Cas Damaro : la réplique « menaçante » des magistrats…

Mohamed Aly Thiam, président de l'association des magistrats et Damaro Camara

CONAKRY-Après avoir été débouté par le bureau de l’Assemblée Nationale sur sa demande de lever l’immunité parlementaire de l’honorable Amadou Damaro Camara, l’Association des magistrats de Guinée est sortie de son mutisme.

Le moins que l'on puisse dire, si les magistrats semblent avoir mis de côté leur menace d'aller en grève, il n'en demeure pas moins qu'ils sonne la fin des "ingérences" de certains investis du pouvoir d’Etat dans les "affaires judicaires".

Ceux qui se donnaient le luxe d’intervenir devant les juridictions, doivent désormais s’attendre à la pluie de flagrants délits qui s’abattra sur eux, car cette procédure sera déclenchée sitôt le seuil du bureau d’un magistrat franchi par eux et dans ce but. Il n’y aura pas, dans le cas de flagrant délit, conformément aux alinéas 2 et 3 de l’article 65 de la Constitution, de demande de levée de l’immunité parlementaire, avertissent les magistrats.

Nous vous proposons ci-dessous la déclaration-réponse de l’association des magistrats…

"Nous avons appris, ce jour 08 mai 2019, sans surprise, la décision de l’Assemblée nationale tendant à rejeter notre demande de levée de l’immunité de Monsieur AMADOU DAMARO CAMARA.

Nous en connaissions déjà les raisons et les ressorts, avant le vote, à travers certaines déclarations préalables immodérées.

L’ingérence juteuse dans les affaires judiciaires est un sport très populaire pour certains investis du pouvoir d’Etat. Sachant que chacun la pratique à cœur joie, Monsieur Damaro CAMARA n’est pas celui qu’on protège.

En refusant la demande des magistrats, on le sait, chacun se protège, parce que ce serait une dangereuse première, qui sonnerait le glas des interventions intempestives dans les procédures judiciaires.

Nous avons également suivi, par voie de presse, les propos d’une inconcevable indécence provenant de personnes, qui commentent la décision de l’institution parlementaire.

Ceux qui se donnaient le luxe d’intervenir devant les juridictions, doivent désormais s’attendre à la pluie de flagrants délits qui s’abattra sur eux, car cette procédure sera déclenchée sitôt le seuil du bureau d’un magistrat franchi par eux et dans ce but. Il n’y aura pas, dans le cas de flagrant délit, conformément aux alinéas 2 et 3 de l’article 65 de la Constitution, de demande de levée de l’immunité parlementaire.

Par ailleurs, nous constatons que certains, parmi ceux qui ont pour devoir constitutionnel d’assurer l’éducation civique du citoyen, ont le malin plaisir de s’abaisser à proférer, sans retenue, des discrédits et paroles infâmantes contre le pilier central de notre devise nationale.

Ils croient faire mal aux magistrats et oublient que c’est l’image de la nation qui est ternie. Un pays, dont la magistrature est décrite telle que le reflètent les malveillances déversées sur elle, sans raison gardée et sans aucune forme de pudicité, peut-il espérer attirer l’investissement direct étranger?

Croit-on faire mal aux seuls magistrats quand on donne la preuve que le plus solide pilier d’un Etat repose sur une fondation fragile ? Quand la vue ne peut porter plus loin que le bout du nez, le cheminement ne peut être que laborieux.

On ne se gêne pas, ni n’hésite de mettre en danger la sécurité des magistrats que l’on se refuse à organiser ou renforcer.

Pourtant, les efforts, la multiplicité et la sévérité des sanctions du Conseil supérieur de la Magistrature auraient dû être perçus et commentés comme des indicateurs de la volonté d’assainir la justice. Mais, bien sûr que la répugnance et la volonté de chaque entité de plier la justice et la mettre sous sa botte sont tellement  fortes, que l’on ne peut pas voir la poutre placée dans son propre œil, mais l’on discerne, de loin, la paille dans l’œil de la justice.

Ceux qui parlent de corruption et se délectent d’injures et infâmie contre les magistrats devraient se regarder à deux fois dans le miroir et bien regarder autour d’eux !

Combien de véhicules de services alloués aux juridictions ? Quatre Toyota landcruisers, dont deux (2) à la Cour suprême, un (1) pour chaque Cour d’Appel et les doubles cabines affectées aux Procureurs en 2014, auxquels il faut ajouter l’assistance du PARJU.

 Combien de bureaux décents dans les juridictions ? Nombre quasiment nul !

Quel effort de modernisation du fonctionnement et des infrastructures des Cours et tribunaux ? Le constat est peu élogieux !

Quels efforts pour la formation continue et la spécialisation des magistrats ?

Les efforts du Chef de Département, que nous saluons, sont paralysés par des restrictions budgétaires trop drastiques et par les mêmes commentaires insidieux.

Sur des milliers de dossiers traités par les Cours et Tribunaux par an, c’est pour quelques dizaines d’affaires, dans lesquels des véreux et verbeux se sont impliqués, que se font entendre d’assourdissants tintamarres !

Nous en tirons conséquences et bonnes leçons. Nous balaierons et l’intérieur de notre maison et la cour, mais au-delà, nous nettoierons notre devanture et n’oublierons de curer les caniveaux.

Les faiblesses et incuries dénoncées sont bien notées. Cette dénonciation et la malveillance des propos, des uns et des autres, ont un effet de réarmement moral, qui ne permettra plus la réédition des décisions du genre de celle récente du Tribunal de Kindia.

La peur, les intimidations, les injonctions, les ingérences, la manipulation et même les quelques cas ou formes de corruption auxquelles certains parmi nous ont pu céder, vont laisser la place à une détermination sans faille, à un renouveau de notre posture morale, nourrie d’une pugnace résistance à la violation de nos droits et prérogatives.

Cela, nous le ferons savoir après la tenue de notre très prochaine assemblée générale. Nous avons tout subi et encaissé, dans le silence et le renoncement, découlant de notre devoir de réserve. Cette attitude appartient désormais au passé. Nous le ferons sentir par une exemplaire rectitude dans l’accomplissement de nos missions et l’exercice de nos fonctions, sous la seule autorité de la loi.

Le nouvel avenir de la justice vient de se forger et la règle ‘’DURA LEX SED LEX’’ (la loi est dure mais c’est la loi), se fera sentir sans atermoiement et indifféremment, du moment que ‘’NUL N’EST AU-DESSUS DE LA LOI’’ et ‘’NUL N’EST CENSE IGNORER’’.

Aucun Magistrat ne donnera une interview, ne fera une déclaration avant cette très prochaine assemblée générale".

Conakry, 09 Mai 2019

Le Conseil d’Administration de l’AMG

Créé le 9 mai 2019 20:26

Nous vous proposons aussi

TAGS

étiquettes: ,

SONOCO

TOTALENERGIES

UNICEF

LONAGUI

cbg_gif_300x300

CBG

UBA

smb-2

Consortium SMB-Winning

Annonces

Recommandé pour vous

Annonces