Bouna Sylla : “À l’horizon 2030, la Guinée compte avoir 4 à 5 raffineries…”

CONAKRY-La transformation des ressources naturelles n’est plus une simple option, mais une impérieuse nécessité pour les nations riches en matières premières. En Guinée, premier producteur mondial de bauxite, cette aspiration résonne avec une urgence particulière.

Alors que 25% de la production mondiale d’aluminium, soit 78 millions de tonnes, dépend de la bauxite guinéenne, le contraste est saisissant : les toitures des maisons guinéennes sont faites de tôles importées, simplement ondulées sur place. « C’est inacceptable« , a affirmé ce lundi 30 juin 2025, le ministre guinéen des Mines et de la Géologie.

La vision du gouvernement guinéen est désormais claire et sans équivoque : la Guinée veut passer du statut de simple exportateur de bauxite à celui de producteur majeur d’aluminium.

“Le président de la République l’a martelé le 8 avril 2022 devant les entreprises minières : la construction de raffineries n’est pas une option, mais un engagement ferme”, a rappelé Bouna Sylla, expliquant que son département travaille sans relâche pour faire respecter ces engagements.

Il explique que les premiers fruits de cette détermination commencent à apparaître avec la société SPIC qui a déjà franchi le pas. Les travaux de construction de sa raffinerie ont débuté le 26 mars 2025, avec une fin prévue en décembre 2027.

“Une des sociétés, en l’occurrence SPIC, s’est engagée dans cette démarche et a démarré les travaux de construction de sa raffinerie le 26 mars 2025, pour une fin des travaux prévus en décembre 2027”, explique M. Sylla.

4 à 5 raffineries à l’horizon 2030

L’ambition guinéenne ne s’arrête pas là  précise-t-il.  « À l’horizon 2030, la Guinée compte avoir 4 à 5 raffineries de bonne taille pour passer de l’alumine à l’aluminium », a-t-il annoncé.

L’aluminium est aujourd’hui un métal « critique » à l’échelle mondiale, fait observer le ministre Sylla.

“L’aluminium aujourd’hui est un métal critique pour l’Union Européenne, pour tous les pays, à cause de son utilisation dans les véhicules électriques, mais également dans tout ce qui est solaire, photovoltaïque et autres. Au-delà de ça, avec la fin prévisionnelle des gisements de cuivre, l’aluminium constitue une seconde option en termes de sa qualité de conducteur d’énergie après le cuivre”, a-t-il indiqué.

Disparité des prix

Au-delà de son rôle central dans la construction des véhicules électriques, le photovoltaïque et bien d’autres secteurs d’avenir, le ministre guinéen des Mines pointe aussi la disparité des prix.  « Le prix de la bauxite est de 130 à 150 dollars, l’alumine est de 300 à 400 dollars et l’aluminium de 2500 dollars. Chacun peut voir la différence. »

Bouna Sylla prévient que le gouvernement guinéen est résolu à suivre « ce chemin de non-retour » pour les entreprises partenaires. Quant à celles qui n’honoreraient pas leurs engagements, la réponse est ferme : « nous appliquerons sans frémir les dispositions légales prévues en la matière« , a-t-il martelé.

Dès le 1er juillet, une nouvelle mesure entre en vigueur

“J’ai adressé une correspondance à l’ensemble des sociétés minières qui font de l’exportation des minéraux lourds, principalement de la bauxite, pour l’installation des ponts bascules à compter du 1er juillet demain. Et toute société qui ne se conformera pas aux questions de pesée de sortie de la bauxite verront leur exportation arrêtée”, a-t-il averti.

Nous y reviendrons !

Mamadou Yaya Bah

Pour Africaguinee.com