Cellou Dalein se souvient des massacres du 28 septembre : « Ce jour là… » (Interview exclusive)

Cellou Dalein Diallo, leader de l'Union des Forces Démocratiques de Guinée

CONAKRY- Il était au stade du 28 septembre ce jour ! Cellou Dalein Diallo, le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée fait partie de ces leaders qui avaient appelé leurs militants à sortir manifester pour s’opposer à la candidature du Capitaine Dadis Camara, l’ex chef de la junte qui s’était emparé du pouvoir à la mort du Général Lansana Conté. Sept ans après, Cellou Dalein Diallo se souvient et parle des massacres du 28 septembre 2009. Exclusif !!!

 

AFRICAGUINEE.COM : Monsieur Cellou Dalein Diallo ce Mercredi 28 septembre 2016 marque le 7ème anniversaire des massacres du 28 septembre. Vous étiez au stade lors que la répression a commencé, quel souvenir gardez-vous de ce jour noir ?

CELLOU DALEIN DIALLO : C’est un triste souvenir. J’étais au stade, j’ai vu les militants des forces vives tomber sous les balles de nos soldats, de nos gendarmes et de nos policiers, venus réprimer cette manifestation pacifique. Avant moi-même d’être assommé de coups et de tomber dans le coma. J’ai vu des jeunes tomber sous les balles, j’ai vu cette violence inouïe s’abattre sur des compatriotes qui ne faisaient qu’exercer un droit consacré par la Constitution de notre République. C’est un très triste souvenir.

Après le stade, ils sont venus chez moi qui était à côté, piller et détruire tout, emporter tout jusqu’aux cravates, les coffres, les papiers et tout ce qui était là. Tout ce qui n’a pas pu être emporté avait été détruit. C’est un triste souvenir pour moi et je suis peiné de constater que jusqu’à présent, en dehors de ce que les Nations-Unies ont fait, pratiquement rien n’a été fait pour que les responsables de ces crimes puissent être identifiés et répondre de leurs actes. Je pense qu’il y a là, un manque de volonté politique d’aller de l’avant. Les pays voisins, en Côte d’Ivoire, au Mali où il y a eu des crimes, d’une ampleur moindre, il y a déjà eu un début de Justice. Alors qu’ici jusqu’ici, jusqu’à présent rien. C’est vraiment triste.

Quelle appréciation faites-vous de l’évolution de l’enquête depuis ces évènements ?

Je constate que certains présumés coupables, j’en conviens de la présomption d’innocence, continuent d’exercer de hautes fonctions dans l’appareil de l’Etat. Je constate qu’il y a eu des inculpés, mais personne n’a fait l’objet encore d’arrestation. Et je note encore que lors que le capitaine Dadis a décidé de revenir pour témoigner, répondre devant la justice, on l’a empêché de rentrer. Je ne connais qu’est-ce qui se fait dans les bureaux, mais ce que je vois concrètement, il n’y a pas de procès. Plusieurs échéances ont été données mais aucune n’a été respectée.

Un mot à l’endroit des victimes ?

Je suis moi-même une victime, mais mon cas préoccupe moins en tant que leader politique qui avait invité les militants de son parti à venir manifester. Je leur demande de garder courage. Chaque fois que j’ai eu la possibilité d’exprimer ma solidarité avec eux, je l’ai fait. Que ce soit au niveau des associations, que ce soit au niveau des familles des victimes. Je dois rappeler que des montants avaient été payés à certains leaders pour les biens détruits dans leur résidence. A titre personnel, je n’ai pas utilisé ce montant. Nombreux étaient les responsables et militants du parti qui avaient leurs véhicules et leurs motos garés chez moi. Tout avait été détruit. J’ai affecté une partie de ce fonds à ça. Ceux qui avaient des véhicules, chacun a reçu 30 millions de francs guinéens, ceux qui avaient des motos, chacun a reçu 5 millions. Le reste, j’ai mis à la disposition d’une ONG qui s’appelle FITIMA pour essayer d’aider les victimes.  L’ONG a identifié les plus nécessiteux parmi les victimes pour essayer de les assister dans leurs besoins quotidiens (santé, scolarité des enfants).

Je rappelle que je n’avais rien demandé sur ce montant. Je l’ai retrouvé sur mon compte. On m’a dit que c’est à titre de compensation des destructions matérielles qui ont eu lieu chez moi. Au départ je ne voulais pas prendre, mais après j’ai décidé de l’utiliser parce que j’étais assailli de demandes d’aide par les familles des victimes. Même si c’était une goutte d’eau dans la mer par rapport à leurs besoins. Mais je continue à les encourager, à discuter avec eux sur les petits problèmes ponctuels auxquels ils sont confrontés. Mais l’important c’est de faire en sorte qu’il n’y ait jamais plus ça. Et pour y arriver, il faut qu’on mette un terme à l’impunité.

A suivre…

 

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel. : 00224 655 31 11 12

Créé le 28 septembre 2016 15:17

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