Covid-19 : vague de licenciements parmi le personnel médical à Donka…
CONAKRY-Alors que l'épidémie de Coronavirus est toujours présente en Guinée, avec des nouveaux cas positifs enregistrés chaque jour, plusieurs membres du personnel médical travaillant au centre de traitement de l’hôpital Donka viennent d'être licenciés.
Selon nos informations, ce sont plus de 30 hygiénistes qui viennent d'être remerciés par l’ONG ALIMA (The Alliance for International Medical Action) qui gère le CTE de Donka. Même des médecins seraient concernés par ce licenciement, nous rapporte une source proche du dossier. En colère, un hygiéniste que nous avons interrogé reproche à l’ONG ALIMA de l’avoir licencié de manière abusive alors que son contrat court jusqu'en septembre. Il exige aussi le payement des primes promis par le Président Alpha Condé, qui s'évalueraient à 5millions de francs guinéens.
« C’est hier qu’on m’a appelé pour me dire que les activités ont beaucoup baissé à Donka. Donc le projet ALIMA veut diminuer le personnel. ALIMA m’a dit que je ne pourrais plus travailler là-bas. Ils m’ont donné un document m'annonçant qu’ils vont me payer pour ma fin de contrat, mes indemnités, mon salaire… ensuite me délivrer un certificat de travail conformément à la loi. Comme je ne suis pas le seul j’ai signé et remis le papier. Ils ont commencé hier par les hygiénistes. Mon contrat devrait finir le mois de septembre, mais on nous licencie comme ça. Donc, avant de partir nous réclamons aussi les 5 millions de francs guinéens de primes pour chaque travailleur, comme nous l'avait promis le Président. Ce qui se passe là-bas ce n’est vraiment pas facile. Nous sommes dans une situation de crise et nous avons travaillé pendant plusieurs mois », a dénoncé cet hygiéniste qui se retrouve sans emploi.
‘’ Il ne s’agit pas de licenciement…’’
Interrogé, le Chef de mission de l’ONG ALIMA, Dr Billy Sivahera a rejeté ces accusations. Il évoque une nécessité de rationalisation des ressources concernant le personnel médical suite à la réduction drastique du nombre de patients du COVID au Centre de Donka.
« Il ne s’agit pas d'un licenciement, mais de rationalisation des ressources, y compris les ressources humaines. Le personnel a été recruté dans un contexte d’urgence en lien avec le nombre de cas qu’on recevait il y a trois mois ou quatre mois. Depuis 6 à 8 semaines on remarque la réduction du nombre de cas. On a plus de personnel que de patients. On ne peut pas les garder comme ça. Aujourd’hui, sur Donka, il y a presque 800 staffs alors qu’en moyenne on a autour de 200 à 250 malades par jour. Imaginez que chaque patient à une ration de 3 agents de santé autour de lui, ça s’appelle du gaspillage. En d’autres termes, on rationnalise les ressources (…). On essaye de réduire les staffs avec une marge environs de 10 à 20% pour répondre aux besoins. Mais on maintient les contacts avec eux, s’il y a des urgences on les rappelle encore. Ou bien, ce même personnel on essaye de les réorienter sur d’autres thématiques en lien avec la COVID", explique Dr Billy Sivahera.
Le Chef de mission d'ALIMA dit comprendre la "détresse" de ceux qui sont remerciés, mais il prévient que son ONG ne peut pas garder des médecins qui n'ont pas de malades à soigner.
"C’est normal, c’est un problème pour les travailleurs. Peut-être demain, ils n’auront pas de boulot mais on ne va pas garder des médecins qui n’ont pas de malades à soigner. Ils ont des contrats à termes imprécis et c’est la loi guinéenne qui le dit. Nous, on respecte la loi, ces types de contrats sont adaptées à des contextes d’urgence (…) Il y a des évaluations de staff qui sont faites et on essaye de garder les plus performants comme l’exige la loi. Ce sont des évaluations objectives qui sont faites et ce sont les critères de compétences qui comptent. Ceux qui disent qu'ils ont des contrats jusqu’en septembre ce n’est pas vrai, c’est des histoires », a répliqué Dr Billy Sivahera.
Bah Aïssatou
Pour Africaguinee.com
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Créé le 6 août 2020 15:38