Date du référendum, suspension du RPG, élections : Lansana Komara parle…

CONAKRY-Il parle peu ces derniers temps. Lansana Komara, secrétaire administratif du RPG arc-en-ciel, a brisé le silence. Dans un entretien accordé à Africaguinee.com, ce membre du bureau exécutif de l’ex parti au pouvoir, s’est exprimé sur l’actualité « chaude » du moment. Recensement biométrique, date du référendum, suspension du RPG arc-en-ciel…l’ancien ministre de l’Enseignement Technique sous le régime d’Alpha Condé, livre son analyse, appelant les autorités à accepter le consensus. Interview !!!

AFRICAGUINEE.COM : Dans un entretien que vous nous aviez accordé en mai dernier, vous aviez prédit l’échec du PN-RAVEC dans le processus du retour à l’ordre constitutionnel. Le gouvernement guinéen semble avoir abandonné cette option au profit d’un recensement biométrique. Comment réagissez-vous ?

LANSANA KOMARA :  Je comprends que les autorités ne veulent pas que l’on s’entende sur quelque chose de concret. Sinon, je suis sorti à plusieurs reprises pour démontrer par a+b, qu’avec le Ravec, on n’ira nulle part. Aujourd’hui, le temps nous donne raison. C’est clair que le Ravec ne peut plus nous conduire là nous voulons aller. On retourne à la case départ. Il faut voir maintenant quel est le temps perdu. Bon, de toute façon, c’est comme ça que les humains vivent: de la haine de l’autre. Quand ton adversaire propose, ce n’est pas à prendre, on rejette tout… Et finalement, on se retrouve devant une telle situation. C’est pourquoi nous avions demandé qu’on se retrouve et qu’on s’entende sur une ligne. Maintenant, on est à la case départ.

Vous aviez souligné plusieurs insuffisances susceptibles de freiner le processus, notamment : Un faible taux de déclaration des naissances, une couverture nationale insuffisante en matière d’état civil, les risques liés à l’instabilité socio-politique, etc. Pensez-vous que le MATD soit en mesure de surmonter ces défis dans un délai aussi court ?

Cette question leur revient. Moi j’ai dénoncé pour leur donner une une directive. Mais ils ont négligé ça. Maintenant, c’est eux-mêmes qui reconnaissent que ce n’est pas possible. A partir du moment où ce n’est plus possible, donc, ce n’est plus la peine de leur demander. Parce qu’on ne peut pas gérer un pays par la haine. Et la politique ne se fait pas avec la poitrine, c’est avec la tête. Maintenant, nous sommes dans une situation, pratiquement du blocage. En tout cas, on est dans une situation compliquée.

Le Gouvernement a réceptionné cette semaine de nouveaux kits d’enrôlement biométrique. Certains y voient un signe encourageant pour accélérer le processus de retour à l’ordre constitutionnel. Partagez-vous cet avis ?

Vous dites des Kits d’enrôlement biométrique ?  Ça, c’est tout ce qu’ils avaient abandonné avant. S’ils reviennent à la même chose, où est le problème ? Sinon, ils ont refusé tout ça avant, au profit du Ravec. Maintenant qu’on revienne là-dessus avec le kit… Mais, c’est ce qu’on utilisait d’habitude. Dans toutes les élections passées ici, on a utilisé les kits d’enrôlement. Donc, si on revient à ça, où est le problème ? Mais il faut que vraiment les choses soient consensuelles. Si c’est consensuel, là, il n’y a pas de problème. Mais si on fait les choses de façon unilatérale, je pense que c’est l’échec.

Le mardi 1er avril, le président Mamadi Doumbouya a fixé la date du référendum au 21 septembre 2025. Pensez-vous qu’elle soit tenable ?

Là, je n’ai rien à dire…Je respecte la date, mais je n’ai rien à dire sur ça.

Quelle est la position actuelle du RPG sur les mesures à adopter pour un retour à l’ordre constitutionnel en Guinée ?

Il faut qu’on se retrouve d’abord en bureau politique pour essayer de nous accorder sur un point. Mais malheureusement, dans notre camp, c’est la chasse à l’homme. Voilà. Comment on peut se retrouver dans ces conditions-là pour vraiment décider de quelque chose? C’est là le problème. Un bureau politique à l’heure là qui a des difficultés de se réunir à son siège, c’est difficile.

Votre parti a été suspendu par le MATD. Où en êtes-vous aujourd’hui dans les démarches pour régulariser la situation du RPG ?

Nous allons tenir une réunion au niveau de la direction pour voir ce qu’il faut faire. Pour le moment, on n’a rien décidé encore…

Selon vous, l’attitude des autorités de la transition reflète-t-elle une stratégie politique délibérée ou un manque de maîtrise de la gestion administrative ?

C’est les deux.

Le RPG ira-t-il aux élections si le général Mamadi Doumbouya est candidat ?

Non, vous aussi. Prochaine élection avec qui ? Ah mais non ! Vous parlez de prochaine élection avec qui ? C’est ça la question ? Si c’est avec le régime actuel, ça c’est déjà perdu. Quiconque se présente aux élections (avec ce régime), il perd. Et c’est perdu d’avance.

Propos recueillis par Dansa Camara DC 

Pour Africaguinee.com