Crise agropastorale à Lola : un bouvier tué, des dizaines de bœufs blessés par balle

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LOLA – Les conflits entre éleveurs et agriculteurs continuent de faire des victimes à Lola, une préfecture à vocation agropastorale située dans le sud de la Guinée. Depuis le début de la semaine, des soulèvements populaires dans la sous-préfecture de Lainé ont conduit à l’assassinat d’un bouvier. Plusieurs bœufs ont également été blessés par balle et d’autres tués au cours de ces incidents, selon des sources locales. (Image d’archive).

D’après les informations recueillies, un bouvier connu sous le nom de Oumar a été tué par balle dans la soirée du mardi 27 mai 2025, précisément à Koma-Yeneta, un village relevant de la sous-préfecture de Lainé. Marié et père de trois enfants, la victime aurait été atteinte par balle alors qu’une offensive avait été lancée par des citoyens de plusieurs localités de la préfecture de Lola contre les troupeaux de bœufs.

Interrogé par notre correspondant basé dans la région, le sous-préfet de Lainé est revenu sur ces violences.

« Le bouvier tué était installé entre trois villages : Sinkolé et Koma-Yenéta. Vers 22 heures, un monsieur m’a appelé pour m’informer que des citoyens de Koma-Yeneta s’étaient rendus dans son parc pour interpeller les bouviers et les emmener au centre de Koma-Yeneta. Pendant cette opération, ils ont commencé à tirer sur les bœufs. Le mouvement s’est alors étendu, et le matin, une autre personne m’a contacté pour me signaler la disparition de son bouvier depuis la nuit. C’est au matin, après de nombreuses recherches, qu’ils ont retrouvé le corps. Il avait été tué par balle, probablement avec un fusil de calibre 12. Les autorités judiciaires sont venues sur place, accompagnées d’agents de santé, pour effectuer les constats. Actuellement, les responsables des trois villages sont avec le commissaire pour les besoins de l’enquête », confie Adjudant-chef Kandé Moussa, sous-préfet de Lainé.

Plus de 30 bœufs blessés et 3 autres tués, selon l’autorité administrative de Lainé

Au total, plus de 30 bœufs ont été atteints par balle au cours de ces incidents, et trois autres ont été tués, a indiqué l’autorité administrative de Lainé.

« Pendant que le service de constat se rendait sur place, les bœufs, pris de panique, se sont enfuis. Malgré cela, les agents ont pu prendre des photos de certains animaux atteints par balle. Ils ont également identifié trois endroits où des bœufs ont été abattus, puis leur viande découpée et emportée. Les bouviers m’ont rapporté qu’environ une trentaine de bœufs ont été touchés par des tirs », a ajouté le sous-préfet.

Les citoyens des localités concernées s’appuieraient, selon certaines sources, sur les décrets interdisant la transhumance transfrontalière et la présence de zébus dans certaines zones pour exiger le départ des éleveurs et de leurs troupeaux. Ce vendredi 30 mai 2025, les bœufs appartenant à un autre bouvier ont été attaqués par des citoyens, apprend-on.

« C’est la population elle-même qui est allée en brousse pour faire sortir les bœufs d’El Hadj Abdourahamane Sidibé et les amener ici, en ville, à Lainé. Je ne sais pas où ils comptent les emmener. Ils ont tenu une réunion aujourd’hui et ont annoncé que ce vendredi et samedi, ils feront sortir tous les bœufs de la zone. Ils affirment que l’État a ordonné le départ des troupeaux et que le délai imparti est dépassé. Désormais, ils disent qu’aucun éleveur ne restera à Lainé. Pour l’instant, tout ce que je peux faire, c’est informer ma hiérarchie afin de voir quelles dispositions prendre », a déclaré l’Adjudant-chef Kandé Moussa, sous-préfet de Lainé.

Interrogé sur la situation, l’un des responsables des éleveurs de Lola affirme que le mouvement de contestation s’est intensifié jusqu’à Guéasso, une autre sous-préfecture de la préfecture de Lola. Selon lui, même si la transhumance est officiellement suspendue depuis près de trois ans, certains individus continuent de faire entrer clandestinement des troupeaux sur le territoire.

« Même en ce moment, dans la commune de Guéasso, il y a un soulèvement populaire. Quatre districts sont actuellement dans la brousse, à la poursuite des bœufs. Aujourd’hui, rien ne va. À Lainé aussi, c’est la même chose. Nous-mêmes, nous cherchons à sauver nos têtes, car les animaux ne sont plus sous contrôle. Ils sont dispersés dans la brousse.

Il y a quelque temps, un décret a demandé aux éleveurs transhumants de rentrer chez eux, car la transhumance est terminée. Depuis 2023, la transhumance transfrontalière est suspendue. Moi-même, ici à Lola, j’ai dit qu’on n’avait pas assez de place et nous avons refusé l’arrivée de ces troupeaux. Mais certains individus continuent d’introduire des bœufs de manière clandestine. Nous avons saisi le directeur de l’élevage et celui de l’agriculture — puisqu’ils viennent d’arriver — pour qu’ensemble, nous travaillions à identifier ceux qui introduisent illégalement des bêtes », a déclaré Alhassane Diallo, vice-président de l’Union des éleveurs de Lola.

 

A suivre !

SAKOUVOGUI Paul Foromo

Correspondant Régional d’Africaguinee.com

En Guinée Forestière.

Tél. (00224) 628 80 17 43 

 

Créé le 30 mai 2025 17:32

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