Cellou Dalein Diallo tient tête au Ministre Kalil Condé : « L’UFDG est juridiquement fondée à organiser son congrès… »

CONAKRY – La scène politique guinéenne est le théâtre d’un nouveau bras de fer entre le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, et le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Ibrahima Kalil Condé. En réponse à une injonction ministérielle de suspendre le congrès extraordinaire de l’UFDG prévu pour le 6 juillet 2025, Cellou Dalein Diallo a riposté avec une lettre cinglante, dont nous vous proposons des extraits illustrant la position du parti.

Le président de l’UFDG ne mâche pas ses mots pour dénoncer ce qu’il perçoit comme une partialité flagrante dans la décision du ministre Ibrahima Kalil Condé. « Il ressort clairement de votre lettre que vous avez fondé vos injonctions exclusivement sur la version du Mouvement dit des « Réformateurs », sans solliciter ni prendre en compte notre version des faits. Ce procédé est contraire à l’exigence d’équité devant prévaloir dans l’exercice de votre fonction »

Cette accusation de partialité est renforcée par l’étonnement de l’UFDG face à la qualification d’irrégularités « présumées » par le ministre lui-même, tout en s’appuyant uniquement sur les dires d’un mouvement dont l’existence juridique est contestée. « Dès lors que votre propre lettre indique que ces irrégularités ne sont que « présumées », vous auriez dû normalement demander notre version des faits avant toute décision. Cette façon de faire n’est pas équitable et constitue un parti pris manifeste en faveur d’un mouvement qui n’a aucune existence juridique« , mentionne l’ex premier ministre.

L’UFDG insiste sur le caractère illégal des injonctions ministérielles. Cellou Dalein Diallo invoque la Charte des partis politiques et, de manière cruciale, une décision de justice récente.

« Votre injonction tendant à la suspension du congrès de l’UFDG méconnaît les prescriptions de l’article 32 de la Charte des partis politiques. En effet, aux termes de cet article, le Ministre chargé de l’Intérieur ne peut interdire ou faire cesser l’activité d’un parti politique que dans le seul cas où ladite activité génère un trouble à l’ordre public. Or, en l’espèce, il n’est établi ni allégué qu’à ce jour, l’organisation du congrès de l’UFDG ait engendré un quelconque trouble à l’ordre public« , rétorque l’hommme politique.

C’est surtout la “violation” d’un jugement du Tribunal de Première Instance de Dixinn qui met l’UFDG en colère. Le parti soutient que ce jugement, rendu le 23 mai 2025, autorise expressément la tenue du congrès et a acquis force de chose jugée sur ce point.

« En enjoignant l’UFDG de suspendre l’organisation de son congrès du 6 juillet 2025, vous avez violé le jugement n°235 du 23 mai 2025 rendu par le Tribunal de Première Instance de Dixinn qui autorise l’UFDG à poursuivre ses activités et à organiser son congrès. Ce jugement qui n’a fait l’objet que d’un appel partiel relatif à l’intégration de Monsieur Ousmane Gaoual DIALLO a acquis l’autorité de la chose jugée en ce qui concerne l’organisation du congrès« , indique l’ancien chef du Gouvernement guinéen.

Pour le président de l’UFDG, la démarche du ministre s’apparente à une tentative d’obtenir par la voie administrative ce qui ne peut plus être obtenu par la voie judiciaire. « Dans la procédure qui l’oppose à l’UFDG, Monsieur Ousmane Gaoual DIALLO ne peut plus obtenir la suspension du congrès de l’UFDG. C’est pourquoi, il a cherché à obtenir par la voie administrative ce qu’il ne peut plus obtenir par la voie judiciaire« .

Face aux allégations d’irrégularités dans la convocation du congrès, Cellou Dalein Diallo se défend en citant les propres statuts et règlements intérieurs de l’UFDG, affirmant avoir respecté scrupuleusement les procédures internes.

« L’article 16.8 impose une convocation deux mois avant le congrès et l’envoi des documents au moins un mois à l’avance. Le congrès extraordinaire a été initialement convoqué par la Direction nationale (l’organisme supérieur compétent) le 29 janvier 2025 pour les 19–20 avril 2025, conformément à l’article 16.9 des statuts. […] Une nouvelle convocation qui renouvelle la première a été envoyée le 28 mai 2025 par la Direction nationale (l’organisme supérieur compétent), après la levée de la suspension ordonnée par le jugement no235 du 23 mai 2025 rendu par le Tribunal de Première Instance de Dixinn. L’ordre du jour a été fixé conformément à l’article 17-4 du Règlement intérieur du parti. Aucune violation des Statuts ou du Règlement intérieur n’a été commise« , a-t-il écrit dans sa lettre-réponse consultée par Africaguinee.com.

Une Ingérence Inacceptable dans les Affaires Internes

Le dernier point de désaccord majeur porte sur l’injonction ministérielle d’engager un dialogue avec le « Mouvement des Réformateurs ». Pour l’UFDG, il s’agit d’une ingérence inacceptable dans l’autonomie et le fonctionnement interne d’un parti politique.

« En ordonnant à l’UFDG d’engager un dialogue inclusif avec toutes les sensibilités internes du parti, y compris le MR-UFDG, vous remettez en cause le principe de l’autonomie des partis politiques telle que celle-ci est garantie par les textes fondateurs (Charte, Statuts et Règlement intérieur), notamment dans leur organisation, leur fonctionnement et la gestion de leurs conflits internes. »

Cellou Dalein Diallo insiste sur le fait que les litiges internes doivent être réglés conformément aux textes du parti ou, en dernier recours, par l’autorité judiciaire.

« En aucun cas, le Ministre chargé des partis politiques qui n’a pas de pouvoir juridictionnel, au demeurant, ne peut trancher un litige entre membres ou imposer une décision à un parti, en l’espèce, la mise en place d’une commission paritaire avec un soidisant mouvement qui se fait appeler les « Réformateurs ». », écrit M. Diallo, maintenant que le MR-UFDG est un mouvement sans existence juridique et dont les membres ont rompu avec les valeurs du parti.

Cellou Dalein Diallo reste catégorique quant à la détermination de l’UFDG à tenir son congrès. Il invite le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisaiton à reconsidérer ses injonctions.

“Conformément aux Statuts et au Règlement intérieur du parti, la Direction nationale est, comme par le passé, disposée à examiner toutes les réclamations et demandes de retour dans les rangs du Parti formulées par des cadres ayant démissionné ou radiés du Parti dès lors que ceux-ci auront fait amende honorable. Compte tenu de ce qui précède, l’UFDG est juridiquement fondée à organiser son congrès. C’est pourquoi nous sommes convaincus que vous ne manquerez pas de revenir sur vos décisions et injonctions pour permettre à notre parti de tenir son congrès le 6 juillet, et à la justice, déjà saisie, de trancher les litiges opposant l’UFDG à ses anciens cadres”, a conclu le président de l’UFDG.

A suivre !

Africaguinee.com

Créé le 30 juin 2025 15:03

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