Diakaria Koulibaly : « La générosité de l’Etat ne peut pas aller à l’infini… » (interview)

Diakaria Koulibaly, ministre des Hydrocarbures

CONAKRY-Quelles mesures  le Gouvernement compte-t-il mettre en œuvre pour accompagner les populations suite à la hausse du prix du carburant ? Dans cet entretien accordé à notre rédaction, le ministre des hydrocarbures revient de long en large sur les raisons de l’augmentation du prix du carburant, et les dispositions que le Gouvernement compte prendre.

AFRICAGUINEE.COM : Quelles sont les raisons réelles de l'augmentation du prix du carburant à la pompe?

DIAKARIA KOULIBALY : La flambée du baril se voit à l’international en longueur de journée. Pour le moment, le pétrole n’est pas encore produit en Guinée puisqu’on n’en a pas encore découvert. On importe. Les prix qui sont appliqués ici sont en fonction du prix à l’international.  Le prix de 8000 GNF si vous regardez en mars 2015, le baril était entre 46 et 48 dollars, aujourd’hui, il est entre 77 et 78 dollars. A peu près, il y a 60% d’augmentation. On aurait pu faire (une augmentation) à 12.000 GNF comme c’est le cas au Sénégal ou 11. 500 en Côte d’Ivoire, mais le Gouvernement prend toujours une solution qui soulage la population. C’est pour ça qu’on est à 10.000 GNF.

Les syndicats seront concertés sur les mesures d’accompagnement parce qu’il faut détacher les deux. Le prix du carburant ne dépend de personne. C’est à l’international. Par contre quand le prix augmente, c’est normal que le Gouvernement et le syndicat se mettent ensemble pour convenir des mesures d’accompagnement qui protègent les revenus des ménages comme la dégradation du pouvoir d’achat. 

En économie l’offre et la demande s’équilibrent à travers le prix, c’est comme quand une denrée est en manque naturellement le prix augmente. C’est comme quand il y a moins de pain ou de viande, le seul qui a cette denrée augmente le prix (…), donc ça c’est la loi de l’économie. C’est la même chose dans le pétrole, face à une demande qui croît, le prix a flambé (…), cette flambée du prix  à l’international joue sur le prix en Guinée par rapport au carburant.

 Le syndicat dénonce une mesure unilatérale. Pourquoi vous n’avez pas pris l’initiative de se concerter avec eux avant de prendre cette mesure ?

Encore une fois, ce qui est logique et qui est normal, ce que quand le prix augmente, le syndicat et le gouvernement  travaillent pour définir les mesures d’accompagnement. Le plus important  est que le gouvernement est dans cette disposition, le premier ministre a d’ailleurs fait un courrier en ce sens pour dire que la concertation va se poursuivre pour que les parties conviennent des mesures d’accompagnement. Mais pour le prix du carburant nous n’avions pas le choix puisqu’on aurait pu augmenter depuis octobre 2017 mais pour des raisons diverses surtout liées au ramadan et aux périodes d’examens nationaux le gouvernement voulait trouver un moment opportun parce que sa préoccupation aussi c’est le citoyen. Aussi vouloir le faire à la veille du ramadan, c’est de nature à faire flamber le prix des denrées, ce qui serait gênant pour les ménages. Pour toutes ces raisons, la saignée a continué et la décision a été prise récemment (…), mais avant ça, l’Etat sur les huit mois avait supporté 760 milliards gnf.

La situation s’est tellement détériorée ces temps-ci qu’un seul mois coûtait plus de 145 milliards de subvention pour l’Etat donc nous ne pouvions pas continuer. Il est important pour les gens de comprendre que la générosité de l’Etat par rapport à la structure du prix ne peut pas aller à l’infinie parce que chaque ligne de la structure appartient à un opérateur donné. Celui auquel l’on achète à l’étranger a sa ligne, le port autonome a sa ligne à travers le quai pétrolier qui est sa propriété , le stockage a sa ligne à travers la société qui est propriétaire des cuves, ceux qui construisent les stations ont leurs lignes et ceux qui distribuent le carburant ont leurs lignes aussi. Donc l’Etat même s’il veut faire un sacrifice  ne peut le faire que sur la contrainte de ses lignes. Mais avec la flambée du baril à l’international, ces réserves de l’Etat dans la structure étaient épuisées. Nous étions donc face à un blocage.

Voulez-vous dire que l’Etat a carrément supprimé cette subvention sur le carburant ou bien existe-t-il des secteurs qui vont continuer à être subventionner ?

La subvention de l’Etat se décide au niveau d’une Assemblée, il y a des activités qui ont été ciblées lesquelles ont droit à la subvention et d’autres n’en n’ont pas droit. C’est-à-dire l’Etat a regardé ces activités qui sont importantes et qui ont un rapport  direct avec le consommateur. Donc dans ce secteur, le carburant va continuer à être subventionner. Quand je prends EDG en exemple, l’Etat a renoncé à toutes ces taxes sur EDG, donc cette compagnie va continuer à acheter  le carburant à un prix inférieur. C’est tout comme la SEG va continuer également à être subventionner, la pêche également bénéficiera de la subvention. Le seul but de tout cela est que le carburant n’engendre pas de surcoût au niveau de ces secteurs qui sont stratégiques et qui soit de nature à embêter le consommateur dans sa consommation. Donc les subventions seront maintenues dans ces secteurs stratégiques. Pour les industries et pour les consommateurs à la pompe, ceux -là vont payer avec  les taxes comme le veut d’ailleurs la loi budgétaire votée par l’Assemblée Nationale.

Dites-nous alors quelles mesures  le gouvernement mettra-t-il en œuvre pour accompagner cette augmentation ?

Déjà le gouvernement avait anticipé sur cette augmentation parce que de toute façon sa préoccupation majeure (…), sur ce plan il n’a même pas besoin forcement que cela soit dicté par le syndicat parce que c’est un devoir. Donc le gouvernement avait pris des dispositions pour le train qui fait le transport urbain redémarre (…), pour cela il fallait libérer  la subvention et cette subvention a été libérée et il va reprendre bientôt pour l’intérêt des usagers. Des bus aussi vont être mis en circulation, tout cela pour muscler le service public des transports. Evidemment après, acteurs et Etat se décideront pour voir  du point de vue des primes de transport  et également du point de vue du panier de la ménagère à travers les denrées de premières nécessités.

Peut-on s’attendre  une détaxation de certains produits de première nécessité ?

Tout à fait sur les denrées de grandes consommations effectivement (…), le ministre du commerce a été instruit déjà pour regarder dans quelles mesures cela adviendra pour renforcer le panier de la ménagère.

il faut que la population comprenne que le gouvernement continuera à faire de son mieux  pour soulager le peuple de Guinée. Le produit qui est importé ailleurs est le même que celui importé en Guinée. D’ailleurs quand vous allez dans un pays de la sous-région, il y a des catégories d’essences comme le SUPER et l’ordinaire, l’essence super est de meilleure qualité que celle ordinaire mais en Guinée tout le monde consomme l’essence SUPER, donc la meilleure qualité.  Nous importons dans les mêmes conditions que ces pays.

Donc à 10.000gnf c’est déjà un effort  surtout que la population n’est pas sensibilisée pour savoir que l’Etat continue à faire des efforts dans les secteurs stratégiques. C’est-à-dire qu’il continuera à vendre le carburant avec subvention dans le domaine de l’énergie de la pêche et de l’eau et également dans le domaine des mines pour que les gros investissements soient encouragés de manière à créer de l’emploi. Donc tout ça, ce sont les efforts de l’Etat.

Entretien réalisé par Diallo Boubacar1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 112

 

Créé le 9 juillet 2018 09:58

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