Conakry : Comment Alpha Condé a « étouffé » la manifestation appelée par Cellou?
CONAKRY-Le constat est évident ! La manifestation appelée ce mardi 3 novembre 2020 par Cellou Dalein Dalein Diallo et ses alliés pour la défense de sa "victoire", n'a pas connu l'éclat des "grand-jours" comme l'on a l'habitude de constater de par le passé, à Conakry. En revanche, la journée s'est transformée en "ville-morte". Aucun rassemblement n'a été enregistré dans la capitale jusqu'en début d'après-midi.
De la remarque de tous les observateurs avertis, la manifestation appelée par l'opposition a eu des impacts sur les activités économiques. La fermeture des boutiques et magasins, la fluidité de la circulation dans les principaux axes routiers de la capitale, sont autant d'éléments qui montrent la morosité de la ville. Ce mardi 3 novembre 2020, quelques rares taxis font même la navette entre Hamadallaye, Bambeto, Cosa, Sonfonia jusqu’à la Cimenterie alors que, de par le passé, ce trajet était impraticable, à cause des barricades et surtout des heurts entre manifestants et forces de l'ordre. Les quartiers de la haute banlieue réputés chauds n’ont pas bougé ce mardi. Comment Alpha Condé a-t-il pu "étouffer" la "déferlante" qui a pris d'assaut les rues de Conakry au lendemain du vote du 18 octobre ?
Il faut dire qu'en plus de la psychose, voire du traumatisme généré par les récentes violences postélectorales, le pouvoir d'Alpha Condé n'a pas lésiné sur les moyens pour étouffer toute velléité de contestation dans les rues de Conakry. Avec la réquisition de l'armée, le dispositif sécuritaire a été drastiquement renforcé notamment sur l'axe le Prince.
Des militaires mais aussi des policiers et gendarmes ont été déployés dès la nuit dans les zones réputées favorables à l’opposition, renforçant le dispositif qui était sur place. C'est notamment le cas sur l'autoroute le Prince qui longe les quartiers Hamdallaye, Koloma, Cosa, Enco5, Wanindara, Sonfonia, Cimenterie, Bailobaya, Kagbelen. Partout, le constat révèle un déploiement massif des forces de défense et de sécurité.
Au rond-point de Cosa par exemple, on dénombre au moins 5 pickups, en plus des camions de la police et de la gendarmerie. Des bérets rouges du Bataillon autonome des troupes aéroportées (BATA), une unité d'élite de l'armée guinéenne, sont stationnés au rond-point Cosa. Le même constat est visible partout sur l'Axe où des véhicules des Forces de défense et de sécurité sont présents au niveau de chaque carrefour et même dans les quartiers. Nos correspondants à l’intérieur du pays nous ont dressé un constat similaire particulièrement à Labé et Mamou, des villes réputées être favorables à l'opposition.
Pour l’instant, aucun incident n’a été signalé contrairement aux jours qui ont précédé la suspension des manifestations qui avaient fait une trentaine de morts. Conakry et certaines villes de l'intérieur du pays étaient devenues un véritable champ de bataille. Si la militarisation de la capitale a peut-être contribué à dissuader mêmes les plus téméraires à sortir dans la rue aujourd'hui, il faut dire aussi que les récentes menaces du président Alpha Condé contre “les zones de non droit et les nids de bandits” qu’il a promis de “nettoyer” ont eu leurs effets.
A cela s'ajoute le traumatisme provoqué par la répression des manifestations qui ont suivi l'auto-proclamation de Cellou Dalein Diallo comme vainqueur du scrutin. Toutes ces blessures sont encore très présentes dans les esprits. S'il faut se réjouir qu'on ne parle peut-être pas de morts d'homme (on l'espère) à la fin de cette journée de manifestation, une inconnue demeure : jusqu'à quand ce sentiment de résignation va-t-il durer ? Est-ce le calme avant la tempête ? Rien n'est moins sûr ! Car le climat de défiance est tel qu'aujourd'hui il est difficile d'imaginer que l'épisode de la crise postélectorale soit définitivement clos.
Focus Africaguinee.com
Créé le 3 novembre 2020 16:48
Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Cellou Dalein, Manifestation, Politique