Cellou, FNDC, rencontre avec Alpha : les confidences de Mamadou Sylla…

Elhadj Mamadou Sylla

CONAKRY-Après sa rencontre ce week-end avec le président Alpha Condé, Elhadj Mamadou Sylla, chef de file de l'opposition parlementaire a brisé le silence. Dans cette interview qu'il a accordée à Africaguinee.com, le leader de l'Union démocratique de Guinée (UDG) parle également de la candidature de Cellou Dalein Diallo à l'élection présidentielle. Ce n'est pas tout. L'opposant livre aussi sa lecture sur l'avenir du FNDC, le front anti troisième mandat. Pour sa participation à l'élection présidentielle du 18 octobre, l'homme d'affaires pose des conditions. Entretien exclusif.  

AFRICAGUINEE.COM : Ce week-end vous avez été reçu par le président Alpha Condé. Dites-nous de quoi avez-vous parlé ?

ELHADJ MAMADOU SYLLA : Oui j’ai été officiellement reçu dans son bureau en tant que chef de file de l'opposition. On a parlé de la situation sociopolitique. Et tant que chef de file, surtout quand ça ne va pas dans le pays, il faut qu'on se rencontre, qu'on se parle de ce qui se passe. Parce que chacun de nous est leader quelque part. En notre qualité de parlementaire, je dois aller échanger avec lui sur les problèmes qui assaillent les guinéens.

On a aussi parlé de ce qui s’est passé à Tanèné chez le Kountigui de la Basse Guinée, El Hadj Sékouna Soumah. On sait qu’il y avait les coordinations des quatre régions naturelles qui étaient représentées là. Je ne sais pas comment des gens ont pu aller là-bas leur jeter des gaz dans son domicile. Dans nos échanges, le chef de l'Etat a dit dans ses explications, que ça ne s’est pas passé dans la cour de quelqu’un. Mais ce sont des enfants qui ont érigé des barricades et brulé des pneus sur la route nationale, les jeunes ont manifesté là-bas.  Maintenant, les forces de l’ordre sont venues pour les disperser. Donc, selon lui il ne s’agit pas de la cour d’Elhadj Sékhouna qui était visée.  

Depuis 5 mois je ne m’étais jamais vu avec lui. On a parcouru aussi d'autres sujets d'actualité. On a abordé le sujet relatif à l’élection présidentielle du 18 octobre, ensuite on a parlé de notre groupe parlementaire en tant que chef du groupe. L'échange a duré environ 1h 6 min.

Dans une récente interview que vous nous avez accordée, vous avez flétri le fait que votre statut de chef de file de l’opposition n'était pas reconnu avec tous les avantages qui vont avec. Est-ce qu’il en a été question lors de vos échanges ?

Pratiquement ça n’a pas été abordé dans les détails. Mais déjà, ma fonction de chef de file de l'opposition est reconnue, d’ailleurs il a dit que c’est la loi qui dit ça. Eux-mêmes le savent, avec 5 députés, ils savent depuis combien de temps je suis dans la politique. Mais bon, puisque c’est la première fois qu’on se voit depuis tout ce temps, je pense qu’après, les choses vont rentrer dans les normes.

Est-ce que vous avez parlé d’une possible alliance à l’élection du 18 octobre ?

J’ai parlé élection en lui demandant comment il voit les choses. Mais comme vous le savez, nous sommes de l’opposition. Comme je le dis souvent il faut qu’on conseille le chef de l’Etat, à tous les niveaux, que ça soit au niveau des institutions ou ailleurs, parce que c’est lui le président, et c’est le peuple qui l’a élu. Par rapport à ça, nous aussi c’est le peuple qui nous a élus en tant que député à l’Assemblée Nationale. Nous tous, on travaille pour ce peuple-là, et à un moment donné, il faudrait qu’on s’entende pour voir comment on gère le pays.

De ce fait, il faudrait que bien sûr, le chef de file de l’opposition que je suis se rencontre avec le président pour essayer d’étudier et travailler pour l’apaisement dans le pays et répondre au bien-être de la population. Il ne faut pas s’éloigner, que l’opposition soit de l’autre côté. Si vous ne vous voyez pas, comment tu peux obtenir ce que tu veux ? Il faut forcément discuter avec celui qui a la richesse de ce pays et la force publique. On ne peut rien régler lorsque chacun reste à son côté.

Avez-vous discuté sur d’éventuelles alliances ?

Avec lui (Alpha Condé) ? Mais je crois que j’ai été clair, c’est difficile que l’opposition puisse faire alliance avec la mouvance. En politique est-ce que ça c’est possible ? Quand l’opposition et la mouvance s’associent, ça ce n’est plus l’opposition. Je soutiens quand-même le président de la république dans le cadre de la loi et pour l’intérêt public.

Vous avez été investi candidat à l'élection présidentielle par votre parti et d'autres. Quand comptez-vous déposer votre candidature ?

J’ai toujours dit que si je dois aller. Jusqu’à maintenant-là, je suis avec ces partis-là en réunion. On échange sur certains points liés à cette participation et par rapport à ma rencontre avec le président. Ensuite ils vont tirer les leçons sur ce qu’il faut. C’est possible qu’il y ait une surprise et que je ne parte pas. Mais moi je vais tenir ma parole parce que quand on dit qu’il n’y a pas ça et ça, il n'y a pas de crédibilité dans les préparatifs d’élections. On a parlé des problèmes du fichier qui fait couler beaucoup d’encre. Maintenant personne n’en parle. Tout le monde est en train de partir aveuglément sur le même fichier-là sans connaitre c’est quoi. Je me demande finalement pourquoi on s’est battu, pourquoi il y a eu autant des morts comme ça.

Donc des fois, il faut que quelqu’un puisse réfléchir sur la mémoire de ces victimes-là, ce n’est pas un jugement que je fais, mais c’est pour parler des conditions de ma participation. En plus, on n’a pas de visibilité avec la CENI (commission électorale nationale indépendante). Mais qu'on parte ou pas, ça sera devant tout le monde, parce que la clôture pour le dépôt des candidatures, c’est le mardi. Mais est-ce que la CENI va dire quelque chose demain ou d’ici mardi ? Est-ce qu'on va déposer pour sortir les résultats de l'audit après alors que c’est accepté partout ?  Je ne peux pas déposer sans savoir c’est quoi. Puisqu'en cas de problèmes après, je n’aurai que mes yeux pour pleurer. 

Mais on est en train de revoir tous les points. On a les deux choix : soit on part ou on ne part pas. La commission est train de travailler d’ici la fin du temps prévu. On va vous tenir au courant de ce qu’on va décider.

Souhaiteriez-vous un report de ces élections pour corriger tous ces manquements ?

Il faut être raisonnable. Quand tu rates la date de l’élection du 18, on rentre dans le glissement. Et quand c’est ça aussi, c’est plus grave. C’est bien calculé. Tu peux dire au président de repousser cette date, mais il glisse complètement dedans. C’est pourquoi je dis que pour le dépôt-là, si tu ne vois pas clair dans l’affaire, si tu pars, tu jetteras ton argent par la fenêtre. Si au finish tu n’as plus les moyens, les résultats qu'on donne, tu es obligé de les accepter. Donc c’est pourquoi il ne faut pas être surpris mardi qu’on déclare qu’on ne part pas. C'est pourquoi j’ai toujours conditionné ma candidature avec le "si". Si toutes les conditions de transparence ne sont pas réunies, je ne pars pas pour accompagner quelqu’un.

Selon vous quelle stratégie l’opposition doit-elle adopter pour battre Alpha Condé dans les urnes ?

Aujourd’hui le problème qu’on a et qui est très mauvais entre nous, les leaders de l’opposition dans leur globalité ne se parlent pas. Donc ça donne une victoire à l’autre. Si l’opposition ne se parle pas entre elle, ça ouvre un boulevard à l’autre, c’est-à-dire à la mouvance ou au président. Et c’est ce qui se passe là en ce moment.

Même s'il y a un 2ème tour, est-ce que certains accepteront de venir vers d’autres alors qu’ils ne se parlent pas ? C’est ce qui est grave pour cette opposition. Sinon on allait s’asseoir et discuter pour dire, chacun part et au deuxième tour on va faire comme ça. (…) chez nous il y a une cassure aujourd’hui. Il y a les gens du FNDC et finalement il n'y a plus de FNDC. L’UFDG met sa candidature. Finalement le FNDC va devenir quoi ? Dr Ousmane Kaba, Cellou Dalein est parti et Faya Millimono serait en route, finalement qui va rester au FNDC ?

Quel est votre avis sur la candidature de Cellou Dalein Diallo ?

Chacun est libre de faire ses choix. Mais moi je dis c’est pour aussi ces gens qui sont morts pour défendre la constitution, s’opposer contre le troisième mandat. Les gens ont défendu ça et il y a eu 200 morts au moins. Je pensais que la plus part de ces gens-là sont des militants de Cellou. Si c’est moi, il n’en était pas question d'aller à ces élections. Mais ce sont des guinéens qui sont morts, que ce soit mes militants ou des militants d’autres personnes, c’est le peuple de Guinée qui perd. Je suis élu du peuple et je dois le défendre. En partant à ces élections, c’est vilain quoi. Je ne vois pas ce qu’il va gagner dans ça.  C’est ma façon de voir.

Selon vous quel est l’avenir du FNDC ?

 Il ne faut pas se voiler la face. Nous tous, on était dans le FNDC, parce qu’on était tous réunis et on avait encore la force. Mais tout ce monde réuni, est-ce qu’on a eu gain de cause ? Sauf les tueries qu’on a enregistrées dans les rangs du FNDC. Je ne vois qu’un seul parti qu’est l’UFR. Le FNDC aujourd’hui devrait même changer de nom. Parce que la constitution est déjà validée et même ceux qui disent qu’ils ne la reconnaissent pas, partent avec elle aux élections. Quand tu déposes ta candidature, ça veut dire que tu la reconnais. Donc tous ces blessés et toutes ces tueries, ça n'a servi à rien. Puisque finalement on accepte tout ce qu'on proscrit hier.

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 112

 

Créé le 7 septembre 2020 14:18

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