Bobo Denken: « Pourquoi la Plateforme de Timbi Madina a été retirée à la Fédération… »

Bobo Denken

CONAKRY- Qu’est-ce qui a motivé les autorités guinéennes de retirer la gestion des chambres froides de Timbi Madina dans les mains de la Fédération des Paysans du foutah Djallon  ? Alors que les interrogations mêlées d’inquiétudes fusent dans la capitale de la pomme de terre depuis l’annonce de cette nouvelle, le président de la chambre nationale de l’agriculture tente de rassurer. Elhdj Mamadou Bobo Diallo dit « Bobo Denken » que nous avons interrogé ce vendredi 12 juin 2020, a déclaré que ce changement n’aura aucun impact négatif chez les paysans. Explications !

AFRICAGUINEE.COM : A la surprise générale on vient d’apprendre qu’on a affecté la gestion des chambres froides de Timbi Madina à la chambre nationale de l’agriculture. Dites-nous qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

ELHADJ MAMADOU BOBO DIALLO dit « Bobo Denken » : Comprenez que la chambre nationale  de l’agriculture est l’interface entre l’Etat et le monde rural. Je rassure tous les producteurs de la Guinée que cette plateforme est à tout le monde. Que ça soit un sac de pomme de terre ou 1000 tonnes, c’est destiné à tout le monde y compris la fédération. Ces installations étaient financées par les bailleurs de fonds. C’est du crédit accordé au peuple de Guinée, ça doit être remboursé par les finances publiques. Donc, même celui qui a un seul sac de pomme de terre peut aller se présenter là-bas, non seulement pour cette année, la chambre s’engage à stocker pour lui gratuitement et pour les tous les autres producteurs à cause de la pandémie. C’est pour dire que ça n’impacte pas les employés de la plateforme. Rien ne changera chez les bénéficiaires sauf le comportement. Personne ne quittera ailleurs pour venir occuper un poste à Timbi.

Expliquez-nous le fonctionnement de la gestion entre l’Etat et ces fédérations qui gèrent directement les plateformes ?

L’Etat ne gère plus ces opérations de plateforme, l’Etat a négocié les projets pour construire. Comme on ne laisse pas à la population directement pour gérer, l’Etat avait cette une structure bien organisée. C’est ainsi que la gestion lui a été confiée par l’Etat. Mais jusqu’à date même un merci cette structure n’a pas dit à l’Etat ni payer un franc. Maintenant, il y a d’autres qui se plaignent comme quoi si vous ne vous fédérez pas, vous n’avez pas accès à la plateforme. C’est là que le rôle d’interface de la chambre d’agriculture doit se jouer entre l’Etat et le monde rural. Donc les groupements, la fédération ou de simples particuliers sont libres de venir pour avoir les services de cette plateforme. C’est comme ça. L’Etat n’a jamais géré, il confie à une structure. Les gens ne sont pas obligés d’être en groupe. Si vous êtes dans un groupement, vous apportez de l’argent ou des terres. Les terres individuelles sont les entreprises des familles qui les nourrissent. Mais si vous répartissez ces biens par jour ou par mois qu’est-ce que tu vas manger au jour le jour ?

Donc c’est pourquoi les gens ne se fédèrent pas. Parce que leurs terres c’est leurs entreprises. Vous seuls avec votre champ, vous pouvez rentrer à la maison chaque jour avec un tubercule à la maison, mais dans une association vous n’avez pas ce droit tous les jours. Ce qui justifie un peu le non engouement des gens à être dans les groupements. Donc que chacun soit rassuré de son côté, rien n’a changé. C’est une grande pluie pour les producteurs. Vous avez parlé de tonnerre, alors que les tonnerres annoncent toujours une pluie. Même le fait de dire qu’ils peuvent stocker gratuitement, c’est une bonne nouvelle. C’est ça la pluie après les tonnerres.

La passation a eu lieu à Pita alors que des bérets rouges étaient dépêchés à Timbi Madina notamment autour des installations. Il  y a  t-il une résistance sur le terrain ?

Ça c’est pour sécuriser les lieux du vol. Il faut savoir comment les choses sont organisées. C’est des biens de l’Etat. Les services de sécurité sont faits pour sécuriser. Même au niveau des usines des particuliers vous voyez des postes de gendarmerie ou de police. Donc, sécuriser un lieu est tout à fait  normal. A cela il faut ajouter que nous avons fait un inventaire. Nous avons tous suivi à travers les médias qui annoncent un stock de 5000 tonnes d’invendus sur place. A l’arrivée de ma mission, ce qui restait sur place était estimée à 1500 tonnes. Je leur ai dit de compter sac par sac et kilo par kilo. Au final il n’y avait que 524 tonnes au niveau des plateformes, les PV font foi.  C’est une bonne nouvelle pour moi s’il ne reste que 500 tonnes et plus. Les craintes étaient plus grandes que ça.

Il y a quand même eu une vaste chaine de solidarité pour sauver la filière depuis l’annonce qu’on a faite sur les risques qu’en courraient les producteurs…

Maintenant je vous dis, il parait que la campagne de la pomme de terre là-bas, c’est 2000 tonnes par an, comment peuvent-ils se retrouver avec 5000 tonnes cette année ? Alors que toutes les campagnes normales c’est 2000 tonnes dans la zone de Timbi. Et si c’est vendu comme vous le dites, c’est déjà bien. Même si c’est 5000 tonnes c’est bien, Dieu merci parce qu’on estime c’est déjà écouler, il ne reste que 500 tonnes et quelques sur places. Je suis tout heureux parce que nous étions partis avec les instructions du gouvernement pour faire l’inventaire des 5000 tonnes et les racheter. Et le chef de l’Etat avait instruit afin qu’on vienne aux secours des producteurs qui ont pris des avances avec des créanciers. Donc il était question de calculer toutes les avances et payer ceux qui ont prêté de l’argent à ces femmes paysannes. Mais les avances ne pourront jamais dépasser la valeur de la marchandise.  

Quelle était la préoccupation du président de la République en ce qui concerne la filière pomme de terre de Timbi-Madina ?

Sa préoccupation était d’éviter les méventes et les pourritures. Ensuite c’était pour libérer les paysans, le président avait l’information faisant état du blocage de la commercialisation alors que les producteurs ont reçu des avances. Donc ils sont inquiets, le président a donné des instructions dans ce sens pour sauver la filière, racheter les invendus et rembourser les productrices qui se sont endettées. L’autre préoccupation du président c’était de faire que la plateforme soit au bénéfice de tout le monde. Donc l’instruction était de récupérer  la gestion pour qu’elle soit au profit de tout le monde et non pour  les fédérés seulement. Mon bonheur est que les stocks annoncés sont peut-être vendus, donc ils peuvent régler les comptes entre eux. Je crois qu’ils ont posé les questions mais personne n’a dit qu’il avait des stocks ailleurs ou il doit tel montant à tel. Il parait que le stock disponible appartient à la fédération des paysans du Fouta Djallon et non aux ou à un producteur.  

Aujourd’hui la crainte des producteurs sur le terrain se situe au niveau de l’arrêt du circuit de production. Jusque-là la fédération prête tout à ces producteurs, semences, argent, engins roulants et rachète même avec eux la production. Pensez-vous que l’Etat ou votre département peut continuer à jouer ce rôle pour la survie de la filière ?

On l’a toujours fait même à la CNOPG (confédération nationale des organisations paysannes de Guinée) on prêtait de l’engrais. Disons que les affaires commerciales vont se régler à un terme, la chambre est faite pour ça, l’Etat nous appuie. C’est pour cela que l’Etat achète des intrants, des tracteurs pour mettre à la disposition du monde rural. Et pourquoi nous n’allons pas accompagner un producteur qui est sérieux dans ce qu’il fait, c’est des affaires commerciales internes. Donc on le fera.

Un dernier mot ?

Retenez qu’au niveau de la plateforme rien ne change sauf le décisionnaire. Aucun employé ne va bouger. Le seul changement, c’est le profit à tout le monde. Que ça soit en engrais et autres choses que la fédération leur donnait provenait de la chambre. Avant on donnait directement aux producteurs, c’est les deux dernières années que nous avons arrêté parce qu’ils avaient des dettes. Les documents sont là encore.  

Interview réalisée par Alpha Ousmane Bah

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 664 93 45 45

Créé le 12 juin 2020 19:06

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