Damaro Camara du RPG Arc-en-ciel : ‘’Avec ou sans l’opposition nous irons aux élections…’’ (Interview)

El hadj Damaro Camara, Président du Groupe Parlementaire RPG Arc-en-ciel        Photo-Africaguinee.com

CONAKRY- Comment la mouvance présidentielle a accueillie l’annonce faite par l’opposition sur une plainte qu’elle compte déposer à la cour de justice de la CEDEAO ? Que ferait le camp présidentiel en cas de boycott des prochaines élections par l’opposition ? Le Président du Groupe Parlement RPG Arc-en-ciel, El hadj Amadou Damaro Camara a dans cette interview, passé en revue les différents préalables exigés par l’opposition pour son retour autour de la table du dialogue. Au cours de cet entretien exclusif accordé à notre rédaction, le chef de file de la majorité présidentielle évoque également les conséquences de l’absence de l’opposition à l’Assemblée Nationale. Exclusif !!!

 

AFRICAGUINEE.COM : Honorable Amadou Damaro Camara bonjour !

AMADOU DAMARO CAMARA : Bonjour Mademoiselle Bah !

L’opposition guinéenne envisage de redescendre dans la rue ce jeudi 30 avril malgré les appels au dialogue. Votre réaction ?

C’est toujours regrettable que l’on ne puisse pas être d’accord, qu’on n’arrive même pas à s’asseoir au tour de la même table. Nous n’avons pas d’exigence, de conditionnalité, de limitation  d’ordre du jour.  Nous demandons aux uns et aux autres de venir au tour de la table. C’est regrettable qu’ils aient choisi la rue au lieu de l’Assemblée Nationale pour discuter des problèmes de la Guinée.

Que pensez-vous des différents préalables exigés par l’opposition avant toute participation de sa part au dialogue politique appelé par le Gouvernement ?

Quand on doit se rencontrer c’est pour discuter. On ne demande pas de régler les problèmes avant de se  rencontrer. Pourquoi, ils ne veulent pas notre main tendue et ils accusent toujours en disant qu’on a déjà eu deux dialogues qui n’ont pas donné de résultat.  Je dirais non, le premier dialogue a abouti non seulement au choix d’un opérateur technique, mais cela a abouti à l’installation de la deuxième institution du pays qui est  l’Assemblée Nationale.

Pour faire la démocratie on ne se contente pas de deux dialogues qui avaient échoué. Un  exemple, la guerre entre la Hollande et l’Espagne qui a duré 80 ans (…), ils ont fait une trêve de 12 ans pour pouvoir discuter. Lorsqu’ils ne se sont pas entendus la guerre a continué, mais enfin c’est au tour d’une table que le problème a été réglé. La guerre  la plus dévastatrice que le monde a connue c’est la deuxième guerre mondiale. C’est au tour d’une table que quelques personnes ont décidé sa fin.  Il va falloir un jour que l’opposition vienne à la table de négociation.

Mais elle exige  d’abord que la Commission Electorale Nationale Indépendante gèle ses activités et  l’annulation du calendrier des élections.

L’opposition se retire de l’Assemblée nationale parce qu’elle reproche quelques choses à la CENI (Commission électorale nationale indépendante, Ndlr).  Qu’est-ce que le parlement  a à voir avec ça. Cela correspond à dire « le chasseur a raté la biche, allons y récolter son fonio ». Ce n’est pas parce qu’on s’entend pas sur la CENI qu’on doit quitter l’Assemblée. Nous n’avons pas d’ordre à donner à la CENI, parce qu’elle nous consulte pas en tant qu’Assemblée. L’Assemblée est la deuxième institution du pays. On la quitte pas parce qu’on est fâché avec une autre institution.  C’est ça un peu le paradoxe. 

Certains estiment aujourd’hui que l’Assemblée Nationale manque de crédibilité avec cette absence de l’opposition. Qu’en dites-vous ?

L’absence de  l’opposition ne veut pas dire dissolution de l’Assemblée. C’est vrai que leur absence nous empêche de passer les lois essentielles telles que les lois organiques, à l’assemblée de se doter  de son propre règlement intérieur  et il y a aussi un projet de loi organique concernant la restructuration de la Cour Suprême qui est en souffrance.

 A cause de leur absence la Guinée ne peut pas se doter d’une loi organisant la cour suprême.  Nous ne pouvons pas refaire aujourd’hui le code électoral. Nous ne pouvons pas nous doter de notre propre règlement intérieur sur les méfaits de l’absence de l’opposition. Quant à la crédibilité nous sommes parfaitement légitimes, nous sommes des élus du peuple comme eux.  On ne  rentre  pas en politique pour créer des problèmes mais les résoudre.

Pourquoi le camp présidentiel organise des contre-manifestations lors des journées de marche de l’opposition ?

Parce que la manifestation en soi est illégale  et  n’est pas autorisée.  La constitution autorise  l’opposition à des manifestations mais,  il y a une procédure.  On ne peut pas dire que le président est illégitime, impopulaire, qu’on ne reconnait pas la CENI et  les autorités locales,  et vouloir organiser et demander au même Etat que tu nie  de te  protéger.  Je ne suis pas ce politicien qui croit que la vérité ne se trouve que de mon côté. Je suis  très ouvert au tour de la table qu’on discute de tout.  

On ne peut pas dire,  je ne demande pas l’autorisation des délégations spéciales parce qu’elles sont illégales. Le Gouverneur (de Conakry, Soriba Sorel Camara, Ndlr) n’est pas illégal, on pouvait lui demander pour que la marche soit encadrée.  C’est une demande à l’insurrection populaire, ce que le peuple de Guinée n’a pas suivi. Ils auraient étendu dans tout le pays, mais rien en  forêt. Il y a  des villes en Basse Guinée et même en Moyenne Guinée qui n’ont pas  connues les manifestations. On ne peut pas voir la loi seulement de son côté. Les  contre-manifestations sont interdites mais c’est quand c’est une  manifestation autorisée.

Au soir du jeudi 23 avril dernier, Cellou Dalein Diallo a annoncé que l’opposition guinéenne comptait saisir la cour de justice de la CEDEAO à travers une plainte pour dit-il, les nombreuses violations des lois du pays par le Gouvernement. Qu’en dites-vous ?

 

Je ne suis pas juriste, j’attends qu’il porte plainte au niveau de la CEDEAO. J’ai envie de savoir quelle est la chance qu’une plainte à la CEDEAO puisse régler  les problèmes en Guinée.

Avec ces tumultes politiques croyez-vous à la tenue de l’élection présidentielle au mois d’octobre prochain ?

Absolument  oui ! Nous allons avoir des élections, je suis claire là-dessus.  Avec ou  sans leur participation nous irons aux élections en octobre. On ne peut  se permettre d’avoir un pays sans président.

Le camp présidentiel serait-il favorable à un cumul des élections (présidentielles et locales) ?

Pourquoi on ne viendrait pas à table pour discuter juridiquement, politiquement et budgétairement de cet aspect. Si le souci est la transparence,  retrouvons nous et mettons tous les garde-fous nécessaires pour  aboutir à la transparence des élections. Nous sommes disponibles à cela.

Quel est votre mot de la fin ?

Encore une  fois la mouvance et le Gouvernement nous tendons une main  fraternelle. La Guinée n’a pas besoin de bruler.  Nous pouvons épiloguer,  qui a raison qui a tort  pendant toute l’année, l’essentielle est que les guinéens puissent se retrouver pour trouver  la solution à ce problème. Personne n’a intérêt à ce que ce pays brule aujourd’hui. Le tissu social est tellement fragilisé que nous  devons prêter particulièrement attention à nos propos et à  la rhétorique.  La rhétorique est plus dangereuse que les armes de destruction massive.

 Merci Honorable Damaro !

 Je vous en prie, je vous remercie beaucoup.

 

 Interview réalisée par BAH Aissatou

Pour africaguinee.com

Tél : (+224) 655 31 11 14

 

Créé le 28 avril 2015 10:55

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