est créée depuis 1901, Koubia en 1974, mais quand un ressortissant de Koubia et un autre de Tougué se retrouvent et discutent en matière de développement celui qui la bouche dure occupe la première place. Sinon en réalité ces deux préfectures se valent.

C’est à l’issue de cela qu’on s’est retrouvé en ressortissants pour dire que c’est le moment de penser au développement de Tougué. Nous avons fait un diagnostic approfondi des problèmes qui ont été répertoriés. Ensuite on est venu aux pistes de solutions, où pouvons-nous trouver la solution ? Que doivent faire les ressortissants de Tougué ? Mais les tares qui assaillent Tougué sont énormes, en tant que ressortissants nous ne pouvions pas faire grand-chose. On s’est dit qu’il faut absolument  l’appui de l’Etat. On a décidé d’aller vers l’Etat parce qu’il est là pour tout le monde.

D’aucuns nous ont dit attention, ce gouvernement ne nous aime pas nous au Fouta, donc partir vers eux serait une perte de temps. Ils ne vont pas nous répondre  favorablement, le président il est ceci il est cela.

Nous avons dit de toute les façons ce sont des rumeurs qui ont gagné du terrain, on a pas entendu un discours officiel dans lequel le président a dit qu’il ne nous aimes pas. Donc allons nous rassurer. C’est dans cette circonstance que nous avons eu le premier contact avec le président Alpha Condé, c’était l’occasion pour nous d’exposer au président nos préoccupations, vraiment le professeur nous a signifié qu’il est très content, du fait que c’était la toute première fois qu’une organisation de jeunes et de femmes du Fouta vienne vers lui poser un problème de développement parce qu’on le diabolise au Fouta. Il nous a dit que les gens viennent lui dire que le Fouta ne t’aime pas, ils viennent aussi au Fouta pour dire Alpha Condé est raciste alors que ses meilleurs amis c’est des ressortissants du Fouta.

Lors de cette rencontre le président a promis de nous accompagner, ça il a promis. De notre côté aussi, on s’est dit qu’est que nous allons faire ? A notre tour nous avons décidé de l’accompagner parce que après on ne sait pas si celui qui va venir va nous écouter. Mais comme lui (président Alpha Condé, Ndlr) a promis de nous écouter, c’est pourquoi nous avons aussi pris l’engagement de l’accompagner.

C’est ainsi que on a officialisé le mouvement. Maintenant c’est un mouvement femmes et jeunes pour le développement Diokken Alpha 2015 pour sa réélection pourvu qu’il matérialise sa promesse, le temps étant court, nos besoins sont énormes.  C’est comme ça que tout est parti.

Mais comme nos parents sont hostiles, allons vers eu en vue de les sensibiliser, mais sortons avec des fiches, celui qui est d’accord porte son nom et il signe pour marquer son accord. Tout ça c’est pour éviter demain qu’il y’ait choc entre les politiciens et nous parce que quand on dira on a tel nombre d’adhésions, les politiques diront que c’est faux c’est de la manipulation ainsi de suite.

Pour un départ c’était d’avoir 500 personnes et quand on a 500 nous n’allons pas mentir au président, nous lui dirons face à face que chez nous on a eu que 500 adhésions qui vont vous accompagner à cœur ouvert

La première sortie on la fait dans ma propre sous-préfecture Kouratongo, ensuite Kollet, le Gouverneur était là, j’avoue qu’on a recueilli 1200 signatures la première sortie seulement à Tougué, nous avons rendu compte au président, il a dit que c’est une bonne chose.

Au centre-ville de Labé, les murmures ont commencé à tourner. J’ai mobilisé tous les jeunes ressortissants de Tougué à Labé je leur ai expliqué le projet. Nouhou Tall, mon ami de tous les temps il n’est pas de Tougué je lui ai dit aussi mais pour le moment c’est pour Tougué. Il était prêt à nous accompagner, je lui ai dit de mobiliser à son tour des jeunes de Labé qu’on va appeler les amis de Tougué pour éviter l’amalgame. On a eu l’idée de mettre en place le bureau de Labé dès qu’on aura eu  200 personnes, finalement les rumeurs sont sorties. Du coup l’UFDG a brandi son fanion pour dire un mouvement vient d’être créé et que ce n’était pas possible.

Pour lever l’équivoque, on a demandé une émission radio pour expliquer à la population, oui on a créé ce mouvement qui vise à soutenir le professeur Alpha Condé au Fouta, donc voici nos objectifs, c’est de là que le feu a été allumé dans la cité ; les problèmes ont commencé. Malgré tout on a grandi de nos jours, on est implanté dans 9 préfectures. On nous demande en haute Guinée et en fôret, nous avons dit non, notre objectif c’est d’implanter le mouvement là où la mouvance a des difficultés à s’installer. Les régions acquises à la mouvance on n’en a pas besoin. On occupe déjà 9 préfectures du Fouta, Telimélé, la région de Labé et celle de Mamou.

Pourquoi la ville de Labé est désormais le siège de ce mouvement ?

Les acteurs qui se battent pour le rayonnement du mouvement sont là c’est vrai mais les plus grands effectifs d’adhérents ne sont pas à Labé ici. Nous avons tenté l’expérience avec la récente tournée du premier ministre dans la région. On pensait que c’est Mali yembering qui était le porte flambeau avec la mobilisation autour du Premier ministre, à notre arrivée à Tougué tout le monde était convaincu  que c’est Tougué qui occupe la première place par rapport à des villes comme Koubia et Lelouma.

Après sa tournée on a fait le classement, Tougué occupe la tête, Mali deuxième, Koubia en troisième position, Lelouma quatrième et Labé cinquième. L’es adhésions c’est dans les préfectures, mais l’équipe régionale qui veille sur tout et qui défend vit à Labé, les autres préfectures sont en avance sur Labé en termes de mobilisation populaire. On se bat de toute façon pour recoudre les manchots pour que Labé aussi puisse grandir dans ce sens bien que ça évolue, mais nous allons faire ce test  lors de la visite très prochaine du président à Labé.

Comment comptez-vous faire gagner le Président Alpha Condé dans une région acquise à la cause de son principal opposant Cellou Dalein Diallo ?

Au fait nous avons été clairs depuis le début, on a misé sur 500 personnes pour un premier temps. On a dit que nous n’allons jamais mentir au président. On ne  peut pas le promettre qu’il sera vainqueur. C’est un rêve mais pas impossible. Nous n’avons pas promis une victoire, la promesse c’est de changer considérablement les données statistiques des votes.

Nous partons actuellement vers les présidentielles de 2015, là nous avons promis de faire changer la donne. Le score va s’améliorer pour la mouvance. Nous avons nos objectifs, nous visons beaucoup  de préfectures  dont l’électorat est énorme.

Que répondez-vous à ceux qui estiment que votre organisation a une œuvre dévastatrice sur l’unité de cette région ?

Vous savez en politique chacun a sa façon de voir les choses, chacun a sa façon de penser. C’est normal que certains pensent que nous œuvrons pour déstabiliser ou diviser le Fouta.

Mais depuis la naissance de ce mouvement, je ne me rappelle pas un seul instant où nous avons posé un seul acte qui va dans le sens de désunir le Fouta.

C’est regrettable chez nous quand on confond politique, vie sociale, ethnie voire même la religion.

Nous nous prônons le développement et quand on crée le mouvement tenez-vous bien la majorité des membres étaient de l’opposition fervents même de l’UFDG. On a dit voici nos problèmes si vous qui êtes de l’opposition (…). Moi j’étais  du conseil régional de la société civile. Si vous qui êtes de l’opposition pensez que vos leaders politiques peuvent nous aider ne serait-ce que pour 10% ou au moins 2%  des problèmes. Allez-y ne vous gênez pas faites appel à vos leaders.

De l’autre côté ceux qui sont de la mouvance, j’ai dit au début de cet entretien, les actions de développement les plus étendues c’est le gouvernement qui peut le faire, c’est vers eux que nous voulons aller mais il faut qu’il ait là un résultat. C’est pourquoi nous n’allons pas vers un ministre ou un directeur, nous voyons directement le chef de l’Etat. C’est à partir de là que nous saurons si les gens vont le faire. Ce n’est pas la capacité de le faire qui compte mais la volonté de la faire. Quand on est allé à sa rencontre, on a vu un chef d’Etat qui a la volonté  de nous aider. Ce qui a incité ceux de l’opposition qui étaient avec nous de nous rejoindre définitivement, parce que l’objectif est commun. Donc le mouvement n’est pas fermé, il est ouvert à tous et ça n’a rien à voir avec une quelconque volonté de diviser le Foutah.

Avez-vous commencé à bénéficier des retombées de votre soutien au Président Alpha Condé dans le cadre du développement de vos différentes préfectures ?

Vous savez un projet se conçoit, ensuite il y a la mise en œuvre. On a fait que des micros projets pour le moment, mais par rapport au développement réel des infrastructures dont nous voulons les projets sont en cours. Si je prends l’exemple sur la route Labé-Tougué-Dinguiraye on en a longtemps parlé. On dit c’est un financement de l’OMVS (Organisation de Mise en Valeur du fleuve Sénégal, Ndlr) d’accord mais si l’Etat guinéen n’a pas la volonté d’accompagner ce projet ne verra pas jour. Nous avons réveillé ce dossier. C’est un fils de Tougué aussi qui est capable de booster mais  avant il n’avait pas la voix au chapitre, aujourd’hui la donne a changé, c’est à l’occurrence Abdoulaye Yero Baldé vice-gouverneur de la Banque centrale et membre actif du mouvement, le dossier est ressorti de nos jours. C’est incontestable quand la route Labé-Tougué-Dinguiraye est bitumée ça désenclavera Tougué.

Kabinet Komara, l’ancien Premier Ministre qui gère l’OMVS, quand nous allons à son bureau il appelle pour demander l’état d’avancement du dossier de la route en question, il donne des détails ; il appelle le ministre de l’économie et des finances, il demande à ce dernier aussi, de notre côté à chaque fois qu’on rencontre le président on pose le même problème de route. C’est comme ça que chacun a bougé de son côté jusqu’à  ce que l’accord  de financement soit signé. Mais les gens pensent que c’est un projet agricole, donc signer et commencer le travail en même temps. Je suis certain que les travaux de la route vont débuter dès que la pluie va diminuer, c’est un grand projet.

Y avait un budget à la présidence pour la rénovation des écoles  des chefs-lieux des régions mais Tougué a été ajouté dans ce budget. Seule Tougué et une autre préfecture qui n’est pas chef-lieu ont été prises en compte dans ce projet.

Le président lui-même nous a parlé la dernière de la reprise entière de la maison des jeunes de Labé. La doléance que nous avons posée dernièrement, nous avons dit il faut nous aider pour que la région de Labé abrite les festivités du 58e  anniversaire de l’indépendance. C’est notre combat. On n’a pas encore l’accord de principe.

On avance vers élections présidentielles du 11 octobre. Ne craignez-vous pas des tensions politiques lors des prochaines consultations électorales?

Des tensions politiques il ne faut pas craindre parce qu’il y en a toujours. Ceux qui font la politique savent qu’on ne peut pas éviter les tensions mais il faut les gérer. C’est pourquoi nous sommes en train d’étudier ces tensions-là dans le futur et développer une stratégie pour gérer ces tensions. Et vous les hommes de medias vous faites la sensibilisation mais les tensions restent inévitables.

Toi et moi voulons la même  chose, si je prends la chose devant toi, tu seras forcement frustré.

Avez-vous un dernier mot ?
Je voudrais dire aux gens qu’il fait déjà jour. C’est le moment et le lieu de se donner les mains surtout dans notre région, que les gens qui disent que nous sommes là pour diviser qu’ils se détrompent. Plutôt notre combat est que nous Fouta qu’on se reconnaisse guinéens tout court, qu’on arrête de nous auto stigmatiser.

Tu rencontres certaines personnes qui te disent, ‘’ ENEN ON’’ (nous autres), ce sont des choses qui nos éloignent des autres et tant qu’on est loin des autres ça sera un problème. Il faut que le guinéen se sente chez lui partout où il est. Le combat politique n’est pas un combat racial ou de famille. Débarrassons nous de tout ça, la politique c’est un vent, hier nous tous étions en train de combattre le régime de Conté aujourd’hui on en parle plus. Présentement c’est ce régime que nous avons, prions Dieu afin qu’on puisse bénéficier des avantages de ce régime et qu’il nous épargne des mauvaises choses.

J’invite les uns et les autres à se mobiliser pour la réception du président à Labé  et pour sa réélection dès le premier tour. Chacun n’a qu’à être prêt de son côté. Même si c’est la nuit on est prêt à le recevoir.

 

Entretien réalisé par Alpha Ousmane Bah (AOB)

Correspondant régional d’Africaguinee.com à Labé

 

Créé le 31 juillet 2015 15:08

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