Boubacar Barry : « La zone de libre-échange est un atout pour la Guinée… »

Boubacar Barry, Ministre du Commerce

CONAKRY- Quels sont les avantages que la Guinée pourrait tirer de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine ? Engagée depuis le 21 mars 2018 à la suite d’un accord signé à Kigali, la Guinée compte bien jouer sa partition dans les échanges commerciaux intra-africains. Pour mieux comprendre ce processus qui vise entre autres à supprimer les barrières douanières entre les pays africains et favoriser les échanges commerciaux entre les pays du continent, nous avons rencontré le Ministre guinéen du commerce, Boubacar Barry. Avec lui, nous avons également parlé du rôle que son Département va jouer pour mieux préparer le secteur privé guinéen à cette initiative continentale. 

 

AFRICAGUINEE.COM : Depuis le 21 mars 2018 la Guinée est engagée dans le marché de Zone de Libre-Échange Continentale Africaine. Peut-on savoir comment évolue le processus pour le cas spécifique de la Guinée ?  

BOUBACAR BARRY :Tout le processus est issu de la volonté des chefs d’Etat de notre continent pour favoriser l’intégration économique. Un programme et des échéances ont été définis par les chefs d’Etat qui doivent concourir au mois du juillet 2019 à l’entrée en vigueur officielle du traité liant les pays africains par rapport à la zone du libre-échange continentale. Maintenant le dispositif a obéi à beaucoup d’étapes et des processus de négociation, d’harmonisation des textes, des cadres juridiques, puis que les principaux piliers de la zone du libre-échange continentale reposent sur les communautés économiques régionales à savoir la CEDEAO, la CEMAC. Donc cette première phase est terminée, le processus d’adhésion aux principes et aux ratifications par les Etats était en cours, il était dit dans les accords de base qu’au terme de la ratification de 22 Etats africains, le processus allait rentrer en vigueur, et je crois savoir que le mois dernier l’Ouganda qui est le 22èmepays à le ratifier a déposé ses instruments de mesure auprès de la commission de l’Union Africaine et nous attendons que le sommet des chefs d’Etat du continent devant se tenir au Niger pour que les Présidents de la République puissent prendre acte de ces ratifications et lancer officiellement la rentrée en vigueur la zone de libre-échange continentale.

Des experts de la Commission Économique pour l’Afrique étaient récemment à Conakry, vous les avez rencontrés, de quoi avait-il été question dans vos échanges ?  

Dans le cadre du processus, l’Union Africaine avait prévu d’accompagner les Etats à la vulgarisation du concept (…), définir les enjeux et les avantages que cela pourrait engendrer pour le continent et à ce titre nous avions introduit une requête auprès de l’Union Africaine pour qu’à travers la Commission Economique pour l’Afrique, qu’on puisse nous accompagner dans ce processus de vulgarisation. Cette requête a été acceptée, un budget de 100 mille dollar a été alloué pour ce travail de sensibilisation, une mission préparatoire de la CEA est venue en Guinée pour faire un peu le point de la situation institutionnelle du pays afin de pouvoir établir un programme pour pouvoir lancer ce processus de sensibilisation. Donc cette feuille de route nous a été transmise, nous allons la faire valider par le Gouvernement pour que le Gouvernement d’une part, les élus locaux, le conseil économique et social, toutes les structures institutionnelles du pays puissent bénéficier de cette campagne de sensibilisation ainsi que les acteurs qui sont les plus concernés, ceux du secteur privé, parce que la zone du libre-échange continentale concerne en premier lieu les acteurs du secteur privé. 

Le processus est très avancé, mais de l’avis des observateurs les acteurs concernés par la ZLECAF ne sont pas beaucoup informés. Qu’en dites-vous ?

Il y a une réelle nécessité de sensibilisation, c’est pourquoi l’Union Africaine accompagne pratiquement tous les pays pour essayer d’aider à une meilleure compréhension du projet, et aussi définir quels sont les objectifs et les enjeux majeurs que l’Afrique pourrait tirer de ces échanges commerciaux que nous souhaitons libres entre les différents pays. Aujourd’hui les pays africains s’industrialisent petit à petit, ce que nous voulons, c’est que le marché africain puisse d’abord être utile aux africains avant de pouvoir s’ouvrir dans le monde, et nous faisons beaucoup d’échanges avec l’Asie et l’Europe alors qu’il y a une panoplie de produits que l’Afrique transforme que nous pouvons vulgariser à travers le continent. Donc la zone de libre-échange continentale comme son nom l’indique va supprimer les barrières qui existent entre les différents pays, et que le marché africain puisse être un marché commun, c’est-à-dire qu’une unité industrielle qui produit en Zambie et qui est susceptible de pouvoir l’écouler en Guinée pourra le faire en toute liberté et en toute transparence conformément aux conditions des accords qui ont été signés. Je pense que cela est important compte tenu du potentiel agroindustriel que nous avons et des possibilités de développement et transformation du secteur agricole. Nous avons un pays riche en terme de potentiel agricole et en terme de ressources en eau, donc nous sommes en train de résoudre les problèmes liés aux sources d’énergie particulièrement l’électricité pour favoriser le développement des industries, donc nous pensons que la zone de libre-échange peut être un atout pour notre pays. Il est vrai que nous avons beaucoup de défaillances liées à la certification de la qualité de nos produits, vous savez que nous sommes de l’espace CEDEAO, une certaine harmonisation et un certain nombre de règles et de normes de qualité auxquelles nous sommes tenus  de respecter ; le grand défi pour nous c’est de pouvoir être en adéquation avec ces normes-là pour pouvoir être sur le marché parce que ce marché obéit à ces règles commerciales qui sont des règles indispensables à la sécurité des citoyens et à la mise sur nos marchés des produits de qualité. 

Beaucoup d’observateurs craignent que les opérateurs économiques guinéens ne soient pas suffisamment compétitifs tant la concurrence pourrait être rude. Que répondez-vous ? 

C’est relatif. Vous savez que les opérateurs sont dans des activités commerciales extrêmement danses dans la sous-région, et le socle de la zone de libre-échange c’est les communautés économiques. Moi je sais par exemple qu’il y a beaucoup d’opérateurs qui ont des activités commerciales dans la sous-région, il y a des unités industrielles qui produisent énormément en guinée et qui exportent vers les pays de la CEDEAO, donc peut-être c’est à petite échelle, le continent va être une plus grosse échelle et c’est à nous de relever les défis en terme de qualité, d’efficacité, de rentabilité, en terme de renforcement dans l’organisation pour que nous puissions occuper notre place sur le continent. 

Avez-vous des craintes que le marché guinéen soit inondé par des produits venus de tout le continent, notamment de la sous-région ouest-africaine ? 

Justement c’est ça le défi, le défi c’est de produire localement, transformer localement pour que nous puissions faire la différence par rapport à la qualité et par le fait que c’est des produits bio que nous avons, nous n’utilisons pratiquement pas d’engrais spécifiques pour développer nos produits agricoles et cela aussi compte sur la valorisation de nos exportations, et je pense que ce sont ces atouts qu’il faut mettre en avant et c’est un défi. Les autres sont en avance donc nous avons le devoir de nous battre pour arriver à leur niveau et pourquoi pas les dépasser.

Quel rôle pourrait jouer votre Département dans le cadre de l’accompagnement du secteur privé ? 

Accompagnement, vulgarisation des textes qui régissent l’organisation du marché commun de la CEDEAO, les enjeux liés à la ZLECAF, les défis à relever, l’accompagnement que l’administration pourrait apporter aux acteurs qui vont essayer de s’améliorer en développant les cultures d’exportation pour que nous puissions être présents sur le marché et entrer le label Guinée. 

Le dossier est déjà ratifié pour la Guinée. Les instruments de ratification ont été transmis et transmis à la commission de l’Union Africaine. Donc la Guinée dans la procédure juridique et administrative est à 100%.

 

Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou

Journaliste-Commission Économique pour l’Afrique 

Bureau sous régional de l’Afrique de l’ouest

Tél. : (+224) 655 31 11 11

Créé le 3 juin 2019 16:36

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