Dr Zotomou : « La DGE est un outil de confiscation du pouvoir par le CNRD »

CONAKRY – La création, par le général Mamadi Doumbouya, d’une Direction Générale des Élections (DGE) en charge de l’organisation des scrutins et du référendum en Guinée continue de susciter de vives réactions au sein de la classe politique.

Interrogé par Africaguinee.com ce dimanche 15 juin 2025, Dr Édouard Zoutomou Kpoghomou, président de l’Union Démocratique pour le Renouveau et le Progrès (UDRP), estime que cette initiative n’est rien d’autre qu’un nouvel instrument de contrôle, destiné à « confisquer le pouvoir ».

« Je crois qu’on ferait mieux de ne plus parler d’élections. Dès le départ, nous avions constaté que le processus était biaisé, notamment depuis la création du CNT. Je remonte aux racines du problème. À ce moment-là déjà, on savait où cela allait nous mener.

Récemment encore, les Forces vives ont exigé, comme condition de pacification du processus, la mise en place d’un organe de gestion électorale consensuel. Certes, l’autorité de nomination revient au président de la transition, mais on ne peut pas mettre en place un organe sans lui conférer les prérogatives d’un véritable cadre impartial. La DGE est clairement une ramification des manœuvres du CNRD pour confisquer le pouvoir », a-t-il dénoncé.

Pour cet allié de Cellou Dalein Diallo, la militarisation de l’administration territoriale, du gouverneur au chef de quartier, empêche toute compétition politique équitable.

« Nous l’avons dit depuis longtemps : si, dans l’intérieur du pays, tout l’appareil administratif — du gouverneur au sous-préfet, jusqu’aux chefs de quartier et de district — est tenu par des militaires, alors tout ce qu’on met en place ne sert qu’à détourner l’attention.
En réalité, il n’y a aucune volonté d’organiser une élection libre. Une élection est censée permettre une compétition entre partis politiques, société civile, et tous les acteurs concernés. Mais si ces acteurs sont écartés, même dans la composition des commissions, alors il ne peut y avoir de transition apaisée.
Il vaudrait mieux, comme cela s’est fait ailleurs — au Mali, par exemple — que le général dise clairement : « Je serai président pour cinq, six ou sept ans, renouvelable à volonté. » Au moins, ce serait clair. Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est une imposture enrobée d’un vernis démocratique. »

La première valeur d’un homme, c’est le respect de sa parole

Le président de l’UDRP met en garde contre une éventuelle candidature de Mamadi Doumbouya à la présidentielle. Bien qu’il reconnaisse qu’il ne s’agit pour l’instant que de spéculations, il ne cache pas ses soupçons.

« Nous avons toujours dit que nous resterons vigilants jusqu’au jour J, c’est-à-dire le jour où le général Doumbouya annoncera officiellement sa candidature.
Pour l’instant, ce ne sont que des intentions prêtées. Même si nous sommes convaincus qu’il sera candidat, tant qu’il ne l’a pas dit, cela reste de la spéculation.
Notre combat actuel, c’est de dénoncer, d’alerter et de sensibiliser pour qu’il revienne à de meilleurs sentiments.
Un homme qui renie sa parole ne peut pas prétendre incarner des valeurs humaines. Or, la première valeur d’un homme, c’est le respect de sa parole », a-t-il rappelé.

Dr Zoutomou estime par ailleurs que la charte de la transition, bien que modifiée par une nouvelle constitution « taillée sur mesure avec la complicité du CNT », avait pourtant donné une orientation claire.

« Cela ne veut pas dire qu’on doit laisser faire. Nous sommes contre la candidature du général Doumbouya, car c’est lui-même qui a dit qu’il ne serait pas candidat, ni lui, ni aucun membre du CNRD, ni du gouvernement.
Balayer cet engagement d’un revers de main serait, pour nous, un parjure grave, et inacceptable », a conclu le président de l’UDRP.

Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 666 134 023

Créé le 15 juin 2025 16:37

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