Dr Faya Millimouno : “Les forces vives ont pris une décision logique…”

Dr Faya Milimouno, leader du Bloc Libéral

CONAKRY- Après le retrait de maître Mohamed Traoré du CNT (Conseil National de la Transition),  les forces vives de Guinée ont également demandé à leurs représentants de se retirer des différentes institutions de la transition. Elles jugent les autorités actuelles et les organes de la transition ‘’illégitimes’’ et souhaitent donc par cette décision, faire preuve de cohérence par rapport à leur position vis-à-vis du CNRD, unique organe décisionnel de la transition.

Le Bloc Libéral ne s’est pas encore déterminé à ce jour sur le sort de son représentant au CNT, mais le président de cette formation politique, Dr Faya Millimouno salue la décision des forces vives. Il a répondu aux questions d’Africaguinee.com. Entretien.

Africaguinee.com : Après le retrait du représentant du Barreau de Guinée du Conseil National de la Transition, les Forces Vives de Guinée ont demandé à leurs représentants de quitter les différentes institutions de transition. Quel regard portez-vous sur cette démarche ?

Dr Lansana Faya Millimouno : D’abord, il faut dire que c’est une décision logique. Il faut d’ailleurs, de passage, féliciter l’ancien bâtonnier Maître Mohamed Traoré, qui, comme je le connais depuis toujours, a pris une décision très importante au regard des principes républicains.

Il faut rappeler pour l’histoire que l’accord qu’on semble vouloir ignorer aujourd’hui a bel et bien été signé par le CNRD (Comité National du Rassemblement pour le Développement) le gouvernement d’un côté, la CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest) de l’autre. Il a été signé d’ailleurs au mépris de la classe politique, parce que celle-ci était au dialogue appelé par le CNRD. Au cours de ce pourparlers, on avait demandé aux différentes coalitions de proposer la durée de la période transitoire. Il vous reviendra que la synthèse qui avait été faite parlait de trois ans. C’est au même moment que le CNRD a négocié avec la CEDEAO pour dire que la période transitoire devait finir le 31 décembre 2024. Ce délai est effectivement arrivé à terme. Donc tout retrait des gens des institutions transitoires est une suite logique, parce que ce sont des institutions qui n’ont plus de légalité ni de légitimité. Ceci est extrêmement important. Donc l’annonce qui a été faite (par les Forces Vives de Guinée), s’accorde avec les principes et les valeurs.

Est-ce-que votre parti va leur emboîter le pas ?

Effectivement, le Bloc Libéral, comme à ses habitudes, a commencé à se pencher sur cette question. C’est demain vendredi (17 janvier) que le bureau politique va se retrouver.

Qu’est-ce qui a fait que nous avons pris deux bonnes semaines ? C’est parce que dans la deuxième moitié du mois de décembre, voyant que nous étions proches de la fin de la période transitoire et qu’on n’avait pas encore même un projet de constitution, à plus forte raison organiser les élections, cela devenait un secret de polichinelle que la période transitoire ne finirait pas. Nous avons rompu le silence pour demander une renégociation de la période transitoire en appelant un dialogue.

Aujourd’hui, le CNRD et le gouvernement sont encore sourds par rapport à cela, parce que nous n’avons pas encore vu une réelle volonté, d’appeler les acteurs politiques et sociaux à un cadre de dialogue permettant aux Guinéens, comme des personnes mûres, de s’entendre en vue d’une fin heureuse de cette période transitoire.

Alors, ayant donc constaté que le CNRD et le gouvernement ne veulent pas dialoguer désormais avec les Guinéens, nous avons donc décidé d’appeler les membres du bureau politique pour discuter de la question de notre représentation au CNT. Et dès que la décision à ce niveau sera prise, elle sera rendue publique.

Il faut rappeler qu’en avril 2019, à la tête de certains membres du bureau politique de votre parti, vous aviez organisé un sit-in devant le parlement de la 8ème pour protester contre les députés qui y siégeaient après prorogation de leur mandat… 

Nous avions été violentés et envoyés manu-militari, et c’est sous le CNRD que nous avons été jugés, le procès a eu lieu en 2022 concernant les membres du bureau politique.

Mais je ne vais pas anticiper sur la décision que prendra le bureau politique. Par respect pour ses membres, je ne peux pas dire si oui ou non, la décision sera prise par rapport à notre présence au CNT. Mais dès que cette décision sera prise, elle sera rendue publique.

Êtes-vous solidaire de la décision des forces vives Guinée qui ont demandé à leurs représentants de quitter les institutions de la transition ?

Naturellement, j’ai dit que c’est une décision vraiment logique, parce que dès lors que les institutions sont périmées, il faut tirer les bonnes conclusions.

Au cas où ces gens diraient, pour respecter leur engagement devant le président, (pour avoir prêté serment sur le coran ou sur la Bible), qu’ils ne quitteraient pas. Qu’est-ce qui pourrait arriver au cas où vous preniez la décision de rappeler votre représentant ? 

Ça ne sera pas une première sur l’échiquier politique guinéen. Rappelez-vous que les législateurs Guinéens sont toujours habitués à l’illégalité. Au temps de Lansana Conté, (au pouvoir de 1984-2008), la législature en place était déjà périmée.

C’est pourquoi, les gens, à la mort de Lansana Conté avaient pensé qu’il y avait un défunt constitutionnel, un défunt constitutionnel qui n’avait maintenant ni légitimité ni légalité, cela allait de soi que c’est l’armée qui prendrait le pouvoir, et c’est ce qu’il fut fait quand le CNDD (Conseil National pour la Démocratie et le Développement) avait pris le pouvoir (en 2008).

Au temps de Alpha Condé également, les gens se sont justifiés pour dire que c’était normal qu’ils restent en place, même si la législature était périmée. Ce qui amène toujours à se poser la question de savoir, oui, on est acteur social, oui, on est acteur politique, mais pourquoi sommes-nous en politique ? Est-ce que nous sommes en politique pour nous battre pour l’intérêt général ou nous sommes en politique pour nous battre pour l’intérêt personnel ? Le plus souvent, les gens confondent les deux.

Mais je ne souhaite pas, en tout cas pour ceux des partis politiques qui ont déjà pris des décisions, je ne souhaite pas que leurs représentants ignorent cette décision. On se rappelle aussi en 2012, lorsque nous étions aux prises avec la dictature de Monsieur Condé. On avait décidé, le jour qu’on a tiré à balles réelles sur la voiture blindée de Lansana Kouyaté, on devait faire une manifestation sur l’autoroute Fidel Castro à l’époque. On avait pris la décision, n’est-ce pas, de retirer les représentants de tous les partis, n’est-ce pas, d’opposition des institutions. Il y en a qui avaient refusé de quitter le CNT. Il y en a qui avaient refusé de quitter la CENI. Il y en a qui avaient refusé, mais d’autres l’ont fait en quittant.

Rappelez-vous qu’à l’époque, le PEDN de Lansana Kouyaté avait deux membres au gouvernement. Ils ont jeté l’éponge. Ils ont jeté l’éponge. Il y avait des gens qui étaient à la Séné, notamment les gens du PUP et autres. Ils ont jeté l’éponge. Et finalement, la recomposition de cette institution a été possible. Donc, il n’y a pas une chose. Cela n’étonnerait pas même si ce serait bien malheureux que les conseillers choisissent d’ignorer la décision des partis qui sont censés représenter.

Docteur Faya, oui ou non, vous allez appeler votre représentant à se retirer ? 

Je dis, puisque la réunion n’a pas eu lieu, par respect pour le parti, parce que le parti ce n’est pas Faya Millimouno, je vais toujours avec les membres, les militants et les responsables du parti. Dès que la décision sera prise, elle sera rendue publique. Si vous voulez, je peux vous offrir la primeur.

Le Bloc Libéral en a combien de représentants au CNT ?

Vous attendiez que nous ayons combien ? Mais tout le monde en a eu un, quelques-uns ont eu 1. Il n’y avait aucun parti qui en avait 2. Aucun parti n’avait 2 représentants. Quoique, parmi les partis politiques, il y en a qui ont des membres au gouvernement, qui sont dans l’administration et à des hautes fonctions. Ce n’est pas le cas du Bloc libéral. Nous, nous ne sommes concernés que par le CNT, où nous avons une représentante.

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 17 janvier 2025 10:16

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