Déguerpissement : Des gendarmes accusés d’exactions à Taouyah…

CONAKRY-A Conakry, les cas de déguerpissements se multiplient et sont souvent émaillés de violences. Les cas sont légion, et malheureusement dans ces situations, de paisibles citoyens paient quotidiennement les frais. Ça été le cas ce samedi 25 février 2023 à Dixinn Port, tout comme hier à Taouyah. Au cœur de tous ces incidents, ce sont des ventes de domaines ou de maisons qui ne font pas l’unanimité entre membres de mêmes fratries.

Ce vendredi 24 février 2023 une famille a été déguerpie de force par des gendarmes aux environs de 5 heures du matin dans le quartier Taouya-marché situé dans la comme de Ratoma. Selon Fatou Jeanne Sylla, l’une des victimes et en même temps membre de la famille déguerpie, c’est son oncle Abdoul Camara qui a vendu leur maison à un certain Baldé. Elle explique la genèse du problème, qui dure selon elle, depuis 23 ans.

« Ce matin aux environs de 5 heures du matin, à notre grande surprise, des gendarmes sont venus nous déguerpir de force. Ils m’ont trouvé dehors alors que je me lavais. Quand j’ai terminé, je suis partie réveiller mes sœurs et leur dire que des gendarmes sont venus pour nous faire quitter la maison. Aussitôt, tout le monde est sorti en sursaut pour demander la raison. Le chef de mission est venu nous dire que notre maison a été vendue par notre oncle tout en nous priant de prendre tous nos bagages et de quitter les lieux« , a-t-elle expliqué.

Ce déguerpissement a occasionné une perturbation momentanée de la circulation. Des jeunes irrités ont érigé des barricades sur la route. Les gendarmes ont fait usage de gaz lacrymogène pour les disperser. Joséphine était présente lorsque les gendarmes ont débarqué sur les lieux.

« Nous étions couchées lorsque vers 5 heures du matin, les agents sont venus…Ils nous ont dit d’ouvrir la porte, tout le monde dormait. Ils nous ont dit que si on n’ouvre pas le porte, ils allaient sauter pour entrer. C’est ainsi qu’on a ouvert la porte. Ils sont entrés et ont défoncé les portes de l’intérieur. Ensuite, ils se sont mis à faire sortir nos objets. Ma maman a perdu son téléphone, elle n’a pas pu supporter le choc. Elle a fait une crise. On avait plus de 4 millions dans l’armoire que nous n’avons pas retrouvé. Normalement, c’est nous-mêmes qui devrions faire sortir nos effets et non les gendarmes. Ils ont créé le bazar partout dans la maison« , a relaté cette dame.

Selon Fatou Jeanne Sylla, la maison qui a été vendue appartenait à sa grand-mère. Elle accuse son oncle Abdoul Camara d’avoir vendu tous les biens laissés par cette dernière sans le consentement des autres membres de la famille. Expulsée de force et désormais sans abris, elle lance un appel aux autorités.

« La maison là appartenait à ma grand-mère. Mon oncle Abdoul Camara l’a revendue à un certain Baldé, sans le consentement des autres membres de la famille. Même ce matin, il nous a dit qu’il a vendu aussi l’étage qui est à côté. Aujourd’hui, nous n’avons pas où aller. Nous sommes jetées à la belle étoile« , a crié cette femme, dépitée.

Autres communes, réalités similaires. Des incidents similaires se sont produits ce samedi 25 février 2023 à Dixinn. Là également des jeunes mécontents de la vente de leur maison par un des membres de la famille, ont déversé leur colère sur la voie publique. Ils ont déversé des poubelles sur la chaussée. La police déployée sur les lieux pour le maintien d’ordre a fait usage de gaz lacrymogène pour les chasser. Ces incidents survenus peu avant midi, ont été vite maitrisés par les forces de l’ordre. La circulation a repris son cours normal. Des incidents de ce genre sont devenus récurrents à Conakry. Il y a deux semaines, c’était Petit Symbaya, ensuite à Kipé, Coléah. Tout récemment, c’était à Kaloum. Un problème de société qui devrait interpeler les autorités.

Mamadou Yaya Bah

Pour Africaguinee.com