Damantang Albert Camara : « Nous sommes prêts à négocier avec Aboubacar Soumah, mais… » (Interview)

Damantang Albert Camara, Ministre Porte-Parole du Gouvernement guinéen

CONAKRY- Comment mettre fin à la crise qui secoue depuis quelques jours le système éducatif guinéen ? Le Gouvernement va t-il négocier avec le camp d’Aboubacar Soumah ? Le Ministre de l’emploi, Damantang Albert Camara, s’est confié ce mardi 13 février 2018 à notre rédaction. Le Ministre Porte-parole du Gouvernement guinéen revient ici sur les approches de solution pour mettre fin à ce bras de fer. Exclusif !!!

 

AFRICAGUINEE.COM : Une frange des syndicats de l’éducation a déclenché ce lundi 12 février 2018 une grève sur toute l’étendue du territoire nationale. Quel regard portez-vous sur cette nouvelle crise sociale ?

DAMANTANG ALBERT CAMARA : C’est encore dommage que l’on se passe des textes et des principes que nous nous sommes imposés nous-même. Cette frange dissidente du SLECG (Syndicat libre des enseignants chercheurs de Guinée, Ndlr) a commencé les négociations de la même manière que les autres depuis février 2016. Une bonne partie de ces points qui étaient inscrits dans cette plate-forme revendicative depuis 2016 ont été satisfaits et sont en cours d’exécution. Jusqu’au moment où je vous parle d’autres points sont en train d’être négociés. Dans l’intervalle, un certain nombre d’évènements ont fait que les acteurs ne sont plus dans le SLECG ou en tout cas ne participent plus aux négociations. Qu’à cela ne tienne, les négociations continuent et sur la base des demandes qui avaient été faites, des réponses ont été apportées. C’est difficile pour le Gouvernement de négocier sur plusieurs fronts à la fois et de revenir sur une négociation qui a déjà fait l’objet d’un accord.  Je prends un exemple très simple (…) ; sur la question de l’augmentation des salaires (…), les salaires ont été augmentés, peut-être pas de la même manière et au même rythme que le souhaite la faction dissidente du SLECG, mais le principe de l’augmentation a été arrêté et accepté, elle va commencer à la fin du mois de Février.

Si on doit revenir sur tout cela est-ce qu’à ce moment-là, on doit également revenir sur l’engagement des 5 565 contractuels fonctionnaires engagés et non pris en charge et dont l’engagement a été accepté à l’occasion de ces négociations ? Il faut annuler tout ça ? Parce que, lorsqu’on fait une augmentation, on prend en compte plusieurs paramètres. C’est par rapport à tous ces éléments qu’on s’est mis d’accord, et si on met un seul de ces éléments en cause, on remettrait tout le processus en cause. Je ne pense pas que ça soit ce que les dissidents du SLECG veulent. Par contre, on est apte à discuter avec eux dès l’instant qu’ils se seront mis d’accords avec leur syndicat (…), et ce n’est pas le cas aujourd’hui. Alors comprenez un peu, lorsqu’on dit qu’il faut forcement discuter avec ceux qui ne sont pas d’accord et faire comme si ceux avec lesquels vous avez discuté dont ils faisaient partie depuis 2016 n’ont absolument rien fait, et ne représentent absolument rien, eux aussi, ils vont nous montrer qu’ils représentent quelque chose. Cela, ne sera bon ni pour nous ni pour les parents d’élèves ou le reste de la population.

En quelque sorte, vous êtes dans un dilemme ?

Je suis d’accord avec vous que c’est un réel dilemme. Nous sommes en train de discuter avec les syndicalistes pour leur dire de nous aider à sortir de ce dilemme parce qu’après tout, le Gouvernement n’a pas de problème, il applique clairement ses engagements malgré le fait qu’il ait changé. Aujourd’hui c’est Mr Billy Nankouma qui est Ministre de la Fonction Publique, avant lui c’était Monsieur Sékou Kourouma. Il a entériné cette décision et il n’y a pas un membre du Gouvernement ou un des ministres qui dit ne pas être d’accord sur ce qui a été négocié. Encore moins le ministre du budget, nous sommes tous d’accord et tributaires de nos engagements. Le patronat c’est pareil. Le problème qu’on a, c’est au niveau du syndicat (…), c’est quand-même dommage puisque c’est un syndicat qui depuis 8 ans nous  a habitué à de la cohérence, à de la  constance, et même les instances internationales sont dérangées.

Vous ne pouvez pas dans le monde entier, poursuivre un syndicaliste, le mettre sous contrôle judiciaire, avoir tous les désagréments que nous avons eu avec Mr Soumah, sans qu’une instance syndicaliste internationale n’intervienne. A date, nous n’avons entendu personne, ni l’OIT (Organisation Internationale du Travail, Ndlr), ni le BIT (Bureau International du Travail, Ndlr), ni l’OUSA (Organisation de l’Unité Syndicale Africaine, Ndlr). Aucune de ces centrales n’est intervenue à la dissidence du SLECG. Moi-même j’en avais peur, parce que dès que vous touchez aux affaires syndicales vous êtes passibles de vous faire taper sur les doigts par une instance internationale. Nous souhaitons que les centrales syndicales, le SLECG et la FSPE définissent un réel interlocuteur et nous pensons que nous l’avons puisque, lorsque le SLECG a exclu Monsieur Soumah il n’a jamais réagi, il n’a pas fait de recours, c’est comme s’il acceptait son exclusion et qu’en même temps il veut qu’on négocie avec lui, il y a quand-même un gros problème à régler.

Mais il a quand-même organisé un congrès au terme duquel il a été élu comme nouveau Secrétaire Général du SLECG…

Il a organisé un congrès certes. Mais il y a des dates pour cela, des processus et un certain nombre de choses à faire. Je ne veux pas manquer de respect à ceux qui ont participé à ce congrès mais il semble que c’est un congrès qui se s’est tenu de manière très dilettante. Jusqu’à présent son SLECG à lui continue à contester sa légitimité avec le plus grand nombre de représentant dans le bureau exécutif du SLECG. Nous avons reçu leur statut avec le règlement intérieur et nous n’avons rien reçu en tant que tel de Mr Soumah pour le contester. Donc que lui-même nous aide. Peut-être de toute manière, demain il sera peut-être le président d’une centrale syndicale, et il ne faut pas que lui-même soit exposé au même problème et au même dilemme.

Donc, qu’ils se mettent d’accord et qu’on trouve un moyen pour avoir une cohérence avec les interlocuteurs du Gouvernement. Mais surtout qu’on respecte les accords que nous avons signés. Je répète, si un seul de ces éléments est t remis en cause, tout ce qui a été fait pour arriver à ces accords sera remis en cause.

Est-ce qu’il n’y a pas un déficit de communication à votre niveau ?

C’est possible, mais peut-être qu’on n’était pas suffisamment audible. Nous avons vu qu’il y a eu un déséquilibre dans la prise de parole au niveau des medias, c’est peut-être la faute du Gouvernement (…), je vous le concède. Mais nous voulions que les syndicats prennent leur responsabilité et qu’eux -mêmes aillent passer le message parce que leur crédibilité était en jeu dans cette affaire-là. Aujourd’hui je m’exprime, hier je l’avais fait, nous avons fait des interviews et des communiqués qui étaient très clairs. Peut-être qu’ils n’ont pas été explicitement expliqués, mais nous avons fait assez de choses dans ce sens.

Quelle approche de solution proposeriez-vous ?

Nous continuons nos consultations avec l’ensemble des syndicalistes pour leur dire que le Gouvernement a fait beaucoup de choses pour régler cette situation. Nous avons fait assez de concessions, vous en avez fait aussi mais la boucle n’est pas bouclée tant que vous n’êtes pas en cohésion par rapport à ce qui se passe. Faites un effort pour nous proposer une solution et un interlocuteur sans qu’il n’y ait des dissensions ou d’autres raisons de penser que vous n’êtes pas représentatif.

Êtes-vous prêts à négocier avec Aboubacar Soumah et ses camarades ?

Tout dépend de ce sur quoi on discute (…), Soumah est un citoyen comme les autres mais tout dépend surtout, du comment l’ensemble du mouvement syndical va prendre. Vous savez il y a douze centrales syndicales (…), au moment où je vous parle, il y a des centrales qui ont des revendications parfois même avec le Gouvernement. Nous discutons syndicat par syndicat (…), la dernière fois nous avons dit à une centrale que le règlement et la loi ne les permettaient pas de déposer des plates-formes revendicatives avec des avis de grève.

Nous sommes parvenus à un consensus pour dépasser l’étape que nous vivons aujourd’hui. Donc ce n’est pas un problème nouveau mais la différence avec Soumah Aboubacar, c’est que pour lui cela a été médiatisé et ça concerne des négociations qui impliquent le Gouvernement.  A certaines conditions le Gouvernement est prêt à discuter et de prendre en compte toutes les revendications qui se font dans un cadre légal de dialogue social et en respectant les lois et les textes qui existent en la matière.

Quel message avez-vous à adresser aux élèves, parents d’élèves et aux enseignants ?

C’est un message que nous adressons à l’ensemble des acteurs du système éducatif guinéen. Vous savez il y a eu assez de choses dans la journée d’hier (lundi 12 février 2018, Ndlr), des élèves qui ne sont pas allés suivre les cours parce qu’ils ont peur de se faire agresser par d’autres élèves, des enseignants qui ne savaient pas trop comment se situer, des parents d’élèves qui ont dit n’allez pas dans les salles parce qu’il y a des risques d’insécurité. Donc cette psychose qui est créée n’est pas bonne pour la suite de l’année scolaire. Le Gouvernement prendra toutes les dispositions pour permettre que cette année scolaire se termine dans de bonnes conditions, mais il faut que tout le monde joue le jeu. Nous avons appelé les syndicalistes et nous allons les rencontrer aujourd’hui (Mardi 13 février 2018, Ndlr) pour qu’eux-mêmes prennent leurs responsabilités afin que l’ensemble des cours se déroule normalement et que s’il y a revendication que cela se fasse dans un cadre cohérent qui respecte la loi.

Merci Monsieur le Ministre !

C’est à moi de vous dire merci pour cette interview !

 

Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 655 31 11 11

Créé le 14 février 2018 15:53

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