Cas des 15 milliards de la MAMRI, comptes en devises, sociétés de prête-nom : de nouvelles révélations après la condamnation de Kassory…

L'ancien Premier ministre guinéen, Ibrahima Kassory Fofana

CONAKRY- Me Dinah Sampil, avocat de l’ex-Premier ministre guinéen Ibrahima Kassory Fofana, a fermement contesté, ce vendredi 7 mars 2025, la condamnation de son client par la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Selon cet avocat, les trois infractions – détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux –, sur lesquelles la CRIEF s’est basée pour condamner Kassory Fofana sont non seulement erronées, mais également infondées.

Face à la presse, Me Dinah Sampil a affirmé que les preuves manquaient à cette juridiction anti-corruption pour soutenir ces accusations. Pour l’ancien bâtonnier, la condamnation de son client était ‘’injustifiée’’. Il a tenté de battre en brèches les arguments invoqués par la Crief pour entrer en condamnation contre son client.

Détournement de Deniers Publics

En ce qui concerne cette infraction, l’avocat parle plutôt d’une ‘’gestion exemplaire des fonds’’ par son client. L’accusation de détournement de 15 milliards de francs guinéens (GNF) alloués à la Mission d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes (MAMRI) est donc, selon Me Sampil, totalement infondée. L’avocat rappelle que la MAMRI, placée sous la tutelle du Premier ministre à sa création en 2019, a été initiée par Kassory Fofana, qui a supervisé l’allocation des fonds. Selon lui, à la fin de l’exercice 2020, il a été constaté un reliquat de 85,9 millions de GNF, un fait remarquable dans le cadre de la gestion des finances publiques en Guinée où, habituellement, l’intégralité des fonds est utilisée sans qu’il ne reste une quelconque somme.

« On dit que Kassory a détourné 15 milliards de francs guinéens de la régie d’avance qui était accordée à l’entité administrative appelée MAMRI. Cette entité à sa création a été placée sous la tutelle du Premier ministre. Je précise d’ailleurs que sa création procède d’une initiative de Ibrahima Kassory Fofana en tant que financier et un montant de 15 milliards gnf a été alloué pour son fonctionnement. Le premier fonctionnement a débuté du 31 janvier 2019 au 4 mars 2021.

A la fin de l’exercice, on a pu constater qu’un reliquat de 85,9 millions de francs guinéens a résulté de la gestion de cette entité administrative. Avec la précision que c’est l’une des rares fois, sinon l’unique fois, dans l’histoire de la gestion en République de Guinée, qu’un exercice soit clôturé avec un restant de ce montant. En général, en Guinée, toute la régie est consommée et en fin d’exercice, aucun franc ne reste dans la caisse.

Kassory a pu réaliser cet exploit unique pour restituer au trésor public le montant de 85,9 millions de francs guinéens. Cela découle aussi bien des rapports de l’Inspection Générale d’État, des états financiers de la MAMRI elle-même et de l’Inspection des Finances. Sans compter que les comptes de la MAMRI ont été examinés et approuvés par la Cour des Comptes de la République de Guinée.

Je pense que le magistrat, au lieu de s’amuser à faire des affirmations aussi infondées qu’injustes, aurait dû se rapprocher de ces institutions pour avoir meilleur renseignement sur ce qu’il devrait dire ou ce qu’il devrait faire. Le deuxième exercice, c’est presque à moitié qu’un décret est venu délocaliser la MAMRI de la primature pour la rattacher à la présidence de la République pour des raisons qui étaient personnelles aux chefs de l’État à l’époque, le Pr Alpha Condé. Donc, lors de la passation de services en application de ce décret, le rapport a constaté que dans le budget de 15 milliards alloués pour le deuxième exercice, 12 milliards au moins étaient encore en caisse dans le compte.

Mais avant cette passation, vous savez que notre pays avait fait face à la COVID-19 et comme tout pays, tout État responsable, il fallait riposter à cette pandémie qui avait attaqué les populations. C’est ainsi que 3 milliards sur les 15 milliards alloués avaient été alloués à l’ANIES, qui était la structure de réaction contre la COVID-19. Donc, là également, lorsque la directrice de cette institution, ANIES, a fait l’objet de poursuites par la même CRIEF, cette juridiction a constaté l’utilisation rationnelle, objective et exacte des 3 milliards dans la lutte contre la COVID-19.

Nulle part, aucun franc de ce montant de 15 milliards n’a été utilisé par Ibrahima Kassory Fofana personnellement. Ce qui veut dire donc que le détournement est simplement affirmé par la CRIEF mais elle n’est nullement démontrée par un quelconque acte juridique administratif qui soit. Nous souhaitons porter à la connaissance de l’opinion aussi nationale qu’internationale que Kassory n’a détourné aucun franc de l’État guinéen », a expliqué Me Dinah Sampil.

Enrichissement illicite

Pour ce qui est de cette autre infraction, Me Dinah Sampil a tenu à expliquer l’origine des fonds de son client, Dr Ibrahima Kassory Fofana et surtout leur traçabilité.

Me Sampil réfute cette allégation en expliquant que les comptes de Kassory ont été saisis dès son interpellation et sont restés inactifs depuis cette saisie. Les sommes évoquées, 900 000 euros et dollars ainsi que 1 milliard de francs guinéens, ont été accumulées avant son retour au gouvernement en 2015, grâce à son activité de consultant international. De plus, l’avocat souligne que ces fonds incluent également des contributions de militants dans le cadre de sa campagne présidentielle de 2020, ce qui est d’après lui documenté par les dates de versement.

« L’accusation porte sur les avoirs d’Ibrahima Kassory Fofana dans les comptes bancaires. Je précise que depuis son interpellation, une ordonnance de la justice avait saisi ses comptes qui n’ont plus fonctionné. Ces comptes n’ont enregistré aucun mouvement, aucune opération, ni de versement, ni de retrait, ni de virement ou de calcul des intérêts.

Alors, on dit que Kassory, ses comptes contiennent 900 000 en euros et en dollars et 1 milliard en francs guinéens. D’accord, cela c’est un constat, mais Kassory a bien expliqué, lorsqu’il a comparu devant la chambre de l’instruction, puisque la chambre de jugement statue sur les rapports élaborés par la chambre de l’instruction. Il est expliqué dans ce procès d’audition que lui, depuis qu’il a quitté le gouvernement au temps du président Lansana Conté, il était établi comme consultant international, loin des services de l’État.

En tant que tel, il gagnait de l’argent par son travail. Et que ces montants dont on parle, existaient bien dans ses comptes avant son rappel par le professeur Alpha Condé dans le gouvernement que ce dernier avait constitué. Les dates de versement en font foi, puisqu’aucune des dates n’est comprise dans l’intervalle de temps de son retour au gouvernement et de sa date d’interpellation, d’une part.

D’autre part, il a également indiqué qu’à sa nomination en qualité de premier ministre, il avait fait une déclaration de ses avoirs. Ensuite, il faut noter au passage, qu’il avait aussi précisé que les comptes en devise étaient essentiellement composés des contributions de ses militants, puisque chacun de nous le sait, Kassory avait l’ambition de briguer la magistrature suprême en 2020. Il avait son parti, il avait fait la campagne et il avait des militants, des sympathisants qui, en ces qualités, faisaient des contributions.

Cela est également prouvé par les dates de versement de ces sommes dans les comptes. Pourquoi la Cour n’a pas tenu compte de ces dates-là pour comprendre que ces montants-là existaient dans ces comptes avant que Kassory n’ait été nommé Premier ministre ? Donc, un franc d’enrichissement illicite n’est trouvable au compte de Ibrahima Kassory Fofana. Je mets quiconque au défi de donner un endroit où Kassory aurait pris un franc, de donner, d’exhiber un acte, que ce soit par un nombre de virements, par un chèque de retrait, par quelque moyen que ce soit de paiement, que Kassory a disposé des deniers publics à son profit. Cela n’existe pas. Je suis très affirmatif parce que je suis convaincu par le contenu de ce que je dis. Là également, la Cour est passée à côté en ne procédant que par affirmation ».

Blanchiment de capitaux

Quant à l’accusation de blanchiment de capitaux, Me Sampil réfute catégoriquement les allégations concernant les 15 milliards de francs guinéens. Selon lui, cette accusation est injustifiée. L’avocat rappelle que ces fonds n’ont jamais été détournés, et donc ne pouvaient pas être blanchis. Me Dinah Sampil critique également ce qu’il qualifie des ‘’fausses affirmations’’ relatives à des sociétés de prête-noms supposées servir à blanchir de l’argent, telles que Gomba Transit, Haïdako et Egico-SARL. Selon lui, ces accusations sont le fruit de rumeurs et de malentendus.

« Là encore, l’affirmation dans l’arrêt est totalement erronée puisque l’arrêt parle encore de 15 milliards dont l’inexistence vous a été expliquée dans la rubrique consacrée au détournement de deniers publics. Ce qu’on n’a pas pris, comment on peut blanchir ça ? Ce qui n’a jamais été détourné ne peut pas être blanchi.

Je pense que cette décision repose sur des amalgames. La condamnation prononcée contre Kassory est fallacieuse, elle est ridicule, elle est erronée, elle ne se justifie par rien du tout, ni un constat de manquement de somme d’argent, ni par l’établissement d’un quelconque acte qui aurait permis la réalisation de ces infractions.

Donc toute l’affirmation dans l’arrêt, prétendant que des sociétés de prête-nom, comme la Gomba Transit, comme la Haïdako, ou la société Egico-SARL, auraient servi de véhicules de blanchiment pour notre client, est également fausse. Kassory ne connaît pas ces sociétés.

La société Haïdako, personne ne sait où est son siège. La société Egico, le bâtiment flambant neuf que vous avez à côté de la Société Générale à Kaloum ici, c’est elle qui a réalisé ça. Son directeur général a été interpellé par commission rogatoire au niveau de la police judiciaire. Il est venu avec ses documents qui attestaient que c’est une société créée depuis 1986, il est sur le marché. Il souscrit à des appels d’offres qu’il remporte, il fait des réalisations, et que ses revenus sont sa propriété, qui n’ont rien à voir avec un certain Ibrahima Kassory Fofana.  Ses PV ont été transmis à la CRIEF », a-t-il étayé.

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 666 134 023

Créé le 8 mars 2025 07:05

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