Construction de la route Labé-Mali : vers le démarrage des grands travaux… « constats »

MALI-Où en est-on dans le projet construction de la route Labé-Mali dont les travaux ont été lancés en juillet dernier ? Qu’est-ce qui a été fait à date et qu’est-ce qui reste à faire ? Africaguinee.com a enquêté.

Sur le terrain, l’authentification des personnes identifiées en vue de leur indemnisation est en cours. Parallèlement, les entreprises sélectionnées sont en train de terminer l’installation de leur base vie. Çà et là, tout au long de l’axe, on voit des engins de térrassement, des camions bennes.

China Road Bridge and Corporation (CRBC), China Civil Engineering Construction Corporation et Henan Chine, toutes chinoises, sont retenues pour exécuter les travaux. Les 107 km à bitumer sont partagés en 3 lots entre les 3 sociétés à part égale. Lot 1 Labé-Saarekaly, Lot 2 Saarekaly-Yembering et Lot 3 Yembering-Mali centre.

Initialement, ce projet routier qui ne concernait que le tronçon Labé-Mali, a été étendu à Kédougou. Il est financé par la Banque Islamique de Développement et de l’Etat guinéen à hauteur de 180 millions (soit 1600 milliards de francs guinéens) dont 200 milliards Gnf destinés à l’indemnisation des familles impactées et le déplacement des réseaux. Le délai contractuel est de 30 mois. Selon une source proche des bailleurs de fonds, parallèlement aux préparatifs sur le terrain, le matériel pour les travaux publics est en cours d’acheminement en provenance de Conakry. D’autres sont déjà sur place, explique notre source.

L’habitation de M. Bah Mamadou Cherif, ressortissant de Mali à Conakry va être touchée par les travaux. Une bonne partie de sa concession à Fougou centre sera démolie. Il est déjà recensé par les techniciens pour un éventuel dédommagement. Mais ce qui l’intéresse le plus, c’est la réalisation de la route :

« A un moment, les agents des Travaux publics étaient venus à Fougou à ma présence. Ils ont délimité l’espace routier, 20 mètres de chaque côté. Ils ont marqué avec des codes et attribué un numéro à chaque habitation touchée comme chez moi ici. Ils ont pris nos contacts téléphoniques et d’autres adresses détaillées. Cette opération s’est déroulée avant la pose de la première pierre à Labé. Ces dernières semaines également, entre Labé et Sarekaly, nous avons vu une équipe de chinois faire une revue avec des appareils sur le premier travail fait. Ils sont sur la route vers Mali centre, mais ils ne sont pas arrivés à Fougou d’abord. Nous gardons l’espoir que tout ira bien, mais nous prions le bon Dieu qu’il guide les autorités du pays vers le chemin du développement.

Nous plaidons le général Mamadi Doumbouya et tout son gouvernement pour le démarrage des travaux au plus vite jusqu’à la réalisation finale. Vous êtes témoins de la souffrance que les gens endurent sur cette voie pendant les grandes pluies. La route s’est coupée ici pendant des semaines, tu ne pouvais ni aller à Mali centre encore moins vers Labé. Fougou-Labé c’est environ 95km, mais il faut des heures pour y arriver. La réalisation de cette route va libérer beaucoup d’agriculteurs de Mali qui perdent leurs récoltes qui pourrissent sur place. Nous plaidons également pour que le ministère des travaux publics enclenche le programme. Nos bâtiments touchés ne sont pas plus importants que la route, c’est le bitumage de la roue qui est prioritaire. L’important est que la route se réalise », confie Bah Mamadou Cherif, ressortissant de Fougou à Conakry.

Marchand de son état, Amadou Tidiane Bah, c’est son espace commercial, sa boulangerie y compris sa maison qui sont impactés dans la délimitation. Pour lui tout le monde à Mali place le projet de la route devant toute autre chose :

« Mes espaces se sont presque tous retrouvés sur le tracé du projet routier. Ma boulangerie, ma boutique, mon café et une partie de ma maison. Nous avons bien reçu la mission qui était venue marquer les bâtiments. Nous les avons guidés partout. Chaque bâtiment touché, ils mesurent la dimension, ils notent ; ils n’ont rien laissé, tout a été pris en compte. Les toilettes, les cuisines, même l’enclos de vos chèvres et moutons sont recensés et mesurés. Après ils mettent le nom du propriétaire et tous les détails. C’était une équipe qui parle bien aux familles concernées.

Personne n’a affiché une réticence tout le monde est unanime sur l’importance de la route. Chacun est rassuré qu’il y aura remboursement, donc raison de plus d’encourager les autorités à faire la route. De Labé à Mali, les gens sont très contents et prêts à accompagner. La route va nous faire des ouvertures plus que tout. Beaucoup d’entre nous rêvent de cette route pendant leur sommeil tellement que c’est une préoccupation légitime pour nous. Il y a des citoyens qui passent la nuit sur cette route de 120km à cause de son mauvais état. Faites-nous la route s’il-vous-plait, c’est mieux que tout ».

Alimoulaye Bah, septuagénaire, natif de Fougou et fonctionnaire à la retraite retient encore toutes les prières faites afin qu’un jour, la route Labé-Mali-Kédougou soit construite. Ce, depuis qu’il était écolier. L’arrivée de la saison sèche le fait penser au démarrage imminent des travaux.

« Ce n’est pas de la démagogie, cette route tant attendue depuis de longues années, nous voulons que les travaux démarrent. Nous avons eu un imam à Mali centre ici, du nom d’El hadj Amadou Souaré. A toute cérémonie, il demandait des prières afin que cette route se réalise, que ce soit à l’occasion d’un baptême, d’un mariage, même à un décès il a sollicité des prières pour la réalisation de la route de Mali. Je pense que le gouvernement actuel fait des actions d’envergure sur le terrain. J’ai eu l’espoir que cette route se fasse cette fois-ci. Chose à laquelle beaucoup n’ont toujours pas cru. Le matériel, les engins que je vois sur la route vers Tountouroun me rassurent. Des experts de travaux publics occupent des bâtiments à côté.

De ma vie d’écolier à maintenant, ça fait plus de 50 ans, nous voyons des gens venir faire des études ou des enquêtes sur cette route, pas une fois et pas deux fois. Nous avons vu des gens venir tracer, défricher un moment pour marquer la délimitation de la route. Des études socio-économiques, environnementales, tout a été fait. Ce qui reste c’est la réalisation de cette route. Les populations en ont tellement besoin, nous espérons que les attentes seront comblées. Nous comptons nous désaltérer en voyant cette route ».

Croisé sur le terrain, un technicien des travaux publics rassure du démarrage des travaux attendus très prochainement. « En fait, il y a beaucoup de facteurs qui se greffent au projet de route Labé-Mali plus tard Mali-Kédougou. Si le département a lancé les travaux en saison des pluies à travers la pose de la première, c’est parce qu’après le lancement il y a des réglages à faire avant le commencement des travaux proprement dits. Si on lançait en saison sèche on allait enregistrer beaucoup de mois de soleil perdus. L’autre information précieuse que je peux partager, avec les partenaires, ils financent les travaux routiers, mais ils ne prennent jamais la partie indemnisation des impactés (déplacement des lignes électriques, réseau hydraulique, ligne de fibre optique, dédommagement des populations impactées). Aucun partenaire ne finance cette phase, c’est le pays qui bénéficie du projet qui gère cette partie.

C’est pourquoi au lancement des travaux de construction de la route Labé-Mali, le ministre des Travaux Publics avait parlé de 200 milliards de francs qui serviront pour le dédommagement des victimes et de protection des réseaux à côté de la route prévue. A l’heure qu’il fait au moins les 160 milliards sont mobilisés. Le gap est en train d’être mobilisé pour indemniser et déplacer la ligne de fibre optique et penser aux familles touchées.

Heureusement, il n’y pas de réseau électrique au bord de la route qui pourrait être difficile à déplacer. C’est juste la fibre optique qui est au bord de la voie de Labé à Mali.  Comme c’est un travail récent, l’entreprise peut le faire sans assez de difficultés. Ce sont ces réglages qui sont en cours. Le travail ne va pas tarder. Nous sommes déjà en saison sèche, c’est le moment propice pour faire les travaux publics. Nous travaillons sous le soleil, même les contrats des missions de contrôle sont signés.

Tout contrat de travaux publics interdit le démarrage de tout travail sans l’indemnisation des victimes. La commission nationale d’indemnisation est déjà passée pour identifier chacun, elle doit repasser voir si personne n’a été omis, ensuite suivra la phase de décaissement. Les familles victimes ne sont pas si nombreuses sur la voie », explique un technicien des travaux publics bien imprégné du projet de bitumage Labé-Mali long de 107Km.

Contacté par Africaguinee.com, une source proche des partenaires financiers confie que du matériel pour les travaux publics est en cours d’acheminement vers Conakry, d’autres sont déjà arrivés. Sans donner de date, la source indique que les travaux débuteront bientôt, sous la coupole du ministère des travaux publics en contrat avec les entreprises chargées de l’exécution.

Déjà sur le long de tous les trajets Labé-Mali, les populations veillent au grain. L’arrivée de toute mission sur le trajet est bien accueillie par les villages traversés. Il suffit de marquer une pause, des citoyens demandent si vous êtes là dans le cadre du projet routier. D’autres même apprêtent des maisons pour loger gratuitement les équipes en cas de besoin. Ceci traduit la soif de voir cette route se réaliser.

Alpha Ousmane Bah

Pour Africaguinee.com

Tel. (+224) 664 93 45 45

Créé le 13 novembre 2024 11:33

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