Ebola : Le ministre d’Etat François Lounceny Fall lance un appel pour éviter une ‘’crise humanitaire…’’

François Lounceny Fall, Ministre d'Etat des affaires étrangères

CONAKRY- Le chef de la diplomatie guinéenne, François Lounceny Fall, a lancé un appel à l’endroit de la communauté internationale à poursuivre son aide en faveur des pays touchés par l’épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola, a appris Africaguinee.com.

Lors de la session extraordinaire du Conseil de sécurité tenue ce jeudi et qui était consacrée à l’épidémie d’Ebola, le ministre d’Etat guinéen chargé des affaires étrangères et des guinéens de l’étranger a prévenu qu’une ‘’crise humanitaire’’ est à craindre si des solutions urgentes n’étaient pas prises pour lutter contre l’épidémie d’Ebola.

Nous vous livrons l’intégralité du discours du chef de la diplomatie guinéenne, François Lounceny Fall, qui s’est exprimé en présence de plusieurs personnalités dont le secrétaire général de l’Organisation des Nations-Unies…

 

Madame la  Présidente,

Monsieur le Secrétaire Général,

Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil,

Mesdames et Messieurs,

 

Il me plaît tout d’abord d’exprimer à la présidence américaine, la profonde gratitude du peuple et du gouvernement guinéens, particulièrement de Son Excellence Professeur Alpha CONDE, Président de la République, d’avoir accédé à la requête  commune de trois États de notre Organisation, la Guinée, le Liberia et la Sierra Léone, d’inscrire à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, une question cruciale. Je veux parler de la terrible épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ébola.

Je voudrais également remercier tous les autres membres du Conseil de sécurité et saluer  la présence du Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur Ban Ki-moon ,de la Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS),  Dr  Margaret Chan, mais aussi celle  du Dr David Nabarro, Coordonnateur de haut niveau du système des Nations unies pour la lutte contre Ébola.

Ma délégation se réjouit de l’adoption à l’unanimité des membres du Conseil de la Résolution 2177 et du nombre très impressionnant des États co-auteurs (130) de ladite résolution.

Vous démontrez ainsi votre  juste compréhension de l’urgence d’une solution globale et concertée, pour faire face à un fléau sans précédent  qui constitue une réelle menace à la paix et la sécurité pour toute la région ouest africaine, je dirai, pour notre sécurité collective.

Au-delà de l’aspect sanitaire et de la psychose généralisée qui s’est emparée de nos populations, les conséquences économiques et sociales de cette maladie influent négativement sur la croissance de nos États et le bien-être de nos populations.

Ébola ralentit les activités économiques et touche tous les secteurs, particulièrement les transports, le commerce, le  tourisme et  l’agriculture. Ce qui pourrait se traduire par une chute  du Produit Intérieur Brut de l’ordre de 2,5%, compromettant du coup  tous  les efforts et les stratégies de développement entrepris par ces trois pays.

Nonobstant les mesures courageuses de prévention prises par nos États pour endiguer  et arrêter sa propagation, le fléau poursuit son chemin dévastateur et continue à défier l’intelligence humaine.

A ce stade, si des mesures  idoines ne sont pas prises, une crise humanitaire pointe à l’horizon.

Nous devons l’arrêter. Il faut l’arrêter, au risque de compromettre la stabilité chèrement reconquise par nos trois  pays qui sortent d’une longue période de crise politique et institutionnelle ou  de guerre fratricide. Il est important de souligner que les trois (3) pays sont tous inscrits à l’agenda de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies.

C’est en cela que nous saluons la mobilisation de la communauté internationale qui comprend la nécessité de s’approprier ce combat pour extirper ce fléau, véritable frein au développement durable que nous ambitionnons.

Aussi, la  décision prise par le Conseil exécutif  de l’Union africaine, à Addis-Abeba le 8 septembre dernier, est- elle  de nature à renforcer la solidarité de nos États. En effet, la fermeture des frontières, les restrictions des vols, la stigmatisation des victimes, l’isolement des pays touchés, le refoulement de leurs ressortissants constituent  une arme plus dangereuse que le fléau à combattre, car comme l’a souligné récemment le Président Alpha Condé, nous ne devons pas isoler les pays affectés par l’épidémie, mais tout doit être mis en œuvre pour isoler et éradiquer Ébola.

Le Conseil de sécurité doit y veiller et peser de tout son poids pour faire respecter les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Association internationale des transports aériens (IATA) dans ce sens.

De même,  tous les partenaires bi et multilatéraux, dans  un même élan de solidarité, s’emploieront à apporter le juste et indispensable appui pour assurer la prise en charge des victimes, la prévention et l’éradication du virus.

 

Pour sa part,  dès la Déclaration, le 21 mars 2014, de l’épidémie de fièvre hémorragique à virus Ébola, le Gouvernement Guinéen et ses partenaires se sont fortement impliqués dans la riposte contre la maladie. L’épidémie semblait  sous contrôle en mi-mai, cependant une résurgence du nombre de cas confirmés et l’apparition de nouveaux foyers ont été  notifiés au début du mois de juin 2014. Cette épidémie s’est également étendue à la Sierra Léone et au Libéria, pays limitrophes de la Guinée, conférant ainsi à  la crise une dimension sous régionale.

Plusieurs milliers de personnes ont été atteintes  et  aujourd’hui plus de 2.400 décès ont été enregistrés dans les trois pays affectés  dont près de 600 en Guinée, en majorité des femmes.

Une Déclaration d’Urgence Sanitaire Nationale a été aussitôt décrétée par Monsieur le Président de la République dans le cadre de la riposte contre la maladie à virus Ébola et, il y a quelques jours, le comité national  de gestion  de l’épidémie a adopté un plan accéléré de riposte  sur une période de 2 à 6 mois.

Un ensemble de mesures préventives ont été également prises, au nombre desquelles figurent l’institution d’un cordon sanitaire à tous les postes frontaliers, la restriction du mouvement de personnes et leur soumission à des mesures de dépistage à tous les points de passage du pays, y compris l’aéroport international de Conakry.

Ces mesures de sécurisation et de prévention, prises au départ de l’aéroport de Conakry et qui ont fait leurs preuves justifient le maintien des fréquences des vols des compagnies aériennes Air France, SN Brussels et Royal Air Maroc.

A cela s’ajoutent de nombreuses autres actions  menées sur le terrain notamment  la sensibilisation des populations sur les mesures préventives, le renforcement de la surveillance, le suivi des contacts, la mise en place du comité de régulation, la gestion sécurisée des enterrements et de la désinfection ainsi que la distribution des kits de protection individuelle et d’hygiène.

Aujourd’hui,  le gouvernement a privilégié la communication de proximité afin d’impacter sur la perception que certaines communautés ont de la maladie. A travers des messages de sensibilisation dans les langues nationales, davantage de personnes pourraient être alertées notamment dans les  milieux ruraux où persiste la réticence à la présence des agents de santé engagés dans la lutte contre le virus Ébola.

Malgré tous les  efforts entrepris par le gouvernement et ses partenaires, il reste encore de nombreux défis à relever et des besoins pressants à prendre en compte pour  endiguer la propagation de l’épidémie.

Nous ressentons des besoins de plus en plus  accrus de ressources humaines, financières et matérielles. Nous éprouvons des besoins indispensables en équipements : kits de protection, kits d’hygiène, médicaments, hôpitaux mobiles, thermo flashs, civières, lits d’hospitalisation etc… Il nous faut des moyens de déplacements notamment des  ambulances et des véhicules de transport pour le corps médical.

La liste exhaustive de nos attentes est disponible.

C’est le lieu approprié pour remercier une fois de plus, la France, les États- Unis, la Russie, la Chine, le Japon, le Royaume-Uni, l’Union européenne et plusieurs autres partenaires bi et multilatéraux  qui, aux côtés de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Médecins sans frontières (MSF), les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC/Atlanta) ainsi que des pays comme le Maroc et le Mali,  ont fait valoir dès le début, le principe de solidarité, de fraternité et d’amitié.

Naturellement, notre  dévoué  Secrétaire Général, Mr Ban Ki-moon a encore donné et continue de donner le meilleur de lui-même en cette période importante où se joue l’avenir même de certains de nos États.

En témoigne son initiative d’établir la Mission des Nations unies pour la riposte urgente contre Ébola.

Nous lui savons gré  et osons espérer que le Conseil de sécurité, garant de la paix et de la  sécurité internationales, s’inscrira  fortement dans cette dynamique et que la communauté scientifique mondiale viendra à bout, sous peu, de ce virus Ébola, tout comme il l’a réussi contre d’autres virus plus meurtriers.

Je vous remercie de votre aimable attention.

François Louncény Fall, Ministre d'Etat chargé des Affaires étrangères.

 

SOUARE Mamadou Hassimiou

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 655 31 11 11

Créé le 19 septembre 2014 11:45

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