Conakry : la grosse colère des occupants de la « cité fonctionnaire » contre le Gouvernement…

CONAKRY-Les occupants de la "Cité Fonctionnaire" sise à Domino dans la commune de Matam, sont en colère contre le Gouvernement ! Et pour cause : Ils sont menacés de déguerpissement par le département de la ville et de l’aménagement du territoire, alors que la saison pluvieuse pointe à l’horizon. Un préavis leur a été adressé à cet effet. Un délai d’une semaine a été donné aux occupants de libérer les lieux, sinon ils seront délogés de force. Cette mesure met en colère les habitants de la cité. Ils ont fait une descente en début de semaine au niveau du Patrimoine Bâti publique pour demander des explications.
Elhadj Capitaine Tiani Soumah, ancien combattant de l’armée française, habite ce lieu depuis 1971. Il ne cache pas sa colère mêlée de révolte. « Pourquoi ce déguerpissement ? Nous relevons du patrimoine bâti. Tous ceux qui sont là paient (…) au moment où j’occupais ici, j’étais margis-chef gendarme (…) », hurle le vieil homme que nous avons rencontré.
Nous ne sommes pas des peaux de banane qu’il faut jeter dehors
La cité fonctionnaire située au quartier Domino à Coléah est habitée principalement par des fonctionnaires à la retraite avec leur famille. Il y aurait 75 familles. Parmi eux (les occupants, ndlr), il y a certains qui ont acquis leur concession, d’autres continuent de payer le loyer au patrimoine bâti public. Le préavis de déguerpissement est tombé comme un couperet sur eux. Mais ce qui les choque surtout, c’est la manière dont l’annonce teintée de menaces leur a été adressée.
« L’huissier s’est permis de dire qu’en cas de réticence, l’Etat se réserve de prendre des dispositions pour nous jeter dehors suivi de poursuites judiciaires. Mais pourquoi ? Nous ne sommes pas des criminels. Il y a des gens qui habitent ici il y a plus de 40 ans, d’autres 50 ans. Moi je suis là depuis le 04 juillet 1971, mon bâtiment est là. Nous sommes des doyens d’ici, on ne peut pas nous influencer. Nous demandons à l’autorité de prendre des dispositions. Nous ne sommes pas des peaux de banane qu’il faut jeter dehors. Nous sommes des pères de familles. Parmi nos enfants qui sont nés ici, certains sont devenus des commandants, des colonels, d’autres de hauts cadres », martèle l’ancien combattant qualifiant de barbarisme les menaces de déguerpissement.
C’est du barbarisme…
« Nous déplorons cet acte. C’est du barbarisme suivi de l’inconscience. Nous sommes des guinéens tout court. Un délai d’une semaine pour faire déguerpir des gens ? Pourquoi ? Dans quel sens ? Même ton propre locataire que tu veux déloger, tu lui donne un préavis (…) », enchaine-t-il d’un ton plein de colère.
Ce jeudi 15 février 2018, une équipe venue de la Direction Général du Patrimoine Bâti Public est arrivée sur les lieux avec pour mission de procéder au recensement physique des bâtiments et des occupants. Abordée sur place, elle n’a pas souhaité faire de commentaires. Certains occupants circonspects s’interrogent sur les mobiles de ce recensement, mais se ravisent cependant à accepter l’opération. Toutefois, ils préviennent qu’il est hors de question de quitter les lieux.
On ne sortira pas d’ici…
« Nos parents sont là, nous sommes nés ici, nous avons grandi ici, étudié ici. Nos papa ont servi la République, s’il faut nous sortir ici, il y a une manière, il y a des préalables. Nous leur avons dit qu’on ne sortira pas des lieux parce qu’on ne relève pas du ministère de la ville et de l’aménagement du territoire, on relève de la Présidence de la République à travers le patrimoine bâti public. C’est notre interlocuteur », lance un habitant de la cité, les nerfs surchauffés.
Mohamed Kamissoko explique que l’actuel ministre de la fonction publique, Bily Nankouma est né dans cette cité, sa famille s’y trouve encore. Abdoul Salam Sow, l’ancien international guinéen et l’actuel ministre porte-parole du gouvernement Damantang Albert Camara et bien d’autres cadres habitent dans cette cité.
Que Ibrahima Kourouma arrête ! On n’en a marre…
M. Kamissoko en veut surtout au ministre de la ville. « le ministre Ibrahima Kourouma doit savoir que nous habitons cette cité avant même qu’il ne soit né. Ce n’est pas maintenant qu’il va nous faire quitter. Qu’il arrête ! On en a marre. Il n’est pas plus guinéen que nous. Certes il a une parcelle de pouvoir, mais cela ne lui donne pas le droit de faire sortir un guinéen au profit d’un étranger », a-t-il averti.
Le quadragénaire souligne que les occupants de la cité se sont mobilisés pour aller voir le patrimoine bâti public pour comprendre les mobiles de ce déguerpissement. Sur les lieux, a-t-il dit, les cadres du PBP leur ont fait comprendre qu’ils ne sont pas derrière cet ordre de déguerpissement. Chose curieuse : Puisque ce jeudi une équipe venue de la Direction Général du Patrimoine Bâti Public est arrivée sur les lieux avec pour mission de procéder au recensement physique des bâtiments et des occupants. « On ne comprend pas le mobile de ce recensement. Pourquoi c’est maintenant qu’ils le font ? », s’interroge un occupant.
Dossier à suivre…
Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 655 311 112
Créé le 15 février 2018 18:11Nous vous proposons aussi
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