Des gangs incontrôlés sèment la terreur à Démoudoula : Les habitants sur le qui-vive… « nous demandons de l’aide aux autorités »
CONAKRY- C’est une alerte très sérieuse. Dans la haute banlieue de Conakry, il devient de plus en difficile de circuler sans se faire agresser dans certains quartiers. De petits gangs font régner leur Loi sans se faire inquiéter. Ils brigandent, rackettent et blessent de paisibles citoyens passants…même en pleine 14heures.
C’est le cas des quartiers comme Démoudoula, Kaporo-rails, Diallo Sambaya, Fofanayah et secteurs environnants, situés dans la nouvelle commune de Lambanyi. Certains habitants de ces quartiers vivent une hantise permanente. La peur de se faire agresser. Ces derniers temps, la situation est devenue de plus en plus inquiétante. Des citoyens que nous avons interrogés interpellent les autorités sur le danger qui les guettent de jour comme de nuit.
Selon les témoignages recueillis dans ces quartiers, cette nouvelle forme d’insécurité est causée par le retour des gangs dans leur zone. Des groupes de jeunes non contrôlés viennent s’attaquer à tout moment aux paisibles citoyens. Comme le témoigne cet habitant du secteur 7 dans la zone Diallo Sambaya, relevant du quartier Kaporo-rails. Selon lui, des malfrats répartis dans plusieurs groupes sèment de la terreur dans sa zone.
« C’est vrai, il y a eu beaucoup de problèmes ces derniers temps dans notre quartier ici. Tout a commencé par un affrontement entre gangs rivaux venus de partout dans les alentours. Africof, la zone déguerpie de Kaporo-rails ou encore ceux qui érigent leurs bases le long du bas-fond de la rivière. Dès que deux rivaux commencent à se bagarrer, tous les autres se mêlent du problème et ça devient un affrontement généralisé entre groupes rivaux. Lorsqu’ils s’affrontent, ils s’attaquent presque à tout le quartier, ils barricadent les ruelles, ils bloquent le passage, ils retirent des objets des citoyens.
Nous souffrons énormément ici parce que non seulement c’est devenu récurent mais aussi les jeunes qui n’étaient pas habitués à cette vie commencent à les suivre, à être délinquants. Nous sommes vraiment contents d’avoir une telle forêt dans notre zone, elle a d’une utilité inestimable pour les populations d’ici, mais la forêt n’est pas gérée. Il n’y pas de gardien pour empêcher que n’importe qui y habite. Et maintenant, il y a des jeunes qui sont dans cette forêt sur le long de la rivière et qui dérangent la quiétude sociale dans les quartiers environnants. Ils ont érigé des bases sur tout le bas-fond et ils fatiguent énormément les habitants d’ici, personne n’est en sécurité dans cette zone. Ils font ce qu’ils veulent.
Dès qu’il y a un problème entre deux d’entre eux, ils appellent leurs amis qui se trouvent dans les zones environnantes pour venir en renfort. Quand ils viennent, ils sèment la terreur dans tout le quartier. Nous demandons aux autorités de l’aide pour régler ce problème d’insécurité dans notre zone », a lancé S. Sidibé.
Selon nos informations, ces malfrats viennent principalement de la zone de Kaporo-rails déguerpie sous le régime d’Alpha Condé, de la zone d’Afrikof vers Cosa et du bas-fond de la rivière qui sépare le quartier Kaporo à celui de Nongo.
Thierno Djouldé est commerçant au marché de Démoudoula. Selon ce père de famille, les habitants de cette zone sont confrontés à un double problème. Ils sont non seulement terrifiés par les gangs mais aussi par les agents des forces de défense et de sécurité.
« Honnêtement, ce n’est pas facile d’expliquer ce qui se passe ici, puisque les jeunes viennent de partout pour nous agresser dans notre quartier. Mais quand les forces de l’ordre arrivent sur les lieux, ils n’arrêtent pas les malfrats, plutôt ils arrêtent nos enfants qui se trouvent être aussi des victimes. La plupart de ceux qui sont arrêtés sont des innocents. Quand les agents de sécurité arrivent pour maintenir l’ordre vous allez voir qu’ils vont poursuivre les malfrats, mais sans suite. Après, ils se retournent contre nos enfants pour les arrêter et partir avec eux. Donc, nous souffrons énormément à Démoudoula ici », a expliqué ce citoyen de Démoudoula.
Mariama Djiba est mère de famille. Elle témoigne au micro de notre reporter le calvaire auquel elle est confrontée au quotidien.
« Les jeunes viennent de partout pour s’attaquer à nous non seulement dans le marché ici mais aussi dans tout le quartier. Mais mon cas est particulier parce que je n’ose pas la violence. Je n’ose pas voir des affrontements depuis que j’ai fui la rébellion à Freetown. Dès qu’ils commencent, je fui en laissant toute ma marchandise. Et lorsqu’ils arrivent, ils gâtent tout sur leur passage. Nous souffrons énormément ici. Pire, les agents de sécurité qui viennent pour rétablir l’ordre, ils arrêtent nos enfants qui n’ont rien avoir avec ces problèmes.
Alors, nous demandons de l’aide vraiment puisque c’est devenu récurrent. Ils viennent s’attaquer à nous, retirer nos biens, gâter les marchandises qu’on a pris à crédits. Franchement, depuis que cette route (la bretelle qui longe entre Prima Center au Carrefour Cosa en passant par Kaporo-rails et Démoudoula ndlr) a été faite, ici nous ne sommes pas en sécurité. Nous, mères de familles demandons de l’aide au Gouvernement.
Quand ils rentrent dans le quartier, d’abord ils bloquent toutes les ruelles, ils retirent de l’argent aux passants, ils retirent des objets de valeur, des téléphones, ils retirent même des motos, ils s’attaquent aux familles. Ils viennent nous agresser pendant la nuit et pendant journée », a déploré cette habitante du quartier Démoudoula.
Ténin Diallo exprime sa crainte d’avoir des ‘’petits rebelles’’ dans son quartier si rien n’est fait. C’est pourquoi elle lance un appel à l’aide aux autorités pour régler définitivement le problème d’insécurité dans sa zone.
« A Démoudoula ici l’insécurité prend de l’ampleur. Parce que même à l’Université Aguibou Barry ici, des jeunes viennent s’attaquer aux étudiants pour retirer leurs sacs. Donc, nous demandons au gouvernement de nous sécuriser et sécuriser nos biens. Franchement, si cela continue nous risquons d’avoir des petits rebelles dans le quartier. Ils viennent en plein 14h muni d’armes blanches, des bâtons, des cailloux pour nous agresser afin de retirer nos objets », a déploré cette étudiante.
Thierno Mamadou Bah est un jeune du quartier. Il a été victime de l’insécurité dans sa zone.
« Nous sommes inquiets à Démoudoula ici. Ils barricadent les ruelles comme ça, afin de brigander des citoyens. Et quand les forces de l’ordre viennent pour rétablir l’ordre public, ils ne font pas de distinguo : ils arrêtent tous les jeunes qu’ils trouvent sur leur chemin pensant qu’ils sont tous pareils alors que tel n’est pas le cas. Nous demandons de l’aide aux autorités. En plus, nous disons aux policiers et aux gendarmes qui viennent pour les interventions d’avoir une meilleure stratégie afin d’arrêter les vrais responsables de cette insécurité. Mais s’ils viennent dans le quartier pour procéder à des arrestations dans les ateliers de couture, dans les bars café et restaurants franchement c’est une erreur. Eux-mêmes, savent que ce ne sont pas ces gens-là qui jettent des cailloux, qui barrent la route et qui retirent les biens des citoyens. Les policiers et les gendarmes doivent avoir des contacts avec des jeunes leaders et responsables du quartier pour les aider à identifier les malfrats qui nous fatiguent », a proposé ce jeune.
Reportage réalisé par Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 666 134 023
Créé le 29 mai 2024 15:35Nous vous proposons aussi
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